L’Affaire des 27 algériens bloqués depuis fin février à la zone internationale de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle à Paris (France) risque de perdurer. Alors que les autorités algériennes refusent de les laisser rentrer en Algérie, les ressortissants algériens refusent de repartir à Londres en Grande-Bretagne où ils résident. Selon le journal Français Le Figaro, le ministère français des affaires étrangères et le groupe ADP, gestionnaire des aéroports de Paris, se démènent pour trouver une issue à cette crise qui « s’enlise ».
L’Algérie a décidé d’étendre la fermeture de ses frontières le 25 février dernier en raison de l’apparition du variant britannique de la Covid-19. De ce fait, les vols de rapatriement à destination d’Alger ont été suspendus, au moins jusqu’à la fin du mois en cours.
Les ressortissants algériens, décidés à rentrer en Algérie, sont depuis bientôt un mois, installés dans le Terminal 2E de l’aéroport Charles-de-Gaulle, « dormant sur les banquettes ou à même la moquette, accueillant les sandwichs offerts par les passagers en transit », décrit le journal français, qui précise que parmi les ressortissants algériens : « En plus de quelques voyageurs isolés, trois familles avec femmes et enfants, et une personne âgée de 75 ans, cherchaient à rejoindre leurs proches restés au pays. Venus de Londres, certains n’ont plus de titre de séjour valable en Angleterre, ce qui ne simplifie pas l’affaire. »
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La réaction du Gouvernement algérien
Hier, le Gouvernement algérien a réagi au sujet de cette affaire. A ce propos, le ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer, a indiqué : « Après la détection du variant britannique de la covid-19 en Algérie le 25 février 2021, la compagnie aérienne nationale Air Algérie à Londres a pris contact individuellement avec les personnes concernées au nombre de 27 dont des enfants en les informant de l’annulation de leurs billets d’avion de Paris vers l’Algérie ». Belhimer a ainsi confirmé la version donnée la semaine dernière par l’Ambassade d’Algérie à Paris.
« Malgré le fait qu’ils étaient informés, ils (les ressortissants bloqués, ndlr) ont insisté à se déplacer à Paris les 27 et 28 février 2021 », a ajouté le ministre, qui a précisé que le consul d’Algérie à Créteil, en présence du représentant d’Air Algérie à Paris, s’est déplacé sur place à plusieurs reprises depuis le 2 mars pour convaincre les ressortissants bloqués de repartir vers leurs lieux de résidence en attendant la réouverture des frontières.
Ammar Belhimer a souligné que Air Algérie a proposé de prendre en charge : les billets d’avion vers Londres, les tests PCR, le remboursement de leurs billets, les excédents de bagages et l’hébergement des concernés dans un hôtel en attendant l’organisation de leur plan de vol vers le Royaume-Uni. « On espère de ces citoyens qu’ils fassent prévaloir la logique et qu’ils se comportent avec objectivité et sérénité et qu’ils comprennent les mesures prises par l’Etat algérien pour la santé des Algériens où qu’ils soient », a-t-il indiqué.
Air Algérie poursuivie en justice en France
De leurs côtés, les voyageurs algériens bloqués à l’aéroport parisien ont décidé de poursuivre Air Algérie devant la justice française. A cet effet, ils se sont attachés les services de deux avocats, Me Karima Hadj Said et Me Alexandre André, en l’occurrence. L’affaire devait être plaidée ce mardi selon la procédure du « référé-liberté ».
Les deux avocats se sont exprimés dans les médias français. Ainsi, dans des déclarations à Mediapart, Me Alexandre André a accusé Air Algérie d’avoir « floué » ses clients. Selon lui, la compagnie aérienne a vendu les billets des 27 voyageurs bloqués à d’autres personnes.
De son côté, Me Karim Hadj Said a déclaré au journal Le Figaro : « Personne ne se sent concerné, Air Algérie et les autorités algériennes se rejettent la balle », a pointé l’avocate qui a déposé une assignation à l’encontre de la compagnie aérienne. « Depuis le 26 février, il y a au moins deux vols par jour en direction d’Alger. Pourquoi ne peuvent-ils embarquer ? », s’est-elle interrogée.
« Il s’agit d’une crise inédite, à la fois administrative et diplomatique »
Le Groupe ADP a expliqué au Figaro : « Cela fait 22 jours que notre personnel s’occupe de leur fournir les soins humanitaires de base », ajoutant : « mais on ne peut les laisser décemment dans une telle situation. Nos terminaux ne sont pas des lieux de vie ».
« On est confronté à deux blocages : celui des autorités algériennes d’un côté, celui des passagers de l’autre, qui refusent un retour à Londres. Il s’agit d’une crise inédite, à la fois administrative et diplomatique. À ce stade, c’est aux autorités françaises, anglaises et algériennes de statuer », a estimé le Groupe ADP.
Interrogé par la même source, le MAE français a affirmé que face au bras de fer entre les ressortissants Algériens et leurs autorités, le Quai d’Orsay a multiplié les démarches afin de trouver une solution, dans la mesure de ses capacités. Mais, l’anomalie de la situation, est que les passagers ne sont pas à proprement parler sur le territoire français, mais en zone de transit international, rendant le champ d’action limité côté français, a-t-on expliqué.