Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer s’est exprimé jeudi sur les questions de la liberté de la presse en Algérie, la censure de médias électroniques, dont Interlignes Algérie, qu’il a accusé de s’être autocensuré pour faire un coup de pub. Le fondateur d’Interlignes, le journaliste Bouzid Ichalalene a réagi dans la soirée d’hier aux propos du ministre de la communication, qu’il a accusé de diffamation à l’encontre de son média.
Dans ses déclarations rapportées par l’agence officielle APS, le ministre de la communication a affirmé que le site d’information Interlignes Algérie n’a pas été censuré no bloqué alors que le journal électronique a indiqué dans un communiqué qu’il n’est plus accessible depuis une semaine.
« Nous supposons qu’il (Interlignes Algérie, ndlr) a été stoppé volontairement par ses propriétaires, un acte présenté comme une censure afin de bénéficier de plus d’exposition médiatique et ce, à quelques jours de la date du 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse », a déclaré Belhimer cité par l’agence APS.
Il a ajouté que cette stratégie d’association avait pour « seul but » de faire profiter la marque « Interlignes » d’une « grande » exposition médiatique dans les parutions de presse et sur les réseaux sociaux.
Cette technique marketing connue, a-t-il soutenu, dans la profession se base sur « l’incrémentation et l’indexation » des moteurs de recherche, permettant un renforcement de l’audience jusqu’à quatre fois plus, ajoutant que « ce qui permet à la marque d’être plus demandée par les moteurs de recherche et donc, au final, être mieux classée sur Internet ».
Selon lui, ce classement « supérieur est valorisé en fréquentation plus forte et, donc, en revenus publicitaires plus élevés à la fin de la crise supposée ».
Interlignes accuse Belhimer de diffamation
Réagissant aux déclarations du ministre de la communication, le fondateur d’Interlignes, le journaliste Bouzid Ichalalene a accusé Belhimer de diffamation. « Vous avez cité, aujourd’hui, notre jeune journal, bloqué depuis quelques jours, non pas pour expliquer les raisons de cette censure, mais pour nous attaquer gratuitement. En tant que premier responsable du secteur de la communication, et au moment où le discours officiel porte sur la lutte contre « la diffamation », « l’insulte » et « les fake-news », vous avez tenu des propos diffamatoires à l’égard de notre journal Interlignes Algérie », a réagit le fondateur du journal électronique dans un communiqué publié dans la soirée de jeudi.
Et d’ajouter : « C’est pourquoi nous avons décidé, en premier lieu, de vous rappeler que la crédibilité et l’audimat de notre média n’ont pas été achetés dans un marché. Ils ont plutôt acquis grâce au sacrifice de toute une équipe de jeunes journalistes soucieux du respect de l’éthique et la déontologie régissant ce noble métier ».
« Nous sommes très déçus par vos déclarations. Vous ‘supposez’ que INTERLIGNES est bloqué par son équipe pour bénéficier ‘d’une opération marketing’ ! Nous vous rappelons monsieur le ministre que cela ne fait pas partie de nos valeurs. Si c’était le cas, l’accès à notre site ne serait pas possible avec l’application VPN. Donc, de ce fait, cet argument est évidement faux, et INTERLIGNES est bien censuré », a-t-on fait remarqué dans le communiqué.
« Nous vous rappelons aussi, dans ce sens, que ce n’est pas INTERLIGNES qui contrôle l’accès à Internet en Algérie. Malheureusement, au lieu d’expliquer les raisons ayant conduit les autorités à censurer des médias électroniques, dont notre journal, vous avez choisi de nous accuser ‘d’avoir nous-mêmes fermé notre site afin de nous faire de la publicité' », ajoute le communiqué.
« A propos de cette stratégie d’association qui avait pour seul but de faire profiter la marque « Interlignes » d’une grande « exposition médiatique dans les parutions de presse et sur les réseaux sociaux », nous vous rappelons que nous n’avons pas besoin de ça. Car, deux ans seulement après notre création, notre audience dépasse largement celle de nombreux médias, plus anciens que nous et qui disposent de moyens colossaux. Et si les plus grands médias au monde ont repris notre communiqué, c’est parce qu’ils connaissent la qualité de notre travail journalistique qui fait honneur à la presse nationale en particulier et au pays en général », souligne le fondateur d’Interlignes Algérie.