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Accélérer l’écosystème EdTech au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

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La pandémie a considérablement accéléré le recours à la technologie éducative dite EdTech, plus qu’une « option pour le plaisir », elle est désormais un « outil indispensable ». 

Cet article est rédigé par Keiko Miwa, Regional Director, Human Development, Middle East & North Africa et Andreas Blom, Manager, World Bank Education Global Practice, MENA Region.

Avant même la pandémie de COVID-19, les enfants de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) se trouvaient dans une situation de désavantage certain. Dans la plupart des pays, les résultats d’apprentissage étaient, au mieux, médiocres, comme en témoignent les conclusions de l’évaluation internationale des élèves menée en 2018 par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : l’étude a montré que dans la région MENA, les performances en lecture des élèves de 15 ans équivalaient à 2 à 4 années de scolarité en deçà de la moyenne de l’OCDE. L’étude a également montré qu’il existait de grandes inégalités en matière d’apprentissage scolaire, notamment en fonction du genre (les filles surpassant systématiquement les garçons), et du milieu socio-économique des élèves.

La pandémie a encore davantage aggravé les retards d’apprentissage des 103 millions d’écoliers de la région, notamment en creusant les écarts entre les enfants ayant accès à un ordinateur ou à Internet à haut débit et ceux en étant dépourvus. Point positif, des efforts à grande échelle ont été mis en place pour combler les lacunes, dont l’enseignement à distance, le recours à la technologie pour en faciliter le déploiement, et l’apprentissage en ligne à l’échelle nationale, autant d’approches en constante évolution.

Bien que la Jordanie ait été parmi les premiers pays de la région MENA à appliquer des confinements stricts et à procéder à des fermetures d’écoles, le gouvernement a agi rapidement pour minimiser les pertes d’apprentissage. Le ministère de l’Éducation, en collaboration avec le ministère de l’Économie numérique et de l’Entrepreneuriat, ainsi que des entreprises privées (dont Edraak, Mawdoo3, Abwaab et JoAcademy) ont développé des plateformes d’apprentissage en ligne.

Parmi celles-ci, figuraient Darsak, un portail d’apprentissage en ligne pour les élèves du CP à la terminale proposant des cours de courte durée intégrés à des clips vidéo, et Teachers, un programme de formation des enseignants d’une durée de 90 heures. Pour les étudiants ne bénéficiant pas d’une connexion Internet à haut débit, la Jordanie a réorienté sa chaîne de télévision nationale consacrée aux retransmissions sportives en une chaîne d’apprentissage pour les étudiants.

En Égypte, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement technique a agi rapidement au début de la pandémie pour accélérer les services TIC et ouvrir l’accès à sa banque de connaissances en ligne. Il a mis à profit l’infrastructure existante et accéléré le déploiement des technologies de l’éducation pour en faire bénéficier un maximum d’élèves de leur domicile. Le contenu numérique, organisé par matière et par année d’études (de la CP à la terminale), a été mis en ligne par le biais d’une banque nationale de connaissances digitales ; une nouvelle plateforme numérique pour les classes en ligne a été créée ; et un contenu éducatif a été diffusé à la télévision nationale. Les évaluations en milieu scolaire et les examens externes ont également été adaptés.

La pandémie a considérablement accéléré le recours à la technologie éducative dite : EdTech plus qu’une « option pour le plaisir », elle est désormais un « outil indispensable ».  Pour cela, il a fallu procéder à une requalification du personnel enseignant, à la mise en place de nouvelles manières d’aborder l’enseignement en ligne de la lecture et de l’écriture chez les jeunes apprenants, et au déploiement de moyens permettant de combler les lacunes technologiques majeures. Pour garantir l’accès aux appareils numériques, de nombreux gouvernements ont fait l’achat d’ordinateurs portables ou de tablettes pour les enseignants et les élèves défavorisés. En Jordanie, des partenariats avec des entreprises de télécommunications garantissaient une navigation gratuite sur le portail d’apprentissage en ligne de Darsak afin que les frais Internet ne soient pas une source de préoccupation pour les étudiants.

Partout dans le monde, d’autres gouvernements ont mis à la disposition des enseignants des ressources de formation pour les aider à naviguer l’environnement numérique et à adapter leurs pratiques pédagogiques.

La technologie éducative, ou EdTech, offre à la région MENA une opportunité à saisir et, pour cela, chacun doit être impliqué. À cet égard, les institutions de développement, telles que la Banque mondiale, peuvent jouer un rôle fédérateur pour faire en sorte d’aider les gouvernements à mettre en place à grande échelle les initiatives isolées du secteur privé en matière d’apprentissage numérique.

La Banque mondiale a œuvré avec les ministères de l’Éducation de la région MENA pour maximiser l’efficacité des pays dans la conception et l’exécution de stratégies d’apprentissage à distance. Au cours de l’année écoulée, la Banque a favorisé les collaborations entre les acteurs internationaux, régionaux et locaux de l’EdTech pour aider les gouvernements à développer, surveiller et maintenir leurs systèmes d’apprentissage à distance.

L’équipe de la Banque mondiale pour l’éducation dans la région MENA débute désormais une nouvelle collaboration avec Education 4.0, elle-même une initiative dirigée par le secteur privé, pour rationaliser les initiatives existantes en réunissant des entreprises de technologie de l’éducation, des ministères de l’Éducation et des donateurs internationaux. Leur objectif à terme est d’accélérer l’écosystème EdTech dans la région MENA en facilitant les partenariats entre les secteurs public et privé et en favorisant la collaboration entre les entreprises internationales et régionales pour créer des coentreprises visant à renforcer la capacité des acteurs locaux de l’EdTech du secteur privé.

La conférence EdTech, qui se déroulera du 1er au 3 juin, sera une plateforme ouverte et collaborative pour l’engagement et le dialogue constructif entre les différentes parties prenantes, telles que les acteurs régionaux et locaux du numérique, les gouvernements et les donateurs. Ensemble, ces parties prenantes aideront à construire l’écosystème EdTech pour la région MENA. Les participants chercheront à comprendre l’impact potentiel de la technologie éducative sur la lutte contre la pauvreté d’apprentissage et sur la manière dont elle peut aider à la préparation des étudiants de la région MENA au travail de l’avenir, notamment via l’élaboration de plans, d’interventions et de partenariats spécifiques. L’accent sera mis sur l’identification des défis éducatifs auxquels fait face la région, ainsi que sur la conception et la personnalisation de solutions EdTech pour y répondre.

Les solutions EdTech évolutives, percutantes et durables ont le potentiel de jouer un rôle clé à long terme dans l’atténuation des pertes d’apprentissage subies pendant la pandémie et l’amélioration des résultats d’apprentissage dans la région MENA. Un écosystème EdTech dynamique, rassemblant des ministères de l’Éducation, des entreprises et des agences donatrices en quête de solutions est essentiel pour identifier des solutions EdTech concrètes qui peuvent aider les gouvernements à mieux reconstruire et à mieux façonner les systèmes éducatifs de demain.

Source : WBANK

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