La France s’attend à une baisse de 20% de sa production de blé cette année, ce qui pourrait limiter ses exportations de blé vers les pays tiers dont l’Algérie qui est considéré son premier marché.
En effet, le manque de disponibilité du blé français, la baisse des ressources financières de l’Algérie due à la chute des prix du pétrole, et l’abondance du blé russe et moins cher, sont des facteurs qui pourraient décider l’Algérie à se tourner vers la Russie pour s’approvisionner en ce produit de première nécessité.
Selon les prévision de FranceAgrimer (Etablissement national des produits de l’agriculture et de la mer) : « avec une récolte française de blé prévue en baisse de 20 % par rapport à l’an dernier à 31,3 Mt par le SSP, les disponibilités françaises seront plus limitées pour la campagne de commercialisation 2020/21. La collecte de blé destiné à la commercialisation, est prévue à ce stade à 28,6 Mt par les services territoriaux de FranceAgriMer. (…) ».
« Les exportations françaises seront plus limitées qu’en 2019/20 du fait des moindres disponibilités en France et d’une concurrence accrue sur la scène internationale dans un contexte de récolte mondiale record prévue à 734 millions de tonnes par le CIC. Le niveau d’importation de certains pays comme l’Algérie pourrait également pâtir de la chute des cours du pétrole engendrée par la Covid-19. Les prévisions de vente de blé français vers les pays de l’Union européenne sont anticipées à ce stade à 7 Mt (-6% par rapport à 2019) et les prévisions d’exportations vers les pays tiers à 7,75 Mt (-43%) », selon le bilan de FranceAgrimer.
« Un manque de disponibilité qui pourrait décider l’Algérie de commander, pour la première fois, du blé russe (…) Avec l’épidémie de Covid-19, le risque qu’elle se tourne vers le blé russe, qui lui, sera abondant, pourrait connaître un début de concrétisation cette année, juge-t-on chez FranceAgrimer, à cause de la baisse de ses recettes pétrolières. La remontée des cours du brut à 40 dollars est loin d’équilibrer les comptes algériens », a rapporté RFI.
Pour rappel, des pourparlers entre Alger et Moscou ont déjà eu lieu au sujet de l’importation du blé russe par l’Algérie. Mais ces discussions n’avaient pas abouti.
La Russie avait expédié en mars 2019 une cargaison test de 21 tonnes de blé en Algérie. Cette dernière qui exige des spécificités très strictes pour le blé qu’elle importe, avait exclu le blé russe. En plus, avec l’avènement de la pandémie du coronavirus (covid-19), les discussions algéro-russes sur le blé, ont été stoppées. Mais, avec le rétablissement de la situation sanitaire dans le monde et avec la baisse de production de blé française, un nouvel épisode de la concurrence entre la France et la Russie sur l’exportation de blé vers l’Algérie est en vue.
A noter que l’Algérie est considérée comme étant l’un des plus importants acheteurs de blé tendre dans le monde et son fournisseur traditionnel est la France d’où elle importe annuellement jusqu’à 7 millions de dollars de blé.
Selon les prévisions du département américain de l’agriculture (USDA), les importations algériennes de blé pour la saison 2020/2021 augmenteront de plus de 15%.