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Algérie : les prévisions de production, d’importation et de consommation de céréales, selon l’USDA

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Le département américain de l’Agriculture (USDA) a publié début octobre ses prévisions pour la filière céréalière algérienne. Selon ce rapport, la superficie plantée en céréales et la production nationale devraient rester stables. Les importations de blé pour l’année 2023/2024 ont dépassé neuf millions de tonnes, et bien que l’USDA prévoit une légère baisse des importations en 2024/2025, celles-ci resteront élevées par rapport à la moyenne des cinq dernières années. L’augmentation des importations est attribuée à des récoltes nationales modestes et à une volonté d’accroître les stocks.

L’USDA estime que la superficie consacrée au blé en Algérie restera légèrement supérieure à deux millions d’hectares (ha) pour les campagnes 2023/24 et 2024/25. Pour l’orge, la superficie plantée est estimée à un million d’hectares pour les deux années. Ces chiffres seront confirmés par le ministère de l’Agriculture après la publication des résultats du recensement agricole réalisé entre juin et août 2024, selon la même source.

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Chorfa, a annoncé le 19 septembre 2024 que 3,069 millions d’hectares seront dédiés aux céréales cette année. Parmi ces terres, 1,6 million d’hectares (52% de la superificie) seront alloués au blé dur et un million d’hectares à l’orge (32,5% de la suprficie). Ensemble, ces deux céréales représenteront environ 85% de la superficie plantée. Les terres restantes seront utilisées pour le blé panifiable et l’avoine, en accord avec les estimations de l’USDA, qui souligne l’objectif du gouvernement algérien d’atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2025, ce qui permettrait de réduire les importations.

Lors d’une réunion avec des agriculteurs en juillet 2024, le ministre Chorfa a présenté des projets visant à étendre la culture des céréales dans le désert du Sahara. Plus d’un million d’hectares de terres agricoles devraient être aménagés d’ici 2028 dans les provinces du sud. Parmi ces terres, 500 000 hectares seront destinés au blé et à l’orge, 220 000 hectares au maïs et 20 000 hectares aux légumineuses. Ces initiatives visent à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire les importations.

Les principales céréales cultivées en Algérie resteront le blé dur et l’orge, tandis que le blé tendre et l’avoine continueront d’être des cultures secondaires. Le climat chaud de l’Algérie n’est pas favorable à la culture du blé tendre. Les rendements dépendent principalement des conditions météorologiques. Bien que l’irrigation pivot soit introduite dans certaines régions, la majorité des champs sont irrigués par la pluie, résume le département américain de l’agriculture.

Pour la campagne 2024/25, l’USDA prévoit une production de trois millions de tonnes métriques de blé et 1,2 million de tonnes métriques d’orge. Le ministère de l’Agriculture n’a pas encore publié ses propres estimations pour cette année. Le ministre Chorfa a indiqué que la production abondante de blé dur en 2024 a permis à l’Algérie d’économiser 1,2 milliard de dollars en importations de blé. L’USDA note une augmentation des importations totales de blé, en particulier de blé dur.

La récolte pour l’année 2024/25 est terminée. Dans les régions côtières et les hauts plateaux du nord, la récolte s’est déroulée de mai à août. L’USDA estime que la production dans les zones de l’est et du centre a été meilleure que la moyenne, grâce à des précipitations accrues de mars à juin 2024. Des agriculteurs ont également signalé des rendements satisfaisants. Cependant, les récoltes dans l’ouest ont été moins bonnes en raison de précipitations insuffisantes, comme le montrent les images satellites.

La récolte de la campagne dans les régions du sud de l’Algérie s’est achevée au début du mois de mai. Selon l’USDA, les agriculteurs des régions désertiques ont obtenu des rendements supérieurs à la moyenne, étant donné qu’ils doivent utiliser l’irrigation et ne dépendent pas de l’eau de pluie. Selon la même source, moins de 10 % de la production agricole de l’Algérie provient du sud. L’USDA estime que la superficie consacrée à la production agricole dans cette partie du pays augmente sur la base de la politique gouvernementale et des rapports provenants des agriculteurs.

Prévisions de consommation de blé en Algérie

L’Algérie se classe parmi les principaux consommateurs de blé en Afrique du Nord, note l’USDA, qui relève aussi que le pain fait partie intégrante de l’alimentation quotidienne des Algériens, tandis que le couscous, un plat traditionnel, est également consommé fréquemment, notamment le vendredi.

Le gouvernement algérien subventionne la production de pain, ce qui permet de maintenir le prix d’une baguette à environ 10 cents américains. Cela rend la consommation de blé et de pain relativement stable, même en période de crise économique, que ce soit en raison d’une croissance faible ou d’une inflation alimentaire. Cependant, une légère augmentation de la consommation de blé peut être observée lors des périodes de croissance économique. Le FMI prévoit que le PIB algérien augmentera de 3,8 % en 2024 et de 3,1 % en 2025.

L’USDA s’attend à ce que, dans des conditions normales, la consommation de blé en Algérie croisse à un rythme similaire à celui de la population, avec une augmentation d’environ 1,5 % par an. Toutefois, au cours des trois dernières années, le gouvernement a incité les consommateurs à réduire leur consommation de pain pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Pour la campagne de commercialisation 2023/24, l’USDA estime que la consommation de blé atteindra 11,2 millions de tonnes métriques et qu’elle augmentera légèrement à 11,35 millions de tonnes métriques pour la campagne 2024/25.

Face à l’augmentation des importations et des prévisions de consommation, l’USDA a revu à la hausse ses estimations des stocks de blé. Pour la campagne 2024/25, les stocks de blé en Algérie devraient atteindre 6,9 millions de tonnes métriques, contre 6,3 millions de tonnes métriques pour la campagne 2023/24 et 5,4 millions de tonnes métriques pour 2022/23. Ces stocks sont gérés tant par le gouvernement que par le secteur privé. L’USDA note que le gouvernement algérien a commencé à constituer des stocks de manière systématique après la pandémie de Covid-19 et en raison des perturbations du commerce mondial des matières premières, en particulier liées à la guerre en mer Noire. Le ministère de l’Agriculture a également annoncé des projets visant à augmenter la capacité de stockage des céréales à 9 millions de tonnes métriques d’ici la fin de 2024.

En ce qui concerne l’orge, sa consommation est principalement liée à la demande pour l’alimentation animale, incluant les ovins, les bovins et les chameaux, ainsi que pour un usage limité comme fourrage vert. La consommation d’orge est donc relativement stable, bien qu’elle varie en fonction des fluctuations de la production. L’USDA maintient ses prévisions de consommation d’orge pour la campagne 2023/24 et 2024/25, anticipant une augmentation des importations pour compenser les prévisions de production.

Prévisions d’Importation de Céréales par l’Algérie selon l’USDA

L’USDA prévoit que les importations de blé de l’Algérie pour la campagne de commercialisation 2024/25 atteindront 9 millions de tonnes métriques, après avoir importé 9,4 millions de tonnes métriques pour la campagne précédente. Malgré une amélioration des conditions de culture, les niveaux d’importation devraient rester élevés. Cela s’explique par le fait que l’Algérie ne couvre pas entièrement sa demande intérieure et accumule des stocks pour compenser les déficits de production causés par une récolte précédente moins bonne.

Pour cette campagne, l’estimation de l’USDA repose sur des données commerciales collectées, notamment des informations douanières. Il est estimé que les exportations de blé de la Russie vers l’Algérie dépasseront 2,3 MMT pour les campagnes de 2022/23 et 2023/24. Les exportations du Mexique sont également significatives, représentant entre 460 000 et 665 000 tonnes chaque année. L’Office algérien des céréales (OAIC) a acheté récemment des quantités notables de blé en provenance de Russie et de la mer Noire, ainsi que du blé dur du Canada et de la Turquie.

La Russie a renforcé sa position sur le marché algérien grâce à une politique de diversification de l’OAIC, qui a assoupli en 2020 le taux autorisé de céréales endommagées de 0,2% à 0,5%. Cette stratégie vise à réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs traditionnels en permettant une plus grande flexibilité dans l’approvisionnement. Les pays de l’Union Européenne demeurent néanmoins les principaux fournisseurs de blé, même si leur part de marché a diminué face à la concurrence d’autres origines, dont la Russie.

« La baisse des approvisionnements des partenaires traditionnels a été plus que compensée par les volumes importants importés de Russie, ainsi que par les fortes expéditions en provenance du Canada, du Mexique, des États-Unis et de la Turquie. Les expéditions en provenance d’Ukraine ont augmenté au cours de l’année de commercialisation 2023/24 malgré le conflit en cours dans la région de la mer Noire. Les expéditions en provenance du Mexique sont du blé dur », précise l’USDA.

Le président Tebboune a réaffirmé son engagement envers l’autosuffisance en blé dur d’ici 2025, tout en insistant sur la nécessité de diminuer les importations. Il s’est également engagé à augmenter les terres irriguées d’un million d’hectares. Cependant, les données montrent que les importations de blé dur ont en réalité augmenté ces dernières années. En général, le blé tendre constitue 75 à 80 % des importations totales, tandis que le blé dur représente 20 à 25 %.

Les données rapportées par l’USDA montrent que le principal fournisseur de blé dur de l’Algérie a été le Canada au cours des six dernières années avec 32 % des importations de blé dur pendant la campagne de commercialisation 2023/24, suivi du Mexique, des États-Unis et des pays de l’UE. En ajoutant les données manquantes du Mexique, l’USDA estime qu’au cours de la campagne de commercialisation 2023/24, l’Algérie a importé plus de 2,64 millions de tonnes métriques de blé dur, et importé en moyenne 1,56 millions de tonnes métriques de blé dur au cours des six dernières années.

« Les importations de blé dur augmentent généralement lorsque les cultures nationales sont touchées par la sécheresse », explique l’USDA, qui cite l’exemple des importations de blé dur qui ont augmenté pendant les campagnes de commercialisation 2022/23 et 2023/24, car la récolte a été très mauvaise en raison des années de sécheresse qui en ont résulté. La même source estime que « les importations de blé dur diminueraient si la récolte était meilleure que la moyenne. »

Le département américain prévoit en outre que « les importations de blé dur pourraient diminuer après 2025 si l’Algérie accumule des stocks de blé dur plus importants, en particulier compte tenu du rythme soutenu des importations et de la décision du gouvernement d’étendre les installations de stockage ». Cependant, l’USDA ne prévoit pas que les importations algériennes de blé dur cesseront complètement au cours des prochaines saisons, et ce, même si tous les facteurs s’alignent parfaitement.

Les importations de maïs reviennent aux niveaux d’avant la pandémie

Pour ce qui est de l’orge, l’USDA, qui note que la culture de cette céréale a été également impactée par las sécheresse, maintient son estimation d’importation à 600 000 tonnes pour 2024/25, avec environ 476 000 tonnes importées durant la campagne précédente. Les importations d’orge en provenance d’Europe sont prédominantes ((91,25 %), mais celles en provenance d’Ukraine ont diminué au cours de la campagne de commercialisation 2023/24, tandis que la Turquie a gagné des parts de marché.

Enfin, les importations de maïs reviennent aux niveaux d’avant la pandémie. Le gouvernement algérien cherche à développer la production de maïs-grain pour réduire les importations. Les importations annuelles de maïs s’élèvent en moyenne à 5 millions de tonnes, représentant près de 900 millions de dollars et plaçant l’Algérie parmi les 20 plus grands importateurs mondiaux de maïs-grain.

L’USDA a relevé que les importations ont diminué pendant les campagnes de commercialisation 2021/22 et 2022/23, probablement en raison des perturbations de l’approvisionnement et du transport sur le marché mondial après la COVID-19 et de la hausse des prix. L’Argentine est demeurée le principal fournisseur de maïs de l’Algérie au cours des six dernières campagnes de commercialisation, suivie du Brésil et de l’Ukraine, selon la même source.

Selon le département américain, une grande partie du maïs produit en Algérie est sous forme d’ensilage, nécessaire à l’élevage, et de nombreux investisseurs du Sud préfèrent la culture de l’ensilage de maïs qui est beaucoup plus rentable. La même source souligne que le maïs est essentiel pour l’élevage de poulets de chair, afin de produire une viande abordable pour ménages à faibles revenus. En conséquence, l’USDA anticipe que l’Algérie continuera d’importer du maïs-grain au cours des prochaines campagnes.

Le pays vise également à accroître la superficie des terres irriguées pour soutenir cette production. L’USDA a rappelé les déclarations du président Tebboune, lors de son discours d’investiture le 17 septembre écoulé, qui a réitéré son engagement à atteindre l’autosuffisance totale en orge et en maïs d’ici 2026. Fin juillet dernier, lors d’un Conseil des ministres, il avait déjà instruit que la priorité soit donnée à la culture du maïs-grain pour endiguer les importations.

Le département américain de l’agriculture a également rappelé l’annonce par les pouvoirs publics de mars 2024 de la construction de 30 silos et de 350 centres de proximité de stockage de céréales afin d’augmenter les capacités de stockage à 9 millions de tonnes, contre environ 5 millions de tonnes actullement.

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