Le ministre de la santé, Abderrahmane Benbouzid s’est exprimé, dans un entretien accordé au journal El Watan publié le dimanche 19 avril, sur la refonte du système national de santé qui selon lui « a montré ses limites » avec « une gratuité de soins qui n’a pas reflété l’équité demandée ».
« L’expertise de la refonte du système a été déjà faite par l’ensemble des citoyens. Je vous invite à aller du côté de la frontière algéro-tunisienne pour constater que des dizaines de milliers d’Algériens vont se faire soigner en Tunisie dans de grandes cliniques. Pourquoi ? La réponse est simple : ils ne trouvent pas ce dont ils ont besoin ici, en Algérie, notamment l’accueil, les conditions d’hospitalisation (pannes répétées des machines, etc.). Il s’agit d’un système qui a montré ses limites avec une gratuité de soins qui n’a pas reflété l’équité demandée » a expliqué le ministre de la santé.
« Dans les établissements publics, ce sont parfois les nantis qui bénéficient de soins plus que les nécessiteux »
Selon Benbouzid, dans les établissements publics, « ce sont parfois les nantis qui bénéficient de soins plus que les nécessiteux ». « Ce qui a perverti l’objet de la gratuité de soins qui était une mesure salutaire », a-t-il dit.
« De nombreux dysfonctionnements caractérisent ce secteur, accentués par la mauvaise répartition des ressources, etc », a relevé le ministre ajoutant que « nous allons donc procéder à une refonte globale de ce système ». « Il est temps de mettre en avant la performance, d’établir une compétitivité et d’encourager ceux qui travaillent », a déclaré le ministre.
Pour Benbouzid, la refonte du système national de la santé passera par la mise en place du système de contractualisation. « Le salut est dans la contractualisation et je m’engage à le mettre en place pour assurer des soins de qualité. Sur le plan, par exemple, de la gratuité des soins, il faut mettre de l’ordre. Les personnes démunies sont à la charge de l’Etat et la loi les protège; un assuré social ne pose pas problème puisqu’il contribue; celui qui n’est ni assuré ni dans le besoin et a les moyens payera », a-t-il expliqué.
« Pourquoi cette catégorie de personnes ne contribue pas à la Caisse de sécurité sociale et ne contracte pas une assurance, qu’elle soit privée ou publique ? », s’est-il demandé, en ajoutant que « ce qui permettrait à l’hôpital de disposer d’une cagnotte pour assurer des soins ».
Il a fait savoir qu' »un groupe de travail était déjà sur le dossier de la contractualisation, avant l’épidémie de Covid-19. J’ai l’appui du président de la République pour engager cette refonte, il l’a déclaré et veut que la médecine soit de qualité et que tout le monde contribue. Il est question surtout de mettre fin à tous les dysfonctionnements déjà cités, tels que la mauvaise répartition des ressources, l’engagement de budgets injustifiés, etc », a-t-il précisé.
Modification de certains articles de la loi sur la santé
En outre, Benbouzid a évoqué la modification de certains articles de la loi sur la santé. « Il y aura une modification de certains articles, notamment ceux relatifs au service civil et à l’Observatoire national de la santé. A la place, il est prévu la création de l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Cette institution autonome sera placée sous l’autorité du chef de l’Etat et ses membres seront désignés par le président de la République. L’Agence veillera sur l’état de santé des citoyens ainsi que sur les moyens qui seront mis à sa disposition. Elle aura donc un rôle de lanceur d’alerte’, a-t-il expliqué.