Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, s’est attaqué à deux reprises à l’Algérie durant la journée de vendredi 28 février 2020.
Après avoir ironisé l’action diplomatique de l’Algérie au sujet de sa dénonciation et condamnation de l’ouverture par des pays africains de représentations diplomatiques au Sahara Occidental , le voilà encore, accuser l’Algérie, sans la nommer directement, d’avoir invité « les autres pays à ne pas participer au Forum de Crans Montana prévu prochainement à Dakhla » au Sahara Occidental.
« Le Forum Crans Montana sera tenu à la date prévue et connaîtra le même succès que les années précédentes, étant donné que la logique du Maroc a été toujours une logique de construction », a déclaré Bourita lors d’un point de presse vendredi à l’occasion de l’ouverture du consulat général de Djibouti à Dakhla, a rapporté samedi le média local Maroc Diplomatique.
« Le Maroc défend toutes les opportunités de coopération et de dialogue dans les provinces du Sud et si une partie veut se mettre en travers de cette logique, qu’elle assume ses responsabilités. Le Royaume connaît bien son chemin et n’en déviera pas », a ajouté Bourita cité par la même source.
Durant la même journée de vendredi, selon le média marocain Yabiladi, Nasser Bourita a invité l’Algérie « sans la citer » à préparer des communiqués de condamnation et rappeler ses ambassadeurs pour consultation.
« Celui qui se prépare à rédiger des communiqués et rappeler son ambassadeur pour consultation doit continuer sur cette voie », a-t-il déclaré lors d’un point de presse animé hier avec son homologue du Burundi rapporte Yabiladi.
Selon la même source, Bourita aurait été « surpris » que l’Algérie, « sans la citer nommément », ait rappelé son ambassadeur en Côte d’Ivoire pour « consultations » alors qu’elle n’a jamais pris ce type de mesure pour protester contre les Etats ayant ouvert des ambassades à Al Qods. Une preuve de plus que pour l’Algérie, la question du Sahara est « peut-être sa première cause nationale », à déclaré le MAE marocain.
Réagissant samedi aux propos du MAE marocain, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a déclaré, lors d’un point de presse animé à l’issue des entretiens avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul-Gheit, regretter les propos tenus par le MAE marocain, d’autant qu’en « Algérie, toutes les autorités, que cela soit aux Affaires étrangères ou ailleurs, font attention à ne pas jeter de l’huile sur le feu, notamment dans les relations avec le Maroc. »
Le chef de la diplomatie algérienne a ajouté qu’il aurait « aimé que le ministre marocain des Affaires étrangères ne fasse pas de telles déclarations », qu’il a qualifiées « d’exhibitionnistes » et « provocatrices parfois ».
« Nous n’avons jamais dit un mot déplacé », a rappelé Boukadoum, car a-t-il poursuivi, « on construit sur l’avenir, et non pas sur l’insulte et les propos inappropriés ».
Le MAE algérien a précisé que « l’action de la diplomatie algérienne est de construire des ponts et non pas d’élargir le fossé qui existe entre nous et certains frères au Maroc ». Selon Boukadoum « malgré ces propos, le droit primera devant l’arbitraire et l’arbitraire ne voilera pas le droit ».
Il a rappelé qu’ »il y a des résolutions et un droit international clair » en référence aux résolutions de l’ONU, de son Conseil de sécurité et de son Assemblée générale. Il a affirmé que « l’appartenance de la République arabe sahraouie à l’Union africaine ne peut être remise en cause » et « l’Algérie ne changera pas de position » sur ce dossier. « Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à travers les campagnes de presse préfabriquées » et dirigées contre l’Algérie, a ajouté Boukadoum.
Le MAE algérien a indiqué que « pour ce qui est des pays qui ont ouvert des consulats à Laâyoune, j’aurai souhaité qu’ils ouvrent des ambassades à Rabat ». « Et que chacun fasse ce qu’il veut », a-t-il conclu.