Des températures records ont été enregistrées à travers le pays durant le mois de juillet en cours, ce qui nécessite la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’alertes précoces pour limiter les impacts des dangers liés à la canicule dans le cadre d’une stratégie d’adaptation au climat, a recommandé un expert algérien de l’Office national de la météorologie (ONM).
« La vague de chaleur intense qui a touché les wilayas du Nord du pays du 9 au 11 juillet en cours devrait amener l’Algérie à mieux se préparer pour faire face à davantage de phénomènes extrêmes », a affirmé à l’APS, M. Salah Abed Sahabi, directeur de l’exploitation météorologique et de la climatologie à l’ONM, relevant que « les records de température maximale enregistrés durant cet épisode à Alger, Chlef, Maghnia, Bouira et Dellys (Boumerdes) n’ont jamais été égalés auparavant ».
Il a expliqué que durant la journée du 11 juillet, Météo-Algérie a enregistré des températures ayant atteint les 47.9 degrés à Alger, 46.4 à Mascara, 45.6 à Dellys et 44.4 Saïda, alors qu’à Chlef le mercure a atteint les 48.3 degrés, 46.8 à Maghnia, 44.8 à Bejaia, 44.7 à Bouira et 43.7 à Ain Bessam.
Pour ce qui est des températures nocturnes, elles ont atteint les 34.5 degrés à Chlef le 10 juillet, 31.1 degrés à Bouira, 30.6 à Alger et 28.7 à Dellys, a ajouté cet expert.
Faisant un parallèle avec la vague de chaleur qui avait fait 70.000 morts en Europe durant l’été 2003, M. Sahabi a estimé que ce phénomène devrait « fortement interpeller les autorités sanitaires en Algérie » car, a-t-il fait observer, « notre pays n’est pas à l’abri d’un tel phénomène, compte tenu de la fragilité de la capacité d’adaptation des populations du Nord à ce type de climat sévère ».
De ce fait, M. Sahabi, qui est également membre de la Commission météo, du climat, de l’eau et des services et applications environnementaux associés (SERCOM) à l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a recommandé « la mise en place en urgence d’un système de vigilance sanitaire et de gestion de crise liée aux vagues de chaleur d’une période d’une semaine, mettant en garde qu' »il n »est pas exclu qu’un tel évènement se reproduise avec plus de sévérité, d’agressivité et de durée dans un proche avenir ».
En ce sens, et compte tenu des conditions climatiques sévères attendues, M. Sahabi insiste sur la création d’un « centre d’alertes précoces multirisques devant regrouper l’ensemble des institutions en charge de la surveillance et la gestion des risques majeurs ».
« Les études menées dans notre région montrent que les scénarios futurs du climat en Algérie mettent en évidence tantôt des pluies intenses de courte durée et tantôt des périodes de sécheresse prolongée », a-t-il rappelé, citant à ce propos l’année 2023 qui a connu « un hiver et un printemps quasi-secs, contre des inondations et des pluies torrentielles enregistrées le mois de mai dernier, ce qui confirme que le climat en Algérie subit des changements ».
M. Sahabi a également précisé que « les études menées prévoient des vagues de chaleur extrêmes, de forte intensité, de longue durée et assez fréquentes », soulignant que « l’Algérie est appelée à être confrontée à de plus en plus de records de températures ».
APS