Des experts dans le secteur agro-alimentaire ont souligné, mardi à Alger, l’impératif pour l’Algérie de miser sur le développement des filières stratégiques afin d’assurer sa sécurité alimentaire de façon durable.
S’exprimant lors d’une journée d’étude sur la sécurité alimentaire, tenue au siège l’Institut national d’études de stratégie globales (INESG), les experts agronomes ont affirmé que « la réalisation d’une sécurité alimentaire passait nécessairement par l’instauration d’un équilibre entre l’approvisionnement extérieur et l’offre nationale qui devrait atteindre une autosuffisance dans les filières prioritaires », selon le compte-rendu de l’agence APS.
Le blé en tête des produits stratégiques à valoriser
Le blé dur, dont le prix dépasse les 600 euros/tonne sur le marché international, se trouve en tête de ces produits stratégiques à valoriser, suivi des produits laitiers et des légumes secs, selon les intervenants.
Les experts ont également souligné l’utilité de réhabiliter le système d’information et de statistiques agricoles afin d’établir des stratégies de gestion des stocks « efficaces », en limitant aussi « les importations inutiles qui alourdissent la facture alimentaire ».
Dans ce contexte, le professeur Omar Boussaoud expert agronome a souligné « l’urgence de former des compétences en matière de prospections des marchés et de développer une stratégie commerciale qui permettra à l’Algérie de suivre l’évolution des prix sur les marchés mondiaux, de choisir ses partenaires commerciaux et de perfectionner ses capacités de négociations ».
Changement du modèle de consommation
M. Boussaoud a également plaidé pour un changement du modèle de consommation, en incitant les algériens à consommer « sain », en limitant la farine, les huiles et les sucres au profit des fruits et des légumes frais et des protéines animales et végétales.
Le même expert a fait constater que l’Etat a toujours été le principal acteur de la sécurité alimentaire du pays. « Les pouvoirs publics ont toujours dégagé des ressources pour soutenir les prix des produits de première nécessité pour protéger le pouvoir d’achat des couches défavorisées », a-t-il fait rappelé, assurant que « le pays disposait toujours de moyens financiers pour faire face à la demande sans recourir à l’endettement extérieur ».
« La situation économique ne peut être comparée à celle qui prévalait au début des années où l’Etat était contraint d’emprunter pour faire face aux importations alimentaires », a-t-il ajouté.
Les experts préviennent contre une agriculture saharienne « massive »
Pour sa part, le professeur Fatoum Lakhdari, agronome, a souligné que « la sécurité alimentaire ne dépendait pas seulement du secteur agricole », expliquant que ce domaine est multisectoriel impliquant tous les secteurs, notamment « les autorités locales qui devraient encourager l’agriculture familiale paysanne et de rétablir les territoires agricoles ruraux, ainsi que valoriser les ressources locales ».
Quant aux perspectives de développer une agriculture saharienne « massive » à travers l’accroissement des surfaces irriguées, les intervenants ont prévenu que cette option risque d’avoir des conséquences « lourdes » sur l’environnement, évoquant notamment la pollution des sols et l’épuisement des ressources hydriques.
Outre son impact écologique qui risque d’être « désastreux », la mise en place d’une agriculture saharienne à grande échelle pour les grandes cultures (betteraves, sucrières, colza, tournesol, fourrage, céréales) nécessite « des investissements lourds avec une faible rentabilité économique » ,ont-ils prévenu.