L’Algérie a décidé le rappel de son ambassadeur à Madrid pour consultations, avec effet immédiat, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental, indique samedi un communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
« Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », souligne le communiqué, rapporté par l’agence APS.
Selon plusieurs médias, l’Espagne a annoncé son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. L’annonce a été faite par le palais royal marocain dans un communiqué rendu public vendredi 18 mars.
Le palais royal marocain a fait savoir que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a assuré dans un message au roi Mohammed VI que « l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Ces propos ont été confirmés dans la journée par le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares.
La nouvelle position de Madrid est un changement radical alors que l’Espagne avait toujours prôné jusqu’ici la neutralité entre Rabat et le Polisario.
Dans sa réaction, le Front Polisario a qualifié la nouvelle position espagnole de de « dérive dangereuse » et contraire aux décisions de la légalité internationale. « La position exprimée dans les deux déclarations manque de crédibilité, de sérieux, de responsabilité et de réalisme, car c’est une dérive dangereuse, elle contredit la légalité internationale, elle soutient l’occupation, elle encourage l’agression et la politique du fait accompli et de la fuite en avant, et va légitimer la répression, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le pillage des richesses que le Maroc continue d’utiliser contre le peuple sahraoui, en violation des résolutions internationales », a déclaré la présidence sahraouie dans un communiqué publié par l’agence de presse SPS.
Le changement de position de Madrid est, selon la présidence sahraouie et le Front Polisario, « le résultat de mois intenses de chantage marocain contre l’Espagne pour restaurer les relations diplomatiques à leur état antérieur. Malheureusement, au lieu que Madrid entende restaurer ses relations bilatérales avec son voisin du sud sur des bases solides, il a choisi de se soumettre, une fois de plus, au chantage marocain ».
Ce changement de position de la part de Madrid intervient dans un contexte de crise entre l’Espagne et le Maroc. La brouille diplomatique majeure entre Madrid et Rabat avait été provoquée en avril 2021 par l’accueil en Espagne, pour y être soigné du Covid, du président de la RASD, Brahim Ghali. Elle s’est traduite en mai dernier par l’arrivée massive (plus de 10.000) de migrants d’origine marocaine dans l’enclave espagnole de Ceuta, sur la côte nord du Maroc, profitant d’un relâchement de la surveillance des frontières côté marocain. Et début mars en cours, environ 3700 migrants ont tenté d’entrer dans le esclave espagnole de Melilla.
Selon les déclarations faites vendredi des deux côtés (espagnol et marocain), il a été fait état de « nouvelle relation », et également d’une visite du chef du gouvernement espagnol au Maroc à une date qui reste à déterminer, alors son ministre des affaires étrangères se rendra à Rabat avant la fin du mois de mars.