Les Etats-Unis dénombraient jeudi plus de cas recensés de nouveau coronavirus que tout autre pays dans le monde, dépassant la Chine et l’Italie, et la propagation de la pandémie continuait à s’accélérer et à gravement affecter l’économie mondiale.
Malgré des mesures de confinement sans précédent affectant plus de trois milliards de personnes sur la planète, le nouveau coronavirus, apparu en Chine en décembre, a déjà tué plus de 23.000 personnes, dont les deux tiers en Europe, où près de 275.000cas sont officiellement diagnostiqués selon un comptage réalisé par l’AFP à 19H00 GMT.
Réunis jeudi en sommet par visioconférence sous la présidence du roi Salmane d’Arabie saoudite, les dirigeants du G20 ont promis d’injecter 5.000 milliards de dollars pour soutenir l’économie mondiale menacée par la pandémie.
En France, où le bilan atteint près de 1.700 morts, l’épidémie continue de s’aggraver avec 365 décès enregistrés à l’hôpital en 24 heure dont pour la première fois, une jeune fille de 16 ans près de Paris, selon les autorités sanitaires. « Bien que la situation reste très préoccupante, nous commençons à voir des signes encourageants », a néanmoins déclaré jeudi le patron de la branche Europe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Hans Kluge.
L’augmentation du nombre de cas en Italie, pays le plus durement touché au monde avec plus de 8.000 décès, semble ralentir, « mais il est encore trop tôt pour dire que la pandémie a atteint son apogée dans ce pays », a-t-il tempéré.
A Bergame, le macabre cortège des camions militaires emportait les cercueils des victimes vers d’autres villes. Le crématorium, surchargé, ne pouvant répondre aux besoins, la cité lombarde s’est vue obligée de les envoyer vers d’autres localités.
L’Espagne, devenu la veille le deuxième pays le plus touché au monde devant la Chine en nombre de morts, a franchi jeudi la barre des 4.000 décès.
Interrogés par l’AFP, des membres du personnel médical espagnol parlent de la « solitude immense » des malades et de leurs proches, de la tristesse des soignants, et de la crainte que « le pire » soit à venir. « J’ai cinq patients pour un seul lit. Je dois choisir. Des gens qu’on pourrait sauver sont en train de mourir, parce qu’ils ne peuvent pas être admis en soins intensifs », explique Sara Chinchilla, 32 ans, médecin dans un hôpital à Mostoles, près de Madrid.
Le célèbre stade Santiago Bernabeu du Real Madrid est mis à contribution: il va être utilisé pour entreposer du matériel médical.
Le Royaume-Uni a quant à lui pour la première fois dépassé la barre des cent morts en une journée liées au nouveau coronavirus, qui frappe en particulier Londres, confrontée à un « tsunami » de malades gravement atteints dans ses hôpitaux.
Mais l’épidémie progresse le plus rapidement de l’autre côté de l’Atlantique. Les Etats-Unis, qui avaient initialement observé de loin la propagation du coronavirus en Chine puis en Europe, sont sur le point de dépasser l’Italie avec plus de 80.000 cas de Covid-19 confirmés et plus de 1.100 morts, selon le comptage de l’université Johns Hopkins qui fait référence. C’est à New York, capitale économique connue pour sa densité, que l’accélération est la plus forte. L’Etat du même nom, compte près de la moitié des cas américains recensés, selon le gouverneur Andrew Cuomo. La situation était aussi inquiétante en Louisiane notamment à La Nouvelle-Orléans où le carnaval du Mardi Gras le 25 février, fréquenté par plusieurs centaines de milliers de personnes, a pu être le déclencheur de la contagion, selon les experts.
Conséquence des mesures de confinement sans précédent: le monde est à l’arrêt et l’économie plonge. Aux Etats-Unis, les demandes d’allocations chômage ont explosé de 1.000% la semaine écoulée et atteint un record historique. Le président américain Donald Trump, qui avait beaucoup misé sur l’économie pour sa réélection en novembre, a proposé une reprise graduelle de l’activité dans certaines parties du pays moins touchées par le Covid-19. En France, l’institut national des statistiques estime à 35% la perte d’activité économique due aux mesures de confinement.
Politiques fiscales ciblées, mesures économiques et systèmes de garantie, les 5.000 milliards injectés par le G20 visent à « contrer les répercussions sociales, économiques et financières de la pandémie », selon un communiqué de l’institution.
Représentant près des deux tiers de la population mondiale et les trois quarts du PIB planétaire, le G20 a été critiqué pour son silence jusqu’ici.
La Banque centrale américaine a de son côté promis jeudi de continuer à prêter de l’argent « agressivement » pour remettre la première économie mondiale sur les rails, au lendemain du vote par le Sénat d’un plan de soutien à l’économie américaine de 2.200 milliards de dollars.
Ces annonces ont semblé rassurer les marchés boursiers qui ont confirmé leur rebond jeudi. Les bourses de Londres et Paris ont terminé en hausse, tirées par Wall Street qui évoluait dans le vert.
L’Afrique, mal armée pour faire face à une crise sanitaire de grande ampleur, suscite également de grandes inquiétudes avec l’apparition de premiers cas au Mali ou en Libye, des pays en guerre.
Les ONG ont veulent tenter de ralentir la propagation du virus dans les pays pauvres, et éviter un scénario catastrophe dans ces nations où les systèmes de santé sont insuffisants, en proie à la guerre ou à une crise humanitaire.
L’ONU s’est aussi félicitée de l’annonce d’un cessez-le-feu par plusieurs groupes armés pour faciliter la lutte contre la pandémie.
D’autres pays ont choisi de vider une partie des prisons pour éviter une explosion des cas: les Etats-Unis vont augmenter les mesures d’assignation à résidence, et l’Afghanistan va libérer jusqu’à 10.000 prisonniers afin d’éviter la transmission dans des zones isolées et « à haut risque ».
Les détenus mexicains ont, eux, été mis à contribution afin de fabriquer jusqu’à 2.000 masques par jour.
Si l’épidémie semble endiguée en Chine, le pays a décidé de fermer ses frontières à la plupart des étrangers à partir de samedi, voyages d’affaires mis à part.
Pékin a levé les restrictions imposées depuis des mois dans la province centrale de Hubei, berceau de la pandémie, sauf dans la capitale régionale Wuhan.
La peur n’a néanmoins pas disparu et le retour à la normale est encore loin, comme à Huanggang, une des villes les plus touchées par l’épidémie, où l’activité tourne encore au ralenti.
Dans les rues, de nombreux avertissements rappellent que le virus n’a pas disparu. « Se rassembler pour jouer aux cartes est un suicide », prévient ainsi une banderole.
Afp