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Harraga et referendum : De la petite à la grande traversée

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Par impatience, désarroi, ou désillusion, de plus en plus de jeunes algériens, et de moins jeunes, ont tenté la traversée de l’enfer ces derniers mois.

Les embarcations de la mort ont repris du service, et les réseaux de harragas se frottent les mains. Les chiffres sont effarants, il s’agit pour la seule période du20 au 25 septembre, de 750 harragas interceptés.

C’est un moment difficile que vit l’Algérie à la veille du referendum pour la révision de la constitution, ou il ne se passe pas une semaine sans qu’on entende le démantèlement de réseaux d’émigration clandestine. De leurs cotés les réseaux sociaux ne tarissent pas de témoignages de ceux qui ont réussi à rejoindre l’autre rive.

Est ce à dire que la jeunesse algérienne n’est pas convaincue par le projet de révision de la loi fondamentale, ni par la légitimité du pouvoir en place ? C’est ce que semble faire croire les parties qui ne trouveraient pas leur compte dans une restructuration profonde du pays. Étrangement ce sont les mêmes arguments qui ont servi pour étayer l’enquête de M6, et de toutes les attaques étrangères contre l’Algérie. De là à dire que la majorité de la jeunesse se trouve dans cet état d’esprit, relèverait du simple fait de la manipulation. Car au final le referendum du 1er novembre exprimera le choix du peuple sans ambigüité.

Toutefois cette recrudescence des tentatives de harga, à donné lieu à multiples interprétations, et lectures. Pour un grand nombre d’observateurs, il s’agit de jeunes désespérés qui ont trop attendu que le changement annoncé, arrive. Bien qu’une grande partie de leurs revendications, fût  satisfaite, et qu’une importante ouverture leurs est proposée dans la dernière mouture de la révision de la constitution, la bouffée d’oxygène qu’ils espéraient s’est évaporée devant leurs rêves d’exode. D’autant plus que les derniers six mois ont été particulièrement éprouvants pour les familles à faibles revenus. Alors qu’ils étaient déjà a bord du précipice, et sans projection de jours meilleurs, la crise de la Covid-19 leurs a assené le coup de grâce. D’un quotidien de survie, Ils sont passés à une vie incertaine et indécente. Leurs demander de patienter et de croire en une Algérie qui est en train de renaitre, est devenu, dans leur cas, un effort herculéen, dont ils n’en ont, d’ailleurs, pas la force.

Pour d’autres, cette nouvelle vague de traversées clandestines, est le reflet et le fruit amer d’une longue période de privation et de mépris imposé par l’ancien régime. Pour une partie de la jeunesse, cette période fut un traumatisme difficile à effacer du jour au lendemain, sur la seule base de promesses, fussent-elles sincères. Devenus pragmatiques et impatients par la force des choses, ces jeunes ont opté pour la témérité d’une traversée périlleuse, en guise de solution concrète, sans mesurer l’inconscience qui charge leurs décisions.

Cela étant, il est indéniable, que risquer sa vie pour tenter de l’améliorer, dénote d’une démarche, autant  kafkaïenne, qu’irresponsable. Un choix que beaucoup d’algériens n’ont pas fait, et ont montré soit à travers le mouvement pacifique, soit durant la solidarité pour lutter contre la crise sanitaire, ou encore à travers leurs engagements dans leur travail quotidiennement, que les capacités pour rebâtir l’Algérie sont réelles, et ne demandent qu’à se déployer. Il est certain que dans la tempête, de très grands pas ont été faits vers l’accomplissement fondamental, de la grande traversée, celle qui a donné pacifiquement le droit au peuple de revenir au devant de la scène politique à travers le referendum du 1er novembre. Il y’a lieu cependant  d’observer que l’aggravation de cette activité, certes, ternit l’image d’une Algérie qui veut se redresser, mais ne peut refléter l’ambition et les convictions de la majorité des algériens.

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