L’Algérie célèbre le 5 juillet la fête de l’indépendance marquant la fin de la colonisation française depuis la conquête de l’Algérie de 1830 à 1871. Une occasion pour les experts et analystes de commenter cet événement.
Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, cinquante-huit ans plus tard, en ce 05 juillet 2020, l’Algérie est toujours à la recherche de son destin, avec une transition inachevée tant sur le plan politique qu’économique. Les défis qui attendent l’Algérie après l’élection du Président Abdelmadjid Tebboune sont nombreux et complexes, selon lui.
« Toute politique de développement envisageable sur la période 2020 à 2030 n’aura de chance d’aboutir que si l’on tient compte des trajectoires du passé, afin de ne pas renouveler les mêmes erreurs. Cela implique la mise en place de nouvelles institutions débureaucratisées et décentralisées, une refonte de l’État et un minimum de consensus social pour la mise en œuvre, tout projet étant forcément porté par les acteurs politiques, sociaux et économiques », estime le professeur.
MMebtoul ajoute qu’après les événements d’Al Hirak qui a constitué un tournant historique depuis février 2020 et fait l’admiration du monde par son pacifisme, l’Algérie se trouve confrontée à l’épidémie du coronavirus, dont le choc extrême subi en 2020 aura des effets durables sur l’économie du monde.
« Cinquante-huit ans après son indépendance, fêtée le 5 juillet, l’Algérie est confrontée à l’effondrement de la rente pétrolière et doit faire face à de nombreux défis. Le moment est venu, pressant, d’un examen lucide de la situation afin d’engager les réformes profondes, indispensables pour engager le pays sur le chemin de l’avenir. D’où l’importance pour l’Algérie de se défaire du mythe de la rente issue des exportations de matières premières brutes et semi brutes », ajoue-t-il.
Il faut être réaliste, selon le professeur qui estime que le risque n’est –il pas l’épuisement des réserves de change, dès le premier semestre 2022 et pour éviter ce scénario catastrophe s’impose s plus de rigueur budgétaire, une refonte politique reposant sur la bonne gouvernance et la mobilisation générale autour des compétences nationales.
Il souligne ainsi, avec force, l’importance du devoir de mémoire et reconnaissons que les relations entre l’Algérie et la France, mouvementées et passionnelles, doivent dépasser les faux préjugés et établir la vérité en reconnaissant le fait colonial, afin d’éviter que certains, des deux côtés de la Méditerranée, n’instrumentalisent l’Histoire à des fins politiques – comme l’a souligné récemment le Président de la République, M. Abdelmadjid TEBBOUNE. Cela permettra, pour MMebtoul, d’entrevoir l’avenir pour un devenir solidaire, entreprendre ensemble loin de tout esprit de domination, chaque pays étant souverain dans ses décisions. La jeunesse a besoin de connaître son Histoire, très riche, qui ne saurait se limiter à la période contemporaine de 1963 à 2020.
« Pourtant, au-dessus de tout, l’Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. Avec le développement des réseaux sociaux, les partis traditionnels et les sociétés civiles servent de moins en moins d’intermédiation sociale et cela n’est pas propre à l’Algérie. L’opposition est atomisée et les nombreux micro-partis et organisations dites « société civile » peu efficaces pour mobiliser la population, déconnectés de la réalité du nouveau monde. Car lorsqu’un État émet des règles qui ne correspondent pas à la réalité de la société, celle-ci émet ses propres règles avec le développement de la sphère informelle », conclu le professeur.