«La libération des détenus est un pas positif, mais cela ne suffit pas. Il faut aller plus loin.» A affirmé Me Mustapha Bouchachi, dans un entretien publié dimanche 1 mars 2020 dans les colonnes du quotidien El Khabar.
«Quand on libère des détenus et en même temps on en arrête d’autres et on bloque les accès à la capitale, qu’est-ce que cela signifie? Le régime se comporte toujours de la même manière en ce qui concerne les arrestations et la violation des droits et libertés, y compris la liberté d’expression.» Explique l’avocat et militant des droits de l’Homme.
«Nous ne pouvons pas déduire de ces libérations que la nature du système a changé.» A précisé Me Bouchachi, soulignant que «le régime doit donner un gage de bonne volonté, à travers des mesures réelles, y compris la libération des personnes encore détenues aujourd’hui et la liberté d’expression dans l’espace public et les différents médias.»
Questionné sur les acquis du Hirak, Me Bouchachi explique que le premier des faits positifs du mouvement populaire est que «le mur de la peur a été détruit, et le second est que les Algériens ont appris dans la même période de la lutte de manière pacifique, ce qui devrait être apprécié.»
Le troisième fait positif obtenu au cours de la première année du mouvement populaire, c’est «l’union et l’unité qui se sont renforcées entre les hommes et les femmes algériens et ce malgré les nombreuses tentatives du régime de frapper le mouvement et la division.» Ajoute l’avocat, précisant que le quatrième acquis du Hirak est que «les Algériens sont conscients que c’est la révolution pacifique qui les a débarrassés du régime totalitaire.»
Justice et rencontre avec Ali Belhadj
M. Bouchachi estime que la justice n’est pas libre et que les décisions relatives à la libération de certains détenus «sont des initiatives individuelles de juges qui ont appliqué la loi de manière appropriée. Les autres juges, qui sont la majorité, continuent à condamner et à arrêter.»
Interrogé sur sa rencontre controversée avec Ali Belhadj, l’ancien numéro 2 du Front Islamique du Salut (FIS, dissous), M. Bouchachi a indiqué qu’«Ali Belhaj subit des atteintes graves à ses droits (…). La visite s’inscrit dans la continuité de mes positions en tant que militant des droits de l’Homme qui se tient aux côtés de toutes personnes dont les droits ont été bafoués, sans prendre en compte leurs orientations politiques ou idéologiques. Par conséquent, il n’y a aucun projet politique derrière cette visite.»