La condamnation ce mardi du journaliste Khaled Drareni à deux ans de prison ferme par la Cour d’Alger a suscité des réactions de la classe politique, de la société civile et de l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) dont il est correspondant en Algérie.
Khaled Drareni était jugé en compagnie de Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche qui ont été condamnés à quatre mois de prison. Les ayant déjà purgés, ils sont ressortis libres de la cour d’Alger.
La semaine dernière lors du procès en appel, le parquet a requis 4 ans de prison ferme à l’encontre de Khaled Drareni, Samir Belarbi et Slimane Hamitouche.
Le journaliste, âgé de 40 ans, a été arrêté après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation d’étudiants. Il a été incarcéré depuis le 29 mars. Il a été condamné le 10 août écoulé à 3 ans de prison ferme et 50 000 dinars d’amende.
Réaction de Me Abdelghani Badi, avocat de Khaled Drareni
Me Abdelghani Badi, l’un des avocats de le défense, a déclaré que « le verdict d’aujourd’hui est choquant. Nous avons prouvé lors du procès en appel que Khaled Drareni n’a fait aucun délit ».
« Il n’a pas porté atteinte à l’unité nationale, et il n’a pas incité à l’attroupement », a-t-il précisé, en ajoutant qu' »avec de telles décisions on ne peut pas garantir les libertés fondamentales des citoyens, ni la liberté de le presse ».
Pour l’avocat : « Nous sommes tous en danger, la presse, les avocats et tous les algériens sont en danger … ». Me Badi a fait savoir que le collectif des avocats va faire appel auprès de le cour suprême, « mais cela va prendre énormément de temps, peut-être plus de deux ans ».
Réaction de RSF et de son SG Christophe Deloire
« En confirmant la condamnation de Khaled Drareni, journaliste et correspondant de RSF, le pouvoir a voulu faire un exemple.. Il en a fait un symbole de la lutte pour la liberté de la presse et contre la censure. La mobilisation s’intensifie chaque jour », a réagi sur Twitter l’ONG RSF dont Khaled Drareni est le correspondant en Algérie.
#Algérie : en confirmant la condamnation de Khaled Drareni, journaliste et correspondant de RSF, le pouvoir a voulu faire un exemple..
— RSF (@RSF_inter) September 15, 2020
Il en a fait un symbole de la lutte pour la liberté de la presse et contre la censure. La mobilisation pour s’intensifie chaque jour#FreeKhaled pic.twitter.com/zBrwESKsBt
Son Secrétaire général, Christophe Deloire a déclaré sur le même réseau social : « Nous sommes scandalisés par l’entêtement aveugle des juges algériens qui viennent de condamner @khaleddrareni à 2 ans de prison (en appel). Son maintien en détention est la preuve d’un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente. »
« En dissuadant sa couverture journalistique, une justice algérienne aux ordres croit possible de mettre le Hirak dans une cocotte-minute et de fermer le couvercle. C’est une stratégie vaine, explosive, qui sape la légitimité de ceux qui la mettent en oeuvre », a-t-il ajouté.
THREAD Nous sommes scandalisés par l’entêtement aveugle des juges algériens qui viennent de condamner @khaleddrareni à 2 ans de prison (en appel). Son maintien en détention est la preuve d’un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente. pic.twitter.com/olbBHDIPER
— Christophe Deloire (@cdeloire) September 15, 2020
Said Salhi, vice président de la LADDH, s’est dit « choqué »
Le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) s’est dit « choqué » après la condamnation du journaliste Khaled Drareni.
« Choqué. Verdict. 2 ans de prison ferme pour Khaled Drareni, le coup de force se précise, Drareni est sacrifié en exemple pour faire taire les voix libres et discordantes. Toute ma solidarité avec Khaled », a écrit Said Salhi sur son compte Facebook.
Réaction de Mohcine Belabbes, président du RCD
Le président du RCD, Mohcine Belabbes a estimé que la condamnation de Khaled Drareni « restera gravée dans l’histoire comme l’une des pries instrumentalisation de la Justice ».
« Le verdict rendu par la cour d’Alger dans les affaires de Khaled Drareni, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche confirme la régression générale des libertés et la criminalisation de l’exercice de la citoyenneté consacré par la constitution en vigueur », a réagi le président du RCD sur Facebook.
Et d’ajouter : « Intervenant à la veille d’une énième révision unilatérale de cette constitution par les gestionnaires du statu quo, ces décisions nous rappellent que le viol de la loi est, d’abord, le fait des dirigeants officiels. »
« La condamnation de Khaled Drareni à deux années fermes restera gravée dans les mémoires et l’Histoire comme l’une des pires instrumentalisations de la justice dans la gestion des conflits politiques et contre le comportement citoyen »; a indiqué Mohcine Belabbes en concluant : « Khaled Drareni est coupable d’avoir eu une attitude active et responsable dans l’intérêt du métier de journaliste et dans l’intérêt du pays. »
Réaction du Parti des Travailleurs (PT)
Dans un communiqué diffusé sur Facebook en réaction à la condamnation de Khaled Drareni, le Parti des Travailleurs (PT) a indiqué : « Alors que ses collègues journalistes à l’échelle nationale et internationale, ainsi que tous ceux et celles qui sont attachés (es) à la démocratie en général et la liberté de presse en particulier attendaient sa libération, la Cour d’appel d’Alger vient de prononcer la condamnation de Khaled Drareni à deux ans de prison ferme », a écrit le parti dirigé par Louisa Hanoune.
La Parti des travailleurs partage « la stupéfaction provoquée par cette lourde condamnation. » Pour le PT, « rien ne peut justifier la condamnation à une peine de prison ferme d’un journaliste pour ses activités professionnelles. Il exprime sa solidarité inconditionnelle avec le journaliste Khaled Drareni et réitère l’exigence démocratique de sa libération et celle de tous les détenus politiques et d’opinion. »