C’est indiscutable, désormais les dés sont jetés, la prise de connaissance de l’avant projet de la révision de la constitution par toutes les parties concernées, sonne le début d’un long débat autour de la loi suprême tant attendue. Elle aura la lourde charge de porter les profonds espoirs d’un début de changement dans la gouvernance et surtout dans la concrétisation d’un projet de société, à la hauteur des attentes du peuple, en quête de justice sociale et de démocratie.
Cependant, il faut dire que si le timing de cette mise en chantier de l’ossature juridique du pays est orné d’une auréole de courage et de présence, il n’en demeure pas moins, qu’il intervient dans une conjoncture des plus complexes. Du fait que le pays frappé par une double crise, celle de l’épidémie du coronavirus et la chute drastique des prix du pétrole, le gouvernement s’est retrouvé dans la double urgence de, mettre tous les moyens pour lutter efficacement contre le Covid-19 et faire face aux conséquences lourdes de la crise sanitaire sur l’économie nationale, la prise en charge des franges de la société les plus affectées, notamment les petites entreprises, les travailleurs journaliers et les plus démunis.
Néanmoins, pour les observateurs, il s’agit d’un début prometteur, dans la mesure où pour la première fois tous les algériens sont invités à débattre et à enrichir cette première copie, puisque dans sa finalité, le processus prévoit de soumettre le projet en référendum au peuple. Ce qui en soi constitue une avancée majeure, qui permettra aux citoyens de s’assurer dans les meures de lente due de la loi suprême, de la préservation de leurs droits et libertés. Il est certain que le chemin demeure long pour arriver à une mouture consensuelle, notamment après les conflits et les divergences de visions, qui ont coûté au pays plus d’une année d’errance politique et constitutionnelle. C’est précisément à cet effet, que le débat lancé autour de la révision de la constitution représente, la plate forme sur laquelle vont s’opposer toutes les visions, pour tenter de dissiper les nuages noirs de la division, qui ont longtemps plané sur le pays. C’est à travers un affrontement direct et sans détour de toutes les forces, que l’aboutissement à un ordre de priorité auquel doivent se pencher toutes les parties, pourra être de l’ordre du possible. C’est dire que le moment pour ouvrir un chantier de telle importance, ne pouvait être plus opportun. Il est certain, que les propositions avancées par les experts, feront l’objet de critiques et d’opposition mais il est tout aussi vrai qu’elles englobent tous les aspects et dossiers qui ont fait objet de discorde et de division et introduisent, notamment dans le préambule, qui est devenu une partie prenante de la constitution depuis 2016 et notamment dans la partie nommée : « propositions hors axes » qui inclue la constitutionnalisation du mouvement populaire du 22 février et regroupe des questions épineuses qui ont marqué la société et qui contribueront à rétablir les ponts de la confiance entre le citoyen et l’Etat, dans la mesure ou elles tournent autour de la prohibition du discours haineux et de discrimination, comme il porte également sur la neutralité de l’administration dans le traitement des recours et des requêtes des citoyens. Des changements qui peuvent avoir leur pesant d’or, dans la construction de la nouvelle Algérie, du fait qu’ils touchent directement aux libertés de citoyens et à la concrétisation de leurs droits.
Par ailleurs, il est indéniable, que des refus de participer à ce chantier seront exprimés, mais d’aucun ne peuvent remettre en cause, la certitude de l‘adhésion d’une grande partie des antagonistes de la scène politique, a ce projet de révision de la loi. C’est sur ce socle de rassemblement autour d’un projet commun, que réside aux yeux d’observateurs, l’opportunité ultime de rompre avec les démons du passé et conférer aux force vives du pays une chance réelle d’émerger, loin desseins machiavélique et des plans qui ne cesseront d’être ourdis pour provoquer le chaos, au bénéfice des traditionnels ennemis de la nation.