Le président Abdelmadjid Tebboune a abordé, samedi soir, l’affaire d’espionnage impliquant des agents israéliens ayant utilisé des passeports marocains pour entrer en Algérie. Cette affaire a été révélée le 26 septembre dernier lorsque le gouvernement algérien a rétabli le visa pour les détenteurs de passeports marocains, mettant fin à une longue période de libre circulation entre les deux pays. La décision a été motivée par des préoccupations de sécurité.
Le ministère des Affaires étrangères a précisé que le Maroc, bénéficiant du « régime d’exemption des visas », s’est livré à des activités portant atteinte à la stabilité et à la sécurité de l’Algérie. Ces activités incluent, selon le ministère, « l’organisation à grande échelle de réseaux de crime organisé, de trafic de drogue et d’êtres humains, de contrebande, d’immigration clandestine et d’actes d’espionnage ». Il est également question de l’implication « d’agents de renseignements sionistes, détenteurs de passeports marocains ».
Cette accusation intervient moins d’un mois après que les services de sécurité ont annoncé l’arrestation de six individus à Tlemcen, accusés d’espionnage au profit du Maroc, parmi lesquels se trouvent trois Marocains et trois Algériens.
Le président Tebboune, lors d’une entrevue avec la presse, a confirmé que « l’enquête est toujours en cours » et que certains membres du réseau sont encore en fuite. Il a ajouté : « Nous pensons qu’ils avaient de faux passeports. Le procès sera public. Malheureusement, il y a des Algériens ».
Le président a expliqué que la réinstauration des visas est une décision « à la fois sécuritaire et politique ». Il a également évoqué les relations entre le Maroc et Israël, notant qu’il y a un jumelage entre l’entité sioniste et le royaume.
« Il y a un jumelage entre l’entité sioniste et le Maroc, mais ce qui nous intéresse, c’est l’aspect sécuritaire. Nous avons des soupçons que certains sont venus avec des passeports marocains. Que viennent-ils faire chez nous? Pour voir le port d’Oran, Mers el Kébir (base navale) avec des passeports d’un pays arabe dont les ressortissants peuvent entrer sans visa » a-t-il indiqué.
Des accusations d’espionnage similaires avaient déjà été portées en 2021, lorsqu’il avait été révélé que le Maroc avait utilisé le logiciel israélien Pegasus pour espionner plusieurs pays, dont l’Algérie.
Enfin, le président a tenu à rassurer la communauté marocaine en Algérie, affirmant qu’aucune expulsion n’était prévue : « Nos frères marocains vivent parmi nous. Ils ne sont pas inquiétés. Ils sont parmi le peuple, personne ne sait s’ils sont marocains ou non. Je ne fais aucune différence ». Il a conclu en soulignant que « le peuple marocain est un peuple frère ».