Projets de déconfinement, réouverture de magasins et d’écoles : l’Europe desserre prudemment ses restrictions face au coronavirus tandis qu’aux Etats-Unis, Donald Trump affiche sa hâte de redémarrer l’économie, quand bien même le Covid-19 continue à semer la mort partout à travers la planète.
« Nous allons rouvrir des Etats, certains Etats beaucoup plus tôt que d’autres. Certains Etats pourraient en fait ouvrir avant l’échéance du 1er mai », a assuré le président américain mercredi. « Demain sera un très grand jour », avait auparavant lancé Donald Trump depuis les jardins de la Maison Blanche, promettant de présenter jeudi sa feuille de route sur cette « réouverture de l’économie ». Car selon lui, les Etats-Unis ont probablement « passé le pic » des nouveaux cas de coronavirus.
Le Covid-19 continue d’endeuiller la planète, avec plus de 131.000 décès depuis son apparition en Chine en décembre.
Les Etats-Unis paient le plus lourd tribut, avec 28.326 décès pour plus de 637.000 cas. Et ils ont enregistré un nouveau record mondial mercredi avec 2.569 décès en 24 heures, selon le comptage de référence de l’université Johns Hopkins.
Plusieurs pays, constatant des courbes de bon augure comme le ralentissement des admissions en soins intensifs et des hospitalisations, ont commencé à élaborer leurs plans de déconfinement et même à assouplir quelques mesures.
La Suisse doit dévoiler son plan jeudi, la Pologne impose ce jour-là le port du masque dans les lieux publics et certains magasins de Lituanie vont rouvrir leurs portes.
L’Allemagne compte rouvrir prochainement certains magasins et, à partir du 4 mai, les écoles et lycées.
Près de la moitié des écoliers du Danemark ont retrouvé leurs salles de classe mercredi après un mois de fermeture. L’Autriche a rouvert mardi ses petits commerces non essentiels et l’Italie, deuxième pays le plus affecté au monde avec 21.645 morts, a aussi rouvert certaines boutiques.
Le gouvernement espagnol commence seulement à évoquer la levée progressive d’un des confinements les plus stricts d’Europe, qui devrait être prolongé au-delà du 25 avril tout en étant peut-être assoupli. En Espagne (18.579 morts), seuls les adultes peuvent sortir pour aller au supermarché, à la pharmacie ou promener un chien. « Alvaro nous a dit : Je trouve que ce n’est pas juste, les adultes vous pouvez sortir et nous les enfants non ! : . Et c’est vrai ! », confie Inmaculada Paredes, 47 ans au sujet de son fils de sept ans « qui pleure plus facilement ».
Le Royaume-Uni (12.868 morts) devrait se prononcer jeudi sur une probable prolongation du confinement. Plombés par les lourds bilans quotidiens, les citoyens d’Outre-Manche s’emparent de la moindre nouvelle réconfortante, comme la guérison d’une arrière-grand-mère de 106 ans ou l’initiative d’un ancien combattant.
Tom Moore, 99 ans, a récolté mercredi après-midi plus de sept millions de livres (8 millions d’euros) pour le personnel soignant en lançant le défi de parcourir son jardin du Bedfordshire (centre) avec son déambulateur. « C’est complètement incroyable », a-t-il réagi sur la BBC.
La situation en France (17.167 morts), qui prépare son plan de déconfinement progressif à partir du 11 mai, semblait également s’orienter dans la bonne direction avec des hospitalisations en baisse mercredi pour la première fois depuis le début de l’épidémie. « C’est une première baisse et il faut la saluer », a déclaré le numéro deux du ministère de la Santé, Jérôme Salomon.
Mais des ONG ont dénoncé « des conditions sanitaires pires qu’au Sud-Soudan » dans des bidonvilles de la banlieue parisienne. « L’Etat ne pense pas à nous, il nous laisse mourir ici. Les puissants ont diffusé le virus pour tuer les pauvres », relève Livia Kovaci en roumain, les yeux humides. Avant la pandémie, près de 200 personnes vivaient dans ce camp de Saint-Denis, en banlieue parisienne, où des rats morts pourrissent au milieu des débris.
Pour aider les pays les plus pauvres frappés par la pandémie en particulier en Afrique, les pays les plus industrialisés du G7 ont pris mercredi la décision « historique » de suspendre pour un an le remboursement de leur dette. Une bouffée d’oxygène qui tombe à point nommé après la décision très critiquée de Donald Trump de suspendre la contribution américaine (400 millions de dollars par an, plus important bailleur) à l’Organisation mondiale de la santé. Il accuse l’organisation de « mauvaise gestion » de cette pandémie et d’alignement excessif sur les positions chinoises. « Nous regrettons la décision du président des Etats-Unis », a réagi le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, tandis que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a estimé que ce n’était « pas le moment de réduire le financement » des organisations combattant la pandémie. De l’Union européenne à la Chine en passant par la Russie, la France, l’Iran ou encore l’Union africaine, de nombreux pays et organisations ont aussi fustigé cette initiative de Washington. « Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS », a souligné le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.
Afp