L’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed-Antar Daoud, s’est exprimé sur l’opération de récupération des biens algériens en France.
Dans un entretien paru ce mardi 30 mars 2021 dans le quotidien l’Expression, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a tenu à apporter des précisions. « D’abord, je dois préciser le fait suivant : j’ai remis, il y a quelques jours au président de la République un dossier sur la situation de tous les biens immobiliers de l’Algérie en France. »
Un patrimoine qui totalise 46 propriétés
« L’ambassade a lancé une opération qui a permis de récupérer des châteaux, des bâtisses et autres grands domaines. L’important patrimoine qui totalise 46 propriétés doit faire l’objet d’une prise en charge efficiente. Plusieurs options méritent d’être examinées. Certains biens doivent être vendus. J’entends par là, ceux non utilisés, non rentables, en état de délabrement très avancé ou menaçant ruine », a-t-il précisé.
L’ambassadeur Antar Daoud a expliqué : « La deuxième option consiste en la réhabilitation, le réaménagement et la rénovation de certaines constructions, en vue d’un investissement par location, la réaffectation pour utilité ou intérêt national. L’autre possibilité est la mise à disposition de certains biens au profit d’associations activant en direction de notre pays par la communauté nationale établie en France. »
Ces biens coûtent plusieurs dizaines de millions d’euros
Interrogé sur la valeur globale de ces biens, le diplomate algérien a estimé la valeur du plus important d’entre eux à 10 millions d’euros. « Pour répondre directement à votre question, je ne peux pas m’avancer sur un chiffre précis, mais je peux vous donner l’estimation de la valeur d’un des biens. C’est le plus important. C’est le domaine des Julhans, dans la région des Bouches du Rhône. Actuellement sa valeur oscille entre 8 et 10 millions d’euros. Globalement, ces biens coûtent plusieurs dizaines de millions d’euros », a-t-il précisé, en expliquant : « Dans le lot, il y a des biens totalement désaffectés, d’autres menacent ruine. Mais, beaucoup conservent une valeur foncière et immobilière incontestable. »
À ce propos, Antar Daoud a cité les exemples de deux appartements que je viens de récupérer au Boulevard de Strasbourg. « Ils appartenaient à l’Amicale des Algériens en Europe. Dans leur état actuel, ils valent chacun entre 1 et 1,7 million d’euros. Il est possible de les vendre, comme ils peuvent être réhabilités pour être loués, jusqu’à 2 000 euros l’appartement. L’Algérie peut donc les garder pour garantir une rente appréciable », a-t-il dit.
Les propositions de l’ambassadeur d’Algérie à Paris
Par ailleurs, dans un souci de rentabilité, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a dit avoir fait la proposition de « déménager les représentations d’Air Algérie et de l’Entmv en France des locaux qu’elles louent actuellement, pour les installer ensemble dans les anciens locaux du consulat général d’Algérie, rue d’Argentine, à Paris. Dans le même bâtiment, j’installerai un bureau consulaire pour le rapatriement des dépouilles mortelles, une représentation d’un assureur public pour l’assurance obsèques. »
« L’objectif de la démarche est de constituer un guichet unique au profit des Algériens établis en France. Et au passage, Air Algérie y gagnera énormément, puisque le siège à l’avenue de l’Opéra lui revient à 25 000 euros par mois de loyer », a-t-il indiqué.
« Quant au siège de l’Entmv qui est la propriété de l’Office national du tourisme, je compte le récupérer pour en faire le siège d’une agence bancaire algérienne en France. Sur les biens récupérés, le président de la République m’a instruit d’affecter deux bâtisses à la Grande mosquée de Paris », a précisé le diplomate qui a ajouté que « le premier servira de siège à l’institut El Ghazali pour la formation des imams et le second abritera une association caritative. La gestion de tous ces biens sera confiée à plusieurs agences qui s’en occuperont. »
« L’objectif final est de créer un fonds spécial des biens de l’Etat algérien en France, ce qui générera une rentrée financière pour le pays », a-t-il estimé, en ajoutant : « Les instructions présidentielles concernant la récupération des biens de l’Etat valent pour tous les pays du monde. Au Maroc, en Tunisie, en Syrie, en Egypte ou en Espagne où un opérateur algérien a acquis un hôtel en usant de faux transferts financiers. Concernant le Maroc, je peux vous dire qu’un travail a déjà été accompli concernant les biens de l’Etat et ceux de privés algériens nationalisés par le royaume », a-t-il conclu à ce sujet.