En détention depuis juin 2019 et accusé d’ »atteinte au moral des troupes », le détenu d’opinion et général à le retraite, Ali Ghediri a adressé, samedi 24 avril 2021, une lettre à l’opinion publique.
Dans sa lettre lue par son comité national pour sa libération lors d’une conférence de presse tenue au siège national du MDS, en présence des avocats de sa défense, Ali Ghediri a dénoncé encore une fois sa détention « arbitraire ».
La lettre intégrale de Ali Ghediri
« Je remercie toutes celles et ceux qui, dans leurs articles, leurs déclarations, leurs manifestations sur les réseaux sociaux, leurs plaidoiries, leur soutient quelle qu’en soit la forme, ont bravé les interdit est manifesté d’une manière ou d’une autre leur solidarité à mon égard.
Je serais le dernier à inciter, encore moins à encourager qui que ce soit à s’immiscer dans une affaire en cours de jugement, lorsqu’il s’agit de crime ou de délit présumé ou avéré. Tant mes convictions sont grandes que dans un état de droit, à la justice nous sommes tous soumis. Force est cependant de constater que lorsque l’arbitraire s’érige en règle dans le fonctionnement des institutions et que les établissements pénitentiaires de la République soient détournés de leur vocation première pour servir de lieux de confinement pour ceux que le pouvoir désigne comme opposant pour étouffer les voix. Le silence devient caution et la complicité une posture assumée pour ne pas en dire davantage.
Il est notamment ainsi, lorsque ces opposants n’ont fait qu’exprimer une opinion, une idée, un projet de société, ou, seulement se porter candidat aux élections présidentielles avec la promesse de rompre avec le système qui a mis l’Algérie à genoux. Lorsque les libertés fondamentales font défaut, ces actes banals, ces formes d’expression citoyennes sont assimilées par les décideurs à un crime ; Si tant est qu’il le soit, je l’assume dussé-je le payer au prix de ma vie.
Le sacrifice à fait corps avec mon destin le jour ou j’ai opté pour le métier qui a été le mien, ou l’on m’a appris à être résolu devant la mort lorsqu’elle sert une cause noble. Et c’est le cas.
Mes amis votre présence ici, dans cette salle, est pour moi une source de réconfort, j’en dirais autant de vote dénonciation soutenue de la détention arbitraire dont je fais l’objet. Si je me réjouis de vous voir si nombreux aujourd’hui à mes côtés, c’est parce que votre présence je la ressens au quotidien dans l’espace étroit que m’offre la geôle dans laquelle le pouvoir m’a confiné depuis le 13 juin 2019, faisant de ma personne le détenu politique le plus ancien, je dirais même le seul de la république ;
Mes amis, à travers vos initiatives pour défendre ma cause, comme vous l’aviez fait pour tant d’autres, je perçois non seulement la fierté de votre soutient mais surtout les signes de vitalité et d’engagement qui caractérisent toutes les femmes et tous les hommes épris de justice et de liberté.
Ce sont les mêmes pulsions que celles qui ont animé la révolution pour la citoyenneté du 22 février 2019. Cette révolution, de mon point de vue, citoyenne incarne par sa forme autant que par son contenu, on ne peut mieux le prolongement de la révolution du 1er Novembre 1954 et les résolutions du congrès de la Soummam.
Elle ambitionna d’en parachever les dimensions démocratique et sociale, dans les valeurs millénaires qui sont celles de notre nation, pour édifier l’Etat National dont ont rêvé les six éternels.
A ce titre, cet évènement majeur fait désormais figure de marquer notre histoire nationale. Elle ne saurait ne pas déteindre sur l’avenir de notre pays et d’imprégner les esprits des générations futures. Veillez à sa trajectoire patriotique préservez en le cours pour la prémunir contre toute tentatives d’infiltration, de récupération et de holdup idéologique.
Je ne doute pas que vous en êtes conscients, comme vous l’êtes, par rapport aux dangers potentiels auxquels est exposé le pays dans ces moments difficiles.
La vigilance de tous est requise. C’est notre devoir de citoyen.
Que Dieu vous aide dans vos efforts et vos aspirations à davantage de liberté et de justice dans cette Algérie qui, malgré les vicissitudes auxquelles je suis exposé, continue à faire battre mon cœur.
Saha ramdankoum
Je vous remercie encore une fois, Gloire à nos martyrs, Vive l’Algérie »