L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés se réunissent lundi et mardi pour tenter de redonner un peu de vigueur à un marché du brut toujours déprimé par la pandémie de coronavirus.
Après une « annus horribilis » qui a vu la consommation d’or noir et les cours sombrer, les membres du cartel pourraient décider de prolonger le niveau de réduction de leur production actuelle au-delà du 1er janvier.
L’OPEP et d’autres grands producteurs, notamment la Russie, réunis sous le terme d’OPEP+, se sont astreints cette année à des coupes drastiques dans leur production d’or noir pour tenter de l’adapter à un niveau de demande qui a fondu.
Selon l’accord en vigueur décidé en avril, le retrait actuel du marché de 7,7 millions de barils par jour doit être ramené à 5,8 millions à compter de janvier 2021, mais la plupart des observateurs tablent sur un report de trois à six mois.
Les ministres influents du cartel ont d’ailleurs envoyé ces dernières semaines des signaux en ce sens, et les bonnes nouvelles autour des vaccins ne devraient pas les faire changer d’avis.
Les laboratoires AstraZeneca, Pfizer/BioNTech et Moderna ont en effet fait part ces dernières semaines d’une efficacité élevée de leurs candidats vaccins contre le Covid-19, une véritable planche de salut pour faire repartir l’activité économique, les déplacements et donc la consommation d’or noir.
Mais leur impact ne devrait pas se faire sentir avant des mois tandis que l’action du cartel vise a minima le premier, au plus le deuxième trimestre 2021.
Mais rien n’est jamais gagné d’avance avec l’OPEP+ car le groupe des vingt-trois pays producteurs figure autant de situations intérieures différentes, et presque autant d’avis sur la politique de l’offre qu’il conviendrait de tenir.
Mi-novembre, les Émirats arabes unis ont par exemple fait preuve d’une certaine réticence à continuer à appliquer pleinement les réductions volontaires au-delà de la fin de l’année.
Le cartel doit également gérer l’appréciation toute relative de certains de ses membres à respecter les quotas de coupes qui leur sont assignés.
Les mauvais élèves qui pompent davantage que prévu par l’accord, Irak et Nigeria en tête, se font régulièrement tancer par le chef de file de l’alliance, le ministre saoudien de l’Energie Abdel Aziz ben Salmane.
Et le souvenir du fiasco du premier sommet de l’année est toujours vif. Au début du mois de mars, la Russie et l’Arabie saoudite étaient reparties de Vienne dos à dos et s’étaient engagées l’espace d’un mois dans une guerre des prix fratricides.
Si le cartel est attentif aux cours du brut, qui sont revenus à leurs niveaux du début de la pandémie, soit entre 45 et 50 dollars pour les deux références mondiales le Brent et le WTI, il guette également les données de production hors de son giron et les niveaux de remplissage des capacités de stockage à travers le monde.
L’offre du premier producteur mondial, à savoir les États-Unis, est en baisse depuis ses records historiques atteints en début d’année, à 11 millions de barils par jour. Et la victoire du démocrate Joe Biden, qui porte un projet timide mais réel de limitation de l’exploitation du pétrole de schiste dans le pays, laisse présager que le pic de la production américaine est passé.
L’OPEP+ doit également surveiller les niveaux de production dans ses rangs, d’autant que trois de ses membres ne sont pas tenus à des quotas.
C’est le cas de la Libye, dont la production presque réduite à néant en 2020 des suites d’un conflit intérieur est repartie en flèche depuis octobre. Elle a désormais dépassé le million de barils par jour, selon la Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC).
A moyen terme, une politique américaine plus souple vis-à-vis de l’Iran, également non concerné par les quotas, pourrait faire revenir sur le marché des centaines de milliers de barils quotidiens qu’il aura des difficultés à absorber en l’état.
Afp