L’Italie va régulariser des milliers de migrants en situation irrégulière, a rapporté lundi le journal français Les Echos. En effet, un décret va prochainement être adopté et va permettre la régularisation d’environ 200.000 clandestins qui pourront obtenir un contrat dans des entreprises agricoles, ce qui représenterait la plus importante régularisation depuis plus d’une décennie en Italie.
Cette décision de régulariser des sans papiers intervient alors que l’agriculture italienne manque de bras en raison de la propagation de la pandémie du coronavirus (Covid-19) en Italie faisant qu’environ 300.000 travailleurs saisonniers, essentiellement en provenance de l’Est de l’Europe, sont restés bloqués chez eux.
Pour pallier à ce manque de bras dans la filière agricole, les principaux représentants du secteur, Confagricoltura et Coldiretti, demandent la régularisation d’une partie des 600.000 sans-papiers présents en Italie dont la plupart travaillent déjà de manière illégale dans les champs, précise le média français ajoutant que la proposition est soutenue par les ministres de l’Intérieur, du Mezzogiorno, du Travail et de l’Agriculture.
Selon Les Echos, cette régularisation des migrants clandestins a été réclamée par la ministre italienne de l’Agriculture Teresa Bellanova depuis le mois de janvier, avant l’épidémie du coronavirus qui a provoqué dans certaines régions une baisse de 50 % des récoltes. « La régularisation des sans-papiers est une question économique mais aussi sociale et humanitaire », a indiqué la ministre italienne de l’agriculture.
L’Italie est le deuxième producteur de fruits et légumes en Europe avec un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros. Selon la Coldiretti, 40 % des produits de la terre pourraient ne pas être récoltés cette année. La prolongation des permis de séjour et l’instauration prochaine de « couloirs verts » pour faire venir de Roumanie près de 110.000 travailleurs saisonniers et leur garantir un contrat jusqu’au mois de décembre sont des mesures nécessaires mais insuffisantes.
La Ligue de Matteo Salvini s’insurge et dénonce « un nouvel appel d’air pour une invasion de migrants avec un retour des débarquements sur les côtes italiennes ». Les chiffres du ministre italien de l’Intérieur offrent un démenti avec 2.800 arrivées au cours du premier trimestre 2020 et des frontières qui restent fermées.
L’économiste et ancien président de la Sécurité sociale italienne Tito Boeri propose quant à lui d’aller plus loin en régularisant la totalité des clandestins, dont la moitié est constituée de femmes d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud travaillant comme aides aux personnes âgées mais aussi de nombreux ouvriers des travaux publics. Autant de secteurs indispensables pour surmonter la crise et envisager la relance de l’économie.