La France peine à trouver des débouchés à ses exportations de blé. L’Hexagone enregistre une récolte de 35 millions de tonnes de blé cette année, dont la moitié de cette production est destinée à l’exportation. Cependant, le pays a perdu sa position dominante sur ses marchés traditionnels en Afrique du Nord, notamment le marché algérien, connu pour être un des marchés clés pour le blé français.
Des données d’Agreste, le service de la statistique du ministère français de l’Agriculture, il ressort que les exportations françaises de blé ont fortement reculé vers l’Afrique du Nord. En effet, dans une une note publiée le 14 novembre dernier, Agreste relève que l’excédent des échanges agroalimentaires français en septembre 2023 avait atteint 579 millions d’euros, soit une baisse de 377 millions d’euros par rapport à septembre 2022.
Cette baisse est attribuée en grande partie à la diminution des exportations de céréales, qui ont reculé à 133 millions d’euros en septembre 2023, marquant un repli de 268 millions d’euros sur un an. Cette régression est due, pour près de 60 %, à la dégradation des échanges avec les pays tiers.
A ce propos, le ministère français de l’Agriculture a souligné que plus de 95 % de la baisse des exportations de produits bruts, notamment de céréales, est attribuable à la diminution des ventes vers l’Algérie et l’Égypte. La France a été remplacée par d’autres fournisseurs, notamment la Russie, qui a pris l’initiative sur ces marchés.
À la fin d’octobre 2023, l’Algérie avait importé seulement 157.000 tonnes de blé tendre français, comparé à 1,05 million de tonnes à la même période en 2022. La France peine à écouler ce déficit d’exportation vers l’Algérie, qui n’est pas le seul marché à se détourner du blé français. Le Maroc se tourne également progressivement vers le marché russe, tandis que l’Égypte importe désormais 70 % de son blé de la Russie.
Cependant, la France ne baisse pas les bras et cherche à reconquérir ses marchés perdus, en particulier en Algérie. Le cabinet spécialisé Agritel a souligné l’importance de l’Algérie sur le marché du blé. « C’est l’Algérie qui retiendra l’attention des opérateurs sur le marché du blé pour le début de cette semaine », indique Agritel dans sa note quotidienne diffusée le 11 décembre.
La France agricole a souligné l’urgence pour le blé français de regagner du terrain, notant que la destination algérienne est cruciale pour inverser la tendance d’un retard dans les exportations depuis le début de la campagne.
« L’OAIC lance un nouvel appel d’offres qui couvrira des livraisons sur la totalité des mois de février et de mars 2024. Plus que jamais, cette destination est essentielle à reconquérir par le blé français, en retard dans les exportations depuis le début de campagne », écrit La France agricole dans un compte-rendu.
Et de préciser : « Il y a actuellement 4 panamax à destination de la Chine dans le programme de chargement français. Les silos étant pleins, cela ne fait pour l’instant pas réagir la prime et le marché domestique reste peu mouvementé. La cadence des exportations françaises reste lente ».
En novembre dernier, le président de l’Union russe des exportateurs de céréales, Eduard Zernin, indiquait à l’agence Interfax que la Russie pourrait expédier 2,5 millions de tonnes de blé vers l’Algérie d’ici la fin de la campagne 2023/2024 en juin prochain. « Depuis le début de la saison en cours [à partir du 1er juillet 2023], nous avons déjà fourni plus de 1,3 million de tonnes, alors qu’un an plus tôt (2022/2023, ndlr), ce n’était que 340 000 tonnes », avait précisé M. Zernin, en marge d’une mission commerciale des exportateurs agricoles russes en Algérie.