Les dramatiques conséquences de la pandémie de Coronavirus sur l’économie mondiale, ont réussi à mettre fin à l’obsession relatives aux déficits budgétaires, que les Etats modernes tenaient à réduire au maximum afin de présenter au reste du monde, l’image rassurante d’un pays bien géré. Une autre obsession la remplace aujourd’hui. Celle de la relance économique à tout prix, y compris au moyen de l’endettement, leurs économies menacées par la récession, les pertes de compétitivité et le chômage massif. Une pluie de dollars subitement sortie des entrailles des banques centrales, des réserves fédérales, des trésors publics, et des planches à billets, se déverse depuis cette année sur des pans entiers de l’économie et de catégories socioprofessionnelles en détresse. Les imprimeries des banques centrales se sont subitement remises à produire massivement de la monnaie, sans qu’aucune critique ne s’élève, ne serait-ce que du côté de ceux qui en avaient fait leur cible. C’est ainsi que les USA et l’Union Européenne ont subitement mis à la disposition de la relance économique et de la sauvegarde des entreprises en difficulté, respectivement 1900 et 1200 milliards de dollars. De l’argent qui commence déjà à produire les effets escomptés, puisque bon de branches et filières d’activités économiques, se sont remises à produire, au point qu’elles ont engendré une forte hausse des cours du pétrole et de certains inputs et matières premières.
Décomplexées par l’initiative de ces puissants pays de financer la relance économique au moyen de la planche à billets, les autorités algériennes embourbées dans de gros problèmes de déficits budgétaires, ont décidé de prendre ouvertement exemple, en faisant croire à l’opinion publique que la crise économique que subit présentement l’Algérie est essentiellement due au Covid-19 et, non pas, comme c’est en réalité le cas, au mode de gouvernance rentier et bureaucratique de l’économie. Les sous performances des entreprises publiques, le surendettement de l’Etat, le poids des créances douteuses des banques publiques, ne sont en effet pas nouveaux. Ils remontent pratiquement à l’indépendance du pays, dés lors que les autorités politiques de l’époque, avaient imposé aux algériens un système de gestion rentier et bureaucratique, qui ne tient pas compte de la rigueur managériale, mais seulement, du maintien de la paix sociale qui permet à quelques individus de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir.
Ce n’est effectivement pas la première fois que les autorités algériennes recourent à ce type de financement, puisque le gouvernent d’Ahmed Ouyahia avait déjà procédé au tirage d’environ 6000 milliards de dinars en 2018, ce qui lui avait valu, on s’en souvient, de vives critiques de la part de certains parlementaires et, plus tard, de graves ennuis avec la justice.
Cette fois c’est le tout nouveau premier ministre Aimene Benabderrahmane, qui en tant qu’ex gouverneur de la Banque d’Algérie, connaît parfaitement les mécanismes de fonctionnement de la planche à billets, le fera sans état d’âme avec l’espoir qu’on ne lui reprochera en faisant valoir les décisions de la même nature prises par les gouvernements des plus grandes nations du monde. Pas moins de 2200 milliards de dinars seront imprimés cette année, ce qui portera à environ 8000 milliards de dinars, le total de l’argent émis sans contre partie productive. L’écrasante majorité de ce nouveau tirage sera engloutie comme annoncé lors du dernier conseil des ministres, dans l’assainissement financier des entreprises publiques déficitaires, le rachat d’environ 500 milliards de dinars de créances détenues par les banques publiques, au paiement des retards de salaires des travailleurs du secteur public et à la rémunération régulière de millions de fonctionnaires de l’Etat, déjà gagnés par l’inquiétude. Très peu d’argent ira, comme on le constate, à l’Équipement et à la relance des activités économiques et sociales ébranlées par les crises politiques et sanitaires.
La grosse crainte est que cette gigantesque manne financière sorties des entrailles de l’imprimerie de la Banque d’Algérie, provoque une inflation à deux chiffres du fait que cet argent ne sera pas investie dans des activités sensées apporter la contrepartie productive à cette forte création de monnaie. Le gouvernement ne sera sans doute pas mécontent de provoquer un regain d’inflation qui lui permettra de résorber plus facilement une partie non négligeable de la dette par le simple truchement de la perte de valeur des emprunts provoquée par l’inflation. Grace à cette inflation, l’argent emprunté aujourd’hui vaudra en effet beaucoup moins dans quelques années, lorsque arrivera à terme l’échéance de remboursement.