Les prix du pétrole brut ont encore chuté ce vendredi en raison des craintes de récession mondiale. Le West Texas Intermediate (WTI) américain coté à New York est passé sous 80 dollars le baril pour la première fois depuis janvier, tandis que le baril de Brent est passé sous les 90 dollars.
En effet, vers 13H10 GMT, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en novembre, chutait de 4,35% à 79,85 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison le même mois baissait de 3,68%, à 87,15 dollars, rapporte l’AFP.
Après avoir flambé jusqu’à 130,50 dollars pour le WTI et 139,13 pour le Brent au début de l’invasion russe de l’Ukraine, en raison des limites à l’approvisionnement venu de Russie, le brut est fortement retombé.
Les craintes d’une récession mondiale et donc de baisse de la demande de pétrole revenant sur le devant de la scène, la hausse du WTI depuis début 2022 n’est plus que d’environ 5%. « Le resserrement monétaire généralisé de ces deux derniers jours alimente les craintes d’un coup dur pour la croissance », a commenté Craig Erlam, analyste chez Oanda, cité par la même source.
Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) a notamment procédé à un fort tour de vis de 0,75 point de pourcentage afin de juguler l’inflation. Elle ouvrait ainsi le bal d’une semaine de hausses des taux de nombreuses banques centrales à travers le monde, à l’exception du Japon ou encore de la Turquie.
La Banque d’Angleterre (BoE) considère d’ailleurs que le Royaume-Uni est entré en récession dès le troisième trimestre. Une « récession » pourrait même intervenir l’année prochaine dans la zone euro en cas de « coupure totale du gaz russe », a averti de son côté la Banque centrale européenne (BCE).
En parallèle, le dollar continue de toucher de nouveaux sommets face aux autres devises, bénéficiant d’une économie américaine qui résiste plus que prévu et de son statut de valeur refuge en période de tensions géopolitiques. Or, les fortes hausses du dollar rendent le pétrole plus cher pour les acheteurs qui utilisent d’autres monnaies, ce qui peut peser sur la demande.
C’est notamment le cas « des géants asiatiques importateurs d’énergie » comme la Chine et l’Inde, dont les monnaies « ont été parmi les moins performantes par rapport au dollar », explique Stephen Brennock, de chez PVM Energy. La vigueur du billet vert est partie pour durer, ajoute l’analyste, vu l’escalade des risques géopolitiques concernant l’Ukraine.
Des référendums d’annexion par la Russie ont débuté vendredi dans des régions d’Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou, marquant une nouvelle étape du conflit. L’ex-président russe et numéro deux du Conseil de sécurité du pays, Dmitri Medvedev, a rappelé jeudi sur Telegram que son pays est prêt à une frappe nucléaire.
Mais les analystes rappellent que la guerre en Ukraine menace toujours la sécurité de l’approvisionnement énergétique. « Avec un accord sur le nucléaire iranien peu probable, la fin des libérations des réserves stratégiques de pétrole (américaines, ndlr) et la réduction imminente des importations russes par l’UE, tout est en place » pour un choc de l’offre massif, et par conséquent une flambée des prix du pétrole, conclut M. Brennock.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) reste également « parfaitement disposée à restreindre davantage l’offre » si la chute des prix du brut se poursuit, souligne Craig Erlam. Un scénario que l’alliance avait avancé lors de sa dernière réunion, n’excluant pas une rencontre d’urgence.