Plusieurs Etats africains dont l’Algérie sont le théâtre d’une lutte à distance entre des opérations de désinformation russe et française, a annoncé ce mardi Facebook repris par l’agence Reuters.
Outre l’Algérie, selon la même source, 13 autres pays africains sont visés, notamment, la Centrafrique, qui vote le 27 décembre, le Cameroun, la Libye et le Soudan.
Facebook a précisé avoir suspendu un demi-millier de comptes et pages regroupés au sein de trois réseaux distincts. Pour expliquer sa décision, elle met en exergue des “comportements inauthentiques coordonnés”.
Selon la même source, un de ces réseaux d’influence était lié à des « individus associés à l’armée française », et les deux autres étaient en lien avec des individus associés par le passé à des opérations de l’Agence russe de recherche sur internet (IRA) ainsi qu’à son chef, l’homme d’affaire russe Evguéni Prigojine.
Pour la justice américaine de même que les agences de renseignement, Evguéni Prigojine et l’IRA, une « usine à trolls » basée à Saint-Pétersbourg, ont joué un rôle central dans les ingérences russes lors de la campagne présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.
Selon Facebook, ces deux initiatives rivales s’affrontent par l’intermédiaire de faux comptes accusant l’autre camp de propager des “fake news”.
Ben Nimmo, chargé d’enquête chez Graphika, une firme spécialisée dans l’analyse des réseaux sociaux, a précisé que les auteurs de ces campagnes de désinformation utilisaient de « faux vrais comptes », se faisant passer pour des habitants des pays visés et diffusant des photographies falsifiées.
Le continent africain est le lieu de luttes d’influences entre les grandes puissances. La campagne d’origine française a débuté à la mi-2019, promouvant dans un premier temps la politique française puis visant des « fake news russes » après la suspension par Facebook, en octobre de l’an dernier, d’une précédente campagne orchestrée d’inspiration russe visant l’Afrique.
En Centrafrique, selon Facebook, l’initiative russe défend la candidature du président sortant, Faustin-Archange Touadera, de même que les intérêts de la Russie. Leur efficacité, en tout cas en Centrafrique, semble des plus limitées, estime Ben Nimmo, qui les compare à « deux bandes de trolls se livrant à un bras de fer sans que personne n’y fasse vraiment attention ».