2021 a été l’année la plus sombre pour les harragas algériens. L’année dernière, on a vu des milliers de migrants clandestins algériens traverser la mer à bord d’embarcations légères pour rejoindre les côtes sud de l’Espagne.
Si la majorité de ces migrants a pu atteindre les côtes espagnoles sains et saufs, plusieurs centaines d’entre eux ont disparu en mer.
Selon les chiffres de l’ONG espagnole CIPIMD, au moins 413 harraga algériens ont disparu en mer l’année passée en tentant la traversée vers l’Espagne.
Marie-Ange Colsa Erreira, présidente du CIPIMD, a indiqué au journal Liberté de ce dimanche, que 51 embarcations ont chaviré durant l’année 2021.
Elle a précisé qu’à bord de ces embarcations se trouvaient 487 personnes, dont 413 Algériens qui représentent « plus de 90% » des disparus recensés en Espagne.
La présidente du CIPIMD a relevé une hausse très importante comparativement à l’année 2020 où 291 personnes avaient disparu avec 27 embarcations.
L’opération de recensement du nombre de victimes identifiées et remises à leurs familles et celles disparues en 2021 est toujours en cours. « L’identification des corps se poursuit », a indiqué Marie-Ange Colsa Erreira, qui a fait savoir qu’en janvier dernier, 7 à 8 embarcations ont été signalées comme disparues.
Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), a recensé des signalements de plusieurs familles de disparus, originaires notamment de la wilaya de Béjaïa. Ces familles sont sans nouvelles de leurs enfants partis en Europe.
« Certains se consolent avec l’idée selon laquelle leurs enfants sont entre les mains des autorités marocaines ou tunisiennes », a-t-il indiqué au même journal.
« Il est donc impossible, en l’état, de savoir ce qu’il est advenu des jeunes qui n’ont pas donné signe de vie, surtout que les autorités algériennes ne donnent aucun chiffre sur le phénomène », a-t-il ajouté.
Saïd Salhi a fait savoir que quatre corps de jeunes de la région de Seddouk (Béjaïa) ont été rappatrés en novembre dernier. Mais, selon lui, les conditions d’identification et de rapatriement « compliquées ».
« Certains corps sont en décomposition avancée. Il est donc difficile, voire impossible de les identifier de visu. Pour cela, il faut des tests ADN. Mais cela risque de prendre énormément de temps, parce que seules les autorités judiciaires peuvent faire cela », a-t-il expliqué.
Selon lui, certains corps ont pu être identifiés grâce à des objets qu’ils portaient ou à leurs vêtements.
D’après le journal Liberté, les autorités espagnoles ont annoncé qu’au moins 10 000 Algériens ont pu atteindre les frontières méridionales de la presqu’île ibérique.