Entre 20 000 à 25 000 étudiants algériens partent chaque année « vers d’autres cieux » (à l’étranger). Ce sont là, les chiffres avancés lundi par le ministre de l’enseignement supérieur Chems Eddine Chitour, qui s’est exprimé sur les ondes de la radio chaîne III.
« Nous avons raté le train du 21e siècle. Nous avons le devoir de tout faire pour prendre le marche-pied du train de la modernité, de la science, de la technologie, du savoir-faire, des nouvelles technologies », a déclaré le professeur Chitour.
Selon lui, « Il faut absolument conforter l’université traditionnelle et la conforter pédagogiquement, surtout, par la transparence de telle façon à ce que chacun ait son dû, qu’il n’y est pas d’interférence entre l’administratif et le pédagogique. Que chacun soit mesuré à l’aune de sa part, sa contribution, de sa valeur ajoutée ».
« A côté de cette université, il nous faut penser au futur. Et dans ces conditions, nous avons une immense chance, c’est d’avoir un campus qui est à Sidi Abdallah (Alger, ndlr), qui n’est pas encore opérationnel. Mais, nous avons l’ambition d’y implanter toutes les grandes technologies, mais aussi toutes les grandes écoles, capables de donner une visibilité à l’Algérie », a-t-il dit, précisant que parmi les établissements appelés à être créés sur ce site : des écoles de mathématique, de physique, d’informatique, d’intelligence artificielle, de robotique. Et ce, « quelle que soit la santé financière du pays, et faire en sorte de trouver l’argent pour protéger ce campus », a-t-il dit.
Pour le ministre, le plus important sera de garder les éléments qui y auront été formés, et pour cela, leur créer des statuts particuliers, de manière à ce qu’ils choisissent de rester dans le pays. « Le problème en Algérie, c’est que nous formons pour l’étranger », a-t-il lancé, en ajoutant : « Nous perdons à peu près chaque année 20 000 à 25 000 étudiants qui partent vers d’autres cieux, et vont vers les disciplines de technologie », a déclaré le Pr Chitour.
Selon Chitour, dans ce campus, vont également être implantées au titre « d’une autre vision », des écoles de médecine, de sciences économiques quantitatives, de droit de la mer, de l’espace ainsi que des conflits internationaux, « afin d’être en phase avec ce qui se passe ailleurs », a-t-il dit. « Graduellement, il faut qu’on change le cursus de l’université traditionnelle et faire en sorte qu’on protège ses 20 000 cadres ».
« J’ai mis en place des groupes de travail, pas seulement avec les algériens, mais surtout avec des algériens expatriés qui, actuellement de par le monde contribuent. Il y a l’école d’intelligence artificielle dont le programme est terminé et nous avons des algériens aux Etats-Unis, en Australie et en France, qui ont participé, et ils vont venir enseigner sous forme bloquée », a-t-il fait savoir estimant que « c’est ça le rôle de la diaspora ». « On lui demande de venir de façon séquentielle pour amener un savoir et ensuite retourner là où ils veulent », a-t-il dit.
Aller progressivement vers l’anglais
Le ministre de l’enseignement a réitéré sa volonté d’aller progressivement vers l’anglais. « Beaucoup de nos cursus pédagogiques ne correspondent plus à des métiers, il faut donc revoir tout cela. Mais, par petites touches, pas d’une façon brutale. Par exemple, nous devons aller vers l’anglais. Comment y aller? Nous irons d’une façon déterminée », a-t-il expliqué.
« Parce que, tous les pays du monde écrivent, enseignent et publient en anglais. Et l’Algérie ne doit pas se tenir en marge du monde. Il faut le faire d’une façon apaisée, que chacun comprenne que c’est une nécessité, que les diplômés des dernières années et les soutenances doivent faire l’effort nécessaire pour au moins résumer leurs thèses en une dizaine de pages », a argumenté le ministre, estimant que « les sciences sociales dans ce pays aient une visibilité à l’universel ». Selon Chitour, pour avoir une visibilité à l’universel, « il n’y pas d’autres solutions que de publier, pour qu’on sache ce que vous avez ».
Une bouse d’étudiants à 10 000 Da?
Par ailleurs, le ministre de l’enseignement supérieur a évoqué le chantier de réformes des œuvres universitaires. A ce propos, il a indiqué que « la valorisation de la bourse est un dossier global ». « Il y a 50 ans l’étudiant payait 1,2 DA les repas. Aujourd’hui, l’étudiant paie toujours 1,2 DA. L’étudiant payait 50 DA pour la chambre, 50 ans après l’étudiant paie 50 DA. Il y a donc un sérieux problème. L’étudiant actuel perçoit une bourse de 1 200 DA/mois. Manger, dormir et être transporté c’est 180 DA soit le prix d’un sandwich. Il faut donc changer », a-t-il estimé.
« Il y a plusieurs scénarios qui sont mis en oeuvre. Il faut valoriser la bourse de l’étudiants, mais, payer au prix réel », a-t-il dit, en faisant savoir qu’il y a une équipe travaille sur ce dossier et qu’il est possible que « la bourse de l’étudiant soit de 10 000 DA ».