La Banque centrale européenne (BCE) a lancé un nouveau programme d’achat d’obligations de 750 milliards d’euros, ce plan colossal est décidé à l’issue d’une réunion imprévue mercredi soir, dans le but d’endiguer la déroute financière provoquée par l’épidémie de coronavirus, qui broie l’économie de la zone euro.
Avec une grande partie de l’Europe en confinement à cause de l’épidémie, l’activité économique se retrouve quasiment à l’arrêt et les marchés financiers ont reculé au bord du gouffre, laissant entrevoir une récession comparable à celle observée en 2008 lors de la crise financière mondiale et soulevant des questions sur la cohésion de la zone euro en temps de crise.
Sous pression pour agir afin de réduire les coûts de financement des pays les plus endettés de la zone et frappés par l’épidémie, tels que l’Italie, la banque centrale a lancé un nouveau programme dédié d’achat d’obligations, portant à 1.100 milliards ses achats d’actifs prévus sur les marchés cette année.
A lui seul, le plan annoncé en toute fin de soirée mercredi équivaut à 6% du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro. “A période extraordinaire, action extraordinaire”, a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde. “Il n’y a pas de limite à notre engagement à l’euro. Nous sommes déterminés à utiliser le plein potentiel de nos outils, dans notre mandat.”
Le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est félicité de cette annonce. “Je salue l’action de la BCE qui vient de prendre des décisions massives pour répondre à la crise du coronavirus affectant la zone euro dans son ensemble”, a-t-il dit sur Twitter.
Les achats d’actifs vont se poursuivre jusqu’à ce que la “phase critique” de l’épidémie prenne fin, a indiqué la BCE dans un communiqué, et le papier commercial non-financier sera aussi inclus pour la première fois dans les actifs éligibles.
Après l’annonce, l’euro a rebondi et gagnait 0,16% face au dollar, à $1,0929. Disant vouloir faire montre de flexibilité, la BCE a laissé entendre qu’elle ne tolérerait pas un écartement accru entre les rendements, qui ont fait monter les taux italiens et grecs ces derniers jours.
Les achats de la BCE vont aussi inclure pour la première fois la dette de la Grèce.
Élément crucial, la banque centrale a déclaré qu’elle était préparée à accroître la taille et la durée de ses achats si nécessaire et à étudier tout obstacle sur sa route – une probable référence au plafond d’achat d’un tiers de l’encours de la dette d’un pays.
Cependant la BCE a maintenu le taux de facilité de dépôt à -0,5%, comme elle l’avait fait la semaine dernière, un autre signe que ses gouverneurs pourraient désormais considérer qu’une baisse supplémentaire serait contre-productive.
Au terme d’une réunion régulière jeudi dernier, la BCE a approuvé un ensemble de mesures de soutien qui ont toutefois déçu les investisseurs, soulevant des questions sur l’engagement de la banque centrale à faire “tout ce qu’il faut” pour sauver l’euro comme l’avait promis son ancien patron Mario Draghi.
Avec la flambée des rendements obligataires en périphérie du bloc communautaire et l’allongement en quelques jours de l’écart de rendement entre l’Italie et l’Allemagne, la pression s’était accentuée sur la BCE pour qu’elle engage de nouvelles mesures.