La situation hydrique de plusieurs régions du pays risque de se compliquer dans les prochains mois voire dans les prochaines semaines, surtout à l’approche de la saison des grandes chaleurs. En raison d’une pluviométrie très faible cette année, les barrages dont dispose l’Algérie ne sont pas tous remplis et certains sont presque à sec.
A l’instar des trois barrages situés dans la wilaya de Bouira, seul le barrage de « Tilesdit », dans la région de Bechloul à l’est de la wilaya, montre un taux de remplissage satisfaisant de 69,75% contre 74% au mois de février dernier. Sa capacité est de 186 millions de mètres cubes. Quant au barrage Lakhal, à Aïn Bessam, dans l’ouest de la wilaya, dont la capacité de stockage est de 30 millions m3, son niveau de remplissage a atteint les 23,3%, rapporte le journal El Watan dans son éditions de mardi 11 mai 2021.
Le deuxième plus grand barrage d’Algérie « à sec » !
Selon le quotidien national, le deuxième plus grand barrage d’Algérie est « à sec »! « Le plus inquiétant est celui de Koudiet Asserdoune au sud-ouest de Bouira, et qui est le deuxième plus grand barrage en Algérie avec une capacité de stockage de 640 millions m3. L’infrastructure est à sec », indique la même source, qui précise que « le volume d’eau restant n’est que de 5,82%, alors qu’il s’est établi à 9% en février. »
« Le manque de pluviométrie durant la saison hivernale en est la cause principale », explique le journal qui signale que « le barrage de Koudiet alimente des dizaines de milliers de foyers de 6 wilayas en eau potable. »
« Malheureusement, le gaspillage des eaux de ce barrage est devenu monnaie courante. Ajoutant à cela les grosses fuites dans le réseau de distribution et même à travers les conduites principales et qui n’ont pas été réparées », pointe le journal qui prévient : « Sans les mesures strictes, le taux de remplissage de Tilesdit risquerait une chute brutale durant les mois à venir ».
Mihoubi rassure mais n’écarte pas des restrictions
La semaine dernière, le ministre des Ressources en Eau, Mustapha Kamel Mihoubi, a rassuré quant à la suffisance jusqu’à « l’automne prochain » des réserves d’eau du pays, mais, il n’a pas écarté le recours à des restrictions si le niveau des barrages baisse drastiquement.
« Pour le moment, nous avons des réserves d’eau qui nous permettent d’assurer une alimentation régulière en eau potable jusqu’à l’automne prochain, mais il faut qu’il y ait une économie d’eau et mieux gérer ces réserves de façon à éviter de graves perturbations », a déclaré M. Mihoubi,en marge de sa visite au barrage de Beni-Slimane, dans la wilaya de Médéa.
Interrogé sur la probabilité de recourir à des restrictions, au cas où les réserves des barrages viendraient à baisser, Mustapha Kamel Mihoubi, n’a pas écarté le recours à des « restrictions », précisant que « quand il y a un manque d’eau, les restrictions s’imposent, le temps que de nouveaux projets entrent en service ».
Dans l’optique d’une rationalisation des réserves d’eau du pays, le ministre a évoqué les alternatives qui s’offrent au secteur en matière d’approvisionnement, que ce soit garce aux eaux souterraines, conventionnelles ou superficielles, susceptibles de « réduire les effets du manque de pluviométrie », a-t-il affirmé.
« Nous avons trois alternatives et nous devons les mettre en pratique à chaque fois que la possibilité nous est offerte pour transcender le problème du manque de ressources hydriques », a indiqué à l’APS, M. Mihoubi, assurant que la première alternative consiste en la construction de retenues et d’ouvrages hydrauliques pour capter les eaux pluviales et celles des embouchures pour les transférer par la suite vers les barrages.
Le barrage Taksebt alimenté depuis l’Oued Sébaou
Le ministre a cité une expériences récente au niveau de l’Oued Sibaou (Tizi Ouzou), expliquant qu’au lieu que les eaux pluviales soient perdues en mer, ce type de transfert a permis d’apporter un volume d’eau de 60.000 m3 d’eau/jour au barrage de Taksebt, alimenté à partir de ce cours d’eau, ajoutant que « c’est cette solution que son département est entrain de suivre afin de s’adapter au changement climatique et à la rareté des pluies ».
La deuxième alternative est que le secteur des Ressources en eau « explore » également, les transferts inter-barrages, quand les réserves le permettent et ne mettent pas en cause toute la stratégie nationale de distribution d’eau, a noté M. Mihoubi qui a évoqué une troisième alternative, celle du recours au dessalement d’eau de mer.
Cette dernière option « pourra être généralisée au profit de régions, situées dans un large couloir de 150 km, loin de la bande côtière, qui pourraient être confronter à un grave problème d’alimentation en eau potable, a signalé le ministre, qui a fait observer que la conjugaison de ces trois alternatives est en mesure d’assurer un volume additif de plus d’un milliard de m3 d’eau.
Le taux national de remplissage des barrages à 44,63 % (mi-mars)
Le dernier chiffre communiqué sur le taux de remplissage des barrages en exploitation à travers le territoire national a été communiqué la mi-mars dernier. Selon le ministère de tutelle, le taux de remplissage s’est maintenu à 44,63%, jugeant que c’est un taux jugé stable, par rapport à fin janvier, grâce aux précipitations enregistrées depuis fin novembre.
Le conseiller à la communication auprès du ministère des Ressources en Eau, Mustapha Chaouchi, avait expliqué que si les volumes d’eau emmagasinés, à travers les 80 barrages du pays, sont stables, c’est grâce aux épisodes pluviométriques enregistrés dans plusieurs wilayas du pays durant les derniers mois.
« Le volume global mobilisé dans les barrages a atteint 3,4 milliards de m3 », avait précisé ce responsable. Selon lui, la région Est du pays, a connu un taux de remplissage de 68,4%, avec trois (03) barrages qui ont enregistré un déversement, notamment le barrage de Beni Haroun dans la wilaya de Mila ainsi que les barrages de Beni Zid et de Zit Emba dans la wilaya de Skikda.