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Crise entre l’Algérie et l’Espagne : Josep Borrell s’exprime

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Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est attendu à partir de ce dimanche à Alger pour une visite de deux jours. Dans un entretien accordé au journal El Khabar de ce 12 mars 2023, le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité s’est exprimé sur la crise entre l’Algérie et l’Espagne.

Pour rappel, cette crise entre Alger et Madrid dure depuis plus d’une année. Elle a été déclenchée par le revirement du gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, sur la question du Sahara Occidental, en exprimant publiquement, le 18 mars 2022, son soutien au plan du Maroc pour ce territoire occupé.

En réaction, l’Algérie a pris plusieurs mesures à l’égard de l’Espagne. Le 19 mars de l’année dernière, elle a rappelé son ambassadeur à Madrid. En juin de la même année, elle suspendu le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé en 2022 entre les deux pays.

A l’exception de l’approvisionnement en gaz, l’Algérie a également gelé, depuis le 9 juin 2022, les domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services, de et vers l’Espagne.

Cette dernière mesure a fortement impacté les entreprises espagnoles qui dépendent du marché algérien. Les entreprises espagnoles commerçant avec l’Algérie ont accusé des pertes qui se chiffrent en millions d’euros à cause de cette crise, et elles n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontement au gouvernement espagnol.

Interrogé par le journal El Khabar sur cette crise entre l’Algérie et l’Espagne, Josep Borell a souligné qu’il est en Algérie en tant haut représentant de l’UE et il rappelé la position de cette dernière sur le Sahara Occidental.

« Je suis en Algérie en tant que haut représentant de l’Union européenne. La position de l’Union européenne sur le Sahara occidental exprime l’unanimité des 27 États membres et n’a pas changé. », a-t-il dit.

Et de préciser : « L’UE soutient le processus des Nations Unies visant à parvenir à une solution politique juste, réaliste, pratique, durable, mutuellement acceptable et fondée sur un règlement, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. »

Au sujet de la crise entre l’Algérie et l’Espagne, le chef de la diplomatie européenne a dit : « nous regrettons les sérieux obstacles imposés par l’Algérie depuis juin 2022 au commerce avec l’Espagne à l’exception du gaz. Ce blocage est très préjudiciable à la mise en œuvre de l’Accord d’association et ne sert l’intérêt de personne. »

« Je suis convaincu qu’une solution est possible et nous devons travailler ensemble pour la trouver rapidement pour notre bien commun pour surmonter les obstacles existants et lever tout obstacle à nos échanges », a-t-il ajouté.

S’agissant de l’accusation algérienne de Madrid d' »entraver » la convocation du Conseil d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, en utilisant la règle de l’unanimité, Borrell a souligné que la prochaine convocation du Conseil d’association est, en fait, actuellement « suspendue ».

Accord d’association Algérie-UE

A une question sur la volonté des hautes autorités algériennes de réviser l’Accord d’association Algérie-UE, M. Borell a estimé que cette accord « est la pierre angulaire d’un partenariat que l’UE veut solide et stratégique, avec un voisin très important pour nous. » « Nous pensons que cet accord contient les éléments nécessaires, qu’ils soient juridiques ou institutionnels, pour atteindre nos objectifs communs conformément aux intérêts des deux parties », a-t-il soutenu.

« La mise en œuvre de cet accord est ce qui doit être à nouveau discuté, comment pouvons-nous exploiter tout son potentiel, nous devons être plus pragmatiques et efficaces et cela dans tous les domaines », a-t-il dit, en rappelant qu' »en 2015-2016, nous avons mené d’importants travaux en ce sens conjointement par l’UE et l’Algérie, et les recommandations issues de ces échanges sont toujours valables aujourd’hui. »

« En ce qui concerne le volet commercial de l’accord, les exportations de l’UE vers l’Algérie ont diminué de 45% depuis 2015 et la balance commerciale est en faveur de l’Algérie si l’on inclut les hydrocarbures parmi les exportations », a-t-il fait savoir.

Et d’ajouter : « à l’instar des autorités algériennes, nous pensons qu’il y a un énorme potentiel non réalisé dans ce domaine. Pour l’exploiter, nous devons améliorer la mise en œuvre de l’accord actuel. En particulier, les règles établies par l’accord doivent être pleinement respectées sans discrimination. »

« Cependant, bien sûr, nous sommes prêts à écouter des propositions concrètes conformément aux règles établies par l’accord et sur la base de ce que nous faisons déjà avec d’autres partenaires », a-t-il ajouté.

Concernant le secteur de l’énergie, M. Borelle a indiqué que « l’Algérie est un partenaire clé de l’Union européenne dans le domaine de l’énergie », car c’est « un fournisseur fiable de gaz naturel, il joue un rôle très important dans la sécurisation des approvisionnements énergétiques européens à un moment que nous considérons comme crucial, nous en sommes conscients et en sommes reconnaissants. »

« Nous souhaitons renforcer et approfondir ce partenariat mutuellement bénéfique, en travaillant ensemble pour relever le double défi de la sécurité énergétique et de la durabilité des ressources énergétiques. Nous sommes prêts à intensifier la coopération euro-algérienne afin de faciliter les investissements dans ce domaine stratégique », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie européenne a souligné que « les investissements européens dans le secteur énergétique algérien restent les plus importants, les efforts déployés en Europe pour la diversification durable de nos sources d’approvisionnement en gaz ainsi que la nouvelle loi sur les hydrocarbures en Algérie contribueront à attirer de nouveaux investissements européens. »

« Mais nous voulons aussi inscrire notre partenariat avec l’Algérie dans une perspective de long terme. Les investissements européens dans de nouveaux projets d’infrastructures doivent servir l’objectif de transition énergétique, car l’UE souhaite atteindre la « neutralité carbone » comme convenu lors de la conférence de Paris », a-t-il expliqué.

Et de préciser : « Par conséquent, le soutien financier de l’UE est axé sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’hydrogène. L’Algérie dispose d’un excellent potentiel dans ces domaines, encore peu exploité. L’Europe est prête à mobiliser la technologie et les capitaux pour soutenir son développement en Algérie. »

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