La brouille diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne a impacté les échanges économiques entre les deux pays, y compris ceux liés à l’énergie.
En raison du revirement en mars dernier du gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, sur la question du Sahara occidental, en soutenant le plan d’autonomie marocain, pour ce territoire occupé. L’Algérie a décidé le 8 juin dernier de suspendre le Traité d’amitié, de coopération et de bon voisinage conclu en 2002 avec l’Espagne.
L’Algérie a également décidé de geler les opérations de domiciliation bancaire du commerce extérieur avec l’Espagne. Bien que le secteur de l’énergie n’est pas touché, l’Algérie et l’Espagne, étant liés par des contrats d’approvisionnement en gaz via le gazoduc Medgaz, on constate que même ce secteur a fini par être impacté par la crise diplomatique entre les deux voisins méditerranéens.
L’Algérie n’a pas livré de GNL à l’Espagne en juillet
En effet, les données disponibles pour le mois de juillet 2022 montrent une baisse des livraisons de gaz naturel en provenance d’Algérie vers l’Espagne, quand les livraisons de GNL (gaz naturel liquéfié) ont carrément cessé.
Selon les données de l’organisme espagnol chargé des réserves stratégiques d’hydrocarbures « CORES », les importations espagnoles de gaz naturel algérien ont baissé de près de la moitié par rapport à juillet 2021.
Les données de CORES indiquent que les livraisons de gaz algérien à l’Espagne en juillet dernier s’élevaient à 8572 gigawatts/heure, ce qui représente 23,4% des importations du pays. Cependant, l’Algérie demeure le premier fournisseur de gaz à l’Espagne, devant les Etats-Unis, le Nigéria et la Russie.
Les livraisons de l’Espagne en provenance des États-Unis d’Amérique s’élevaient à 8530 gigawatts/heure, ce qui représente 23,3 % des importations espagnoles durant la même période. Les approvisionnements américains sont des expéditions de GNL, dont les prix connaissent une hausse sans précédent sur le marché international.
Les quantités importées du Nigéria ont également augmenté pour atteindre 5882 gigawattheures, ce qui représente 16,1% des importations de juillet dernier. Selon les données de CORES, l’Espagne a augmenté ses achats de gaz russe en quantités de 5317 gigawatts par heure, ce qui représente 14,5% des importations totales en juillet dernier.
Les importations de gaz de l’Espagne ont augmenté de 32,7%. Elles sont constituées de 72,3% de GNL et 27,7% de gaz naturel, transporté par gazoduc. Les importations espagnoles de gaz en provenance d’Amérique du Nord ont explosé sur un an (+220,2%), celles venant d’Amérique centrale et du Sud (+96,7%), d’Europe et d’Eurasie (+32,6%), et du Moyen-Orient (+12,4%), précise CORES.
Naturgy a accepté l’augmentation des prix du gaz algérien
La compagnie de gaz espagnol Naturgy a accepté augmentation des prix du gaz algérien, a rapporté le journal espagnol El Confidencial.
Selon El Confidencial, qui a cité des sources algériennes, « Naturgy a accepté la péréquation du prix du gaz qu’elle achète à Sonatrach, avec effet rétroactif à partir d’octobre-novembre 2021 ».
Cependant, la durée du nouveau contrat reste objet de divergence. Les Espagnols souhaitent que ce prix soit appliqué seulement pour deux années, alors que la Sonatrach veut l’étaler jusqu’en 2024.
Les Espagnols font valoir l’argument que les compagnies italienne et française ENI et Engie n’ont signé de contrat que de courte durée et qu’aucune compagnie n’a signé pour l’année 2024.
Selon Naturgy, les prix du gaz reviendront à ce qu’ils ont été avant la crise ukrainienne, alors que Sonatrach table sur un prix élevé du gaz qui va jusqu’en 2024.
Le contrat reliant les deux compagnies devait s’étendre à 2030, mais l’avenant introduit à la demande du partenaire espagnol stipulait une révision des prix selon l’état du marché.