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Programme du gouvernement: De grandes ambitions mais sans mode opératoire

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Trop général et sans mesures opérationnelles pour le concrétiser, le programme du gouvernement Djerad ressemble beaucoup plus à un programme électoral écrit pour séduire des électeur, qu’à un outil de gouvernance élaboré pour sortir de l’impasse un pays paralysé par une crise multidimensionnelle.

Le document semble avoir été rédigé à l’intention du Hirak pour lui donner l’impression d’avoir été entendu et l’assurance que le chef de l’Etat, certes mal élu, est disposé à répondre à toutes ses doléances.

Il ne précise toutefois pas comment l’exécutif en place va s’y prendre, ni où il trouvera les ressources considérables nécessaires au financement de ce très large éventail d’actions promises. Pendant que ce programme est soumis à l’approbation du parlement l’action du Hirak se poursuit avec davantage d’ampleur et des événements contredisant le bien fondé des intentions du pouvoir ont été largement rapportés par les médias.

Des événements graves de nature à faire douter de la capacités du gouvernement à mettre en application ce qu’il propose de faire à travers ce programme de travail. Le chef de l’Etat n’a, en effet même pas eu le droit de nommer un directeur des Douanes auquel s’est opposée une autorité opaque, mais bien réelle. Que dire de son chef du gouvernement qui n’a même pas le droit de citer auprès de ces décideurs de l’ombre, qui lui avaient imposé une partie non négligeable de ses ministres.

Tel qu’engagé, l’exécutif aura bien des difficultés à mettre en œuvre son ambitieux programme qui requiert une autorité sans faille.
Alors que le programme de travail proposé prévoit d’accorder davantage d’autonomie aux entreprises publiques, l’action du gouvernement entamée par des limogeages autoritaires de directeurs généraux et de nouvelles nominations qui ne font pas l’unanimité sur la qualité, indique probablement que peu de choses changeront en terme de gouvernance.

L’exécutif sera peu regardant sur la loi et continuera à faire preuve d’autoritarisme en prenant, comme dans ces cas, des décisions à la place dés conseils d’administration des entreprises seules habilitées de par la loi à opérer de tels changements à la tête des sociétés. Revenir à cette forme d’autoritarisme n’est vraiment pas un bon présage pour la suite des événements.

Il y a par ailleurs, dans ce programme l’intention claire de continuer à faire tourner l’économie essentiellement au moyen des ressources budgétaires constituées en bonne partie par la fiscalité pétrolière. Or les recettes d’hydrocarbures ont beaucoup déclinées et le déficit budgétaire est énorme ( plus de 10% du PIB). Le prix du baril de pétrole ne dépasse guère 60 dollars alors qu’il en faudrait au minimum le double, pour faire face aux dépenses pour réaliser le programme proposé.

Alors que le développement économique et social du pays requiert une intervention massive du privé, il est regrettable de constater que le gouvernement est resté rivé sur le secteur public, oubliant que l’écrasante majorité des entreprises concernées sont en situation de faillite. Sur 1400 entreprises publiques économiques qui constituent ce secteur, environ 900 ont un actif net négatif.

Si effectivement le gouvernement Djerad souhaite mettre à contribution le secteur privé, il n’est nul part précisé dans le document, comment il s’y prendra, ni ce qu’il compte faire avec précision pour le conforter en améliorant, notamment, le climat des affaires, en mettant fin à l’instabilité juridique qui n’aide pas l’entrepreneuriat. Ça ne sera, à l’évidence, pas le cas puisqu’on annonce déjà que le gouvernement continuera à réguler les entreprises au moyen des lois de finance qui ne leur réservent pas, comme on le sait, que des bonnes surprises. A la veille de la préparation d’une loi de finance complémentaire pour l’année 2020, un entrepreneur privé nous affirmer «se tenir le ventre » de crainte qu’un impôt supplémentaire ou une mesure irréfléchie, n’accentue ses difficultés déjà nombreuses.

Notre conviction intime est qu’il n’y a pas grands changements à attendre de ce programme d’actions même s’il comporte une certaine cohérence théorique et un clin d’œil bien veillant en direction du Hirak. Il est vrai qu’en lisant certains chapitres du document on pourrait croire qu’il a été rédigé par un comité du Hirak tant les actions promises correspondent parfaitement à certaines de ses réclamations. Mais, il ne faut pas être naïf en agissant ainsi le gouvernement veut tout simplement montrer qu’il est le maître à bord et que rien ne se fera sans lui.

Le refus d’accorder au Hirak, c’est à dire au peuple algérien, ce qu’il revendique depuis bientôt une année et qu’il continuera sans doute à faire jusqu’à obtenir satisfaction, n’est effectivement pas de nature à créer un climat favorable au travail et aux améliorations qualitatives promises par les rédacteurs du document. Les membres du gouvernement qui ne peuvent même pas se déplacer en toute quiétude dans les régions du pays, auront bien du mal à veiller à la bonne exécution du programme une fois approuvé. Suivre le déroulé des projets à partir d’un bureau n’est assurément pas la meilleure garantie de leur bonne exécution. Des visites de contrôle et d’inspection sur les sites des projets sont indispensables mais ne sauraient malheureusement se produire dans la conjoncture politique actuelle.

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