Le Président de la République Abdelmadjid Tebboune a affirmé, dans une interview accordée à la chaîne Russia Today arabic (RT), que « le chantier de la révision constitutionnelle sera achevé au plus tard au début de l’été, et, avant la fin de l’année, nous aurons terminé avec la Constitution et le Code électoral pour parvenir, ainsi, aux élections législatives et locales ».
Pour ce qui est des appels à la dissolution du Parlement et à l’organisation de législatives anticipées avant l’amendement de la Constitution, M. Tebboune a expliqué que « la logique dans la construction d’une maison, voudrait que l’on commence par les fondations ». La Constitution, a-t-il dit, est « le fondement de tout Etat et il n’est pas normal de commencer par des élections avant de définir le rôle des élus et la question du contrôle ».
« Les mêmes raisons produisant les mêmes effets, la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives conduira au même résultat, car l’argent sale continue à circuler et le trafic d’influence existe encore ».
« Une fois réglementés tous ces aspects juridiques et criminalisées certaines pratiques, nous pourrons aller vers un Parlement dont la majorité des membres seront des jeunes intellectuels ayant suffisamment d’autorité morale pour agir », a-t-il poursuivi.
« Le Hirak a sauvé l’Etat algérie »
En réponse à une question sur le Hirak populaire que vit le pays depuis une année, le Président de la République a affirmé « avoir qualifié le Hirak de béni, en connaissance de cause », précisant que « l’Etat algérien a frôlé l’effondrement et la disparition de ses institutions et cela s’inscrivait dans le cadre de l’agenda de ceux qui voulaient faire de l’Algérie une autre Syrie, une autre Libye ou un autre Irak ».
Par ailleurs, M. Tebboune a indiqué que « le Hirak a sauvé l’Etat algérien également des dérives autocratiques et des velléités de perduration de la tragédie politique que vivait l’Algérie ».
Après avoir rappelé le rôle du peuple algérien dans toutes les étapes phares de l’Histoire du pays, notamment durant la Guerre de libération nationale, M. Tebboune a souligné que « par ce Hirak, le peuple algérien a montré qu’il était un peuple pacifique, cultivé et politisé et qu’il n’était nullement violent ou terroriste comme le prétendaient même certains frères ».
Les Algériens, a-t-il poursuivi, « ont donné ainsi des leçons au monde, notamment quant au caractère républicain de l’Armée nationale populaire (ANP), laquelle a démontré par son patriotisme qu’elle était la digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN) », rappelant à ce propos qu' »aucune goutte de sang n’a été versée ».
« En barrant la route au cinquième mandat et au prolongement du quatrième, le Hirak a fait tomber les têtes qui ont mené le pays à cette situation et conduit à la poursuite de tous ceux qui exploitaient l’économie nationale à des fins personnelles et qui sont aujourd’hui en prison », a-t-il ajouté dans ce sens.
Concernant le reste des revendications du Hirak, le Président Tebboune a précisé qu’il s’agit « maintenant de revoir le mode de gouvernance du pays, de garantir la plus large marge possible de libertés et d’instaurer l’équilibre entre les institutions pour éviter la domination de l’une ou l’autre, et partant, se prémunir contre tout dérapage vers l’autocratie et l’autoritarisme ».
S’agissant des citoyens qui continuent d’investir la rue chaque vendredi, le président Tebboune a déclaré: « personnellement, je n’y vois aucun inconvénient, c’est leur droit et c’est ça la démocratie ».
« La seule crainte, c’est les dérapages résultant de l’infiltration des rangs du peuple, même s’il en est conscient », a-t-il ajouté.