La marche du 117ème vendredi à Alger a débuté vers 13h00 de l’après-midi sous haute tensions. Les manifestants font face à un impressionnant dispositif policier. Plusieurs cordons de policiers ont été dressés des artères du centre-ville de la capitale empruntées par les foules de manifestants.
Les policiers tentent d’empêcher et disperser les premiers manifestants en opérant plusieurs arrestations. Les manifestants qui sont sortis malgré cette répression, ont scandé « Dawla madanya, machi aaskaria » (Etat civil et non militaire). Les journalistes ont été empêchés de travailler.
Alger 13h10 pic.twitter.com/syuPqTyKVD
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) May 14, 2021
Les journalistes Mustapha Bastami, Djaafar Kheloufi et moi-même avons été relâchés après une brève interpellation devant le commissariat central du boulevard Amirouche à Alger
— Khaled Drareni (@khaleddrareni) May 14, 2021
117ème vendredi: Notre journaliste Kenza Khattou violemment interpellée par les forces de l'ordre à Alger-Centre. pic.twitter.com/4a7hsJ4siT
— Radio M (@RadioMPost) May 14, 2021
Des marches ont été signalées notamment à Béjaïa où une grande foule défile, et également à Tizi-Ouzou malgré les arrestations opérées par la police.
Dimanche dernier, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a indiqué, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, que les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des responsables de l’organisation de la marche et des heures de son début et de sa fin, de l’itinéraire et des slogans à lever, conformément à la loi. « Le non-respect de ces procédures constitue une infraction aux yeux de la loi et de la Constitution, ce qui dénue la marche de tout caractère légal et implique un traitement en conséquence », a conclu le communiqué.
Le ministère de l’Intérieur a réagi au changement de l’itinéraire de la marche du 116ème vendredi du Hirak de la semaine dernière. Les manifestants, au lieu de se rassembler à la Grande Poste et la Place Audin, sont passés par la rue Hassiba Ben Bouali, place du 1er Mai, le quartier de Belcourt. Certains manifestants ont expliqué ce changement d’itinéraire pour éviter les échauffourées avec les forces de l’ordre, ce qui n’a pas empêché ces dernières, de violenter les marcheurs en fin de journée et d’opérer plusieurs arrestations.
L’ONU de plus « préoccupée » par la situation des droits de l’homme en Algérie
L’ONU est « de plus en plus préoccupée » par la situation des droits de l’homme en Algérie, notamment depuis la reprise des manifestations populaires. « Nous sommes de plus en plus préoccupés par la situation en Algérie où les droits à la liberté d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et de participation aux affaires publiques continuent d’être menacés », a indiqué, mardi 11 mai 2021, un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, (HCDH), Rupert Colville, lors d’un point presse à Genève.
« Depuis la reprise des manifestations dans les rues d’Algérie le 13 février 2021 – après un an de manifestations organisées en ligne par le mouvement Hirak en raison de la pandémie COVID-19 – nous avons également reçu des rapports soutenus faisant état d’une force inutile et disproportionnée contre des manifestants pacifiques. comme des arrestations continues », a indiqué le même responsable.
Il a rappelé qu’ « à quatre reprises en avril et mai, des marches étudiantes ont été empêchées. Les autorités ont continué de bloquer l’accès aux points de rencontre pour les manifestations; des centaines de manifestants ou toute personne présumée par les forces de sécurité être un manifestant sont arrêtés arbitrairement ».
Le même responsable a indiqué que « certains manifestants auraient été arrêtés puis relâchés après avoir été contraints de signer un document promettant de cesser de participer aux manifestations ».
Le porte-parole du HCDH a affirmé qu’ « actuellement, environ 70 personnes seraient toujours détenues pour avoir exercé leurs droits humains légitimes », soulignant que « certains d’entre eux purgent de longues peines tandis que d’autres sont en détention provisoire. De nouvelles allégations de violences physiques et sexuelles en détention ont également fait surface ces derniers jours ».
Au cours des deux derniers mois, des militants, des défenseurs des droits humains, des étudiants, des journalistes, des blogueurs et des citoyens ordinaires exprimant pacifiquement leur dissidence ont continué de faire l’objet de poursuites pénales.
Le même responsable a indiqué que les militants du Hirak continuent d’être poursuivis sur la base de lois trop larges, même après l’annonce d’une grâce présidentielle en février de cette année.
Les Nations Unies exhortent « les autorités algériennes à cesser de recourir à la violence pour disperser des manifestations pacifiques et à mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires d’individus pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique ».