C’est un coup dur pour la presse nationale, qui va perdre l’un de ses principaux quotidiens, après 30 années d’existence. Lancé en juin 1992, le journal Liberté baissera rideau dans les prochains jours.
La décision de fermer le quotidien francophone a été prise par l’homme d’affaires Issad Rebrab, l’actionnaire majoritaire de la SAEC-Liberté, société éditrice du journal. Elle sera actée mercredi 6 avril, selon le collectif de Liberté.
« Nous avons appris avec stupéfaction que l’actionnaire majoritaire de la SAEC-Liberté, société éditrice du quotidien Liberté, M. Issad Rebrab, a pris la décision de fermer le journal et qu’une assemblée générale devant l’acter est prévue pour le 6 avril prochain », a indiqué dans un communiqué le collectif du journal, et d’ajouter : « Cette décision inattendue intervient au moment où le journal a engagé un train de mesures visant le redressement de la situation économique de l’entreprise. »
« Dans la perspective de redéploiement du journal, un plan social a été opéré et un nouveau site électronique inauguré », a fait savoir le même collectif, qui a ajouté : « Au demeurant, la société éditrice dispose encore de ressources financières suffisantes pour lui permettre de continuer à exister. » « Malgré un environnement contraignant, Liberté demeure une entreprise de presse viable », a indiqué le collectif, qui a dit ne pas avoir « saisi les véritables raisons qui ont motivé la décision de fermeture du journal. » Le collectif a, en outre, sollicité une entrevue avec M. Rebrab pour lui proposer « des alternatives », mais « en vain ! »
Selon le collectif : « Le quotidien risque donc de disparaitre des étals dans quelques jours. » « Pour le pays et pour les forces du progrès, la survie de ce journal est essentielle. Au-delà de la disparition d’un titre emblématique et de ses conséquences sur la situation de son personnel, la disparition de Liberté signe la fin d’une certaine idée de l’Algérie », a écrit le collectif Liberté.
L’appel d’intellectuels pour la «préservation» de Liberté
Plusieurs intellectuels, chercheurs, universitaires et artistes ont signé une pétition dans laquelle un appel est lancé pour la «préservation» du quotidien francophone Liberté.
« Inquiets du sort réservé au journal Liberté (sa fermeture annoncée), nous, intellectuels, universitaires, chercheurs et artistes algériens, profondément attachés au pluralisme médiatique, ne pouvons rester insensibles au risque de la disparition d’un titre qui porte la voix plurielle de l’Algérie. C’est parce qu’un journal est un espace d’échange et de transmission des idées, des valeurs et d’expression citoyenne nécessaire à la vitalité démocratique d’un pays, qu’il faut le préserver, le défendre et le faire vivre », lit-on dans le texte de la pétition.
Et d’ajouter : « Le journal Liberté, dont l’histoire se confond avec celle de l’Algérie contemporaine, a pleinement assumé, depuis sa création, cette mission intellectuelle. Au-delà de son collectif et de son propriétaire, le journal Liberté appartient aussi à ses lecteurs dans leur diversité. Sa disparition serait une immense perte pour le pluralisme médiatique, un coup dur pour les acquis démocratiques arrachés de haute lutte et de sacrifices. Une grande perte pour le pays. Conscients de l’apport du journal Liberté à la vie culturelle, sociale et sociétale du pays, nous appelons à sa préservation. Nous appelons à la responsabilité de tous pour que vive Liberté. »
« Conscients de l’apport du journal Liberté à la vie culturelle, sociale et sociétale du pays, nous appelons à sa préservation. Nous appelons à la responsabilité de tous pour que vive Liberté », conclut la pétition.