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Plaidoyer pour une intégration économique de l’Afrique

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Nous vivons dans cette ère de la complexité où les évidences elles-mêmes, ont besoin de démonstration pour être acceptées. Certains points de vue, portés par des préjugés tenaces et une vision monolithique, ont cette fâcheuse tendance à présenter l’Afrique comme un même pays, ayant une même culture. Au-delà de la vision simplificatrice et idyllique, nous voudrions ne retenir de ces points de vue, que le rêve qu’ils permettent de nourrir : celui de voir tous les pays du continent parfaitement intégrés dans une seule et même entité mais riche de toute leur diversité. Car, « ensemble on va plus loin », comme l’enseigne la sagesse populaire et les logiques de solidarité autorisent des synergies qui permettent de faire face aux injures du temps.

QUE FAIRE ALORS ? Nous n’avons pas le temps de nous en vouloir à nous-mêmes d’avoir attendu aussi longtemps avant de faire tomber les barrières tarifaires et non tarifaires qui ont marginalisé tant d’économies et nous ont empêchés de tirer parti de notre capital physique et humain. 

Construire les scénarios du futur : produire nos futurs communs, dans une démarche harmonisée, est la seule voie qui s’offre à nous parce que partageant les mêmes vulnérabilités et défis. Il est temps de transformer les fatalités en synergies, le présent en avenir, et reprendre ainsi l’initiative de notre destinée. La fragmentation et l’éclatement de nos espaces économiques qui hypothèquent notre développement, doivent être relégués aux oubliettes. L’intégration doit être le socle stratégique et opérationnel à partir duquel les changements durables que nous voulons faire advenir, sont construits. Des projets d’envergure, au niveau macro ou micro, ont eu des impacts positifs qui améliorent chaque jour la vie de millions d’Africains. La Banque africaine de développement, en finançant des infrastructures de connectivité transfrontalière, transforme le quotidien et agit sur le futur des bénéficiaires.

Les projets créateurs d’intégration

Il s’agit, tout en ayant une parfaite connaissance des tendances lourdes découlant de l’évolution de nos sociétés, de s’appuyer sur les germes de changements du Continent pour construire le Futur.

Le projet de dorsale à fibre optique d’Afrique centrale, de plus de 1000 km entre la République centrafricaine, le Cameroun et le Congo, et d’un coût de 33, 28 millions d’euros, découle de cette évidence criarde que les technologies de l’information et de la communication sont porteuses d’opportunités de développement. Plus de deux millions de personnes bénéficieront des retombées du corridor entre le Malawi, la Zambie, et le nord du Mozambique. Le soutien à cet ambitieux projet, à hauteur de 37 millions de dollars, est adossé à nos convictions fortes sur l’intégration par la connectivité des voies de communication. Ainsi, l’investissement souscrit pour la route Addis-Abeba-Nairobi-Mombasa de 1 000 km, a donné une impulsion de près 400 % aux échanges entre l’Éthiopie et le Kenya.

Au total, environ 14 millions de personnes ont eu accès à des services améliorés de transport, grâce à la priorité programmatique « Intégrer l’Afrique », déclinaison de cette ambition quintuple que la Banque a nommé les HIGH5. C’est dans une démarche, toute faite d’innovation et de pragmatisme économique que la Banque a organisé en 2018, le 1er Forum de l’investissement en Afrique (Africa Investment Forum) pour sortir audacieusement des sentiers battus, et accélérer la transformation économique de l’Afrique. Y ont pris part 2000 participants de 87 pays, et 400 investisseurs de 52 pays. Le volume du potentiel d’investissements est évalué à plusieurs centaines de milliards. Le Forum de 2019 à Johannesburg, repoussera encore les limites.

Il fallait également de l’ambition pour le projet combiné du pont route–rail entre Kinshasa et Brazzaville de près de 1800 mètres, soutenu par la Banque africaine de développement, et lancé par la signature d’un accord lors du Forum. L’accélération des échanges commerciaux et un espace mieux intégré offrant plus d’opportunités sont des retombées escomptées.

La ZLECAF, une rupture historique

Le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine, couronnement de tant de décennies d’efforts ininterrompus, constitue en soi un tournant dans la pensée stratégique pour l’intégration du continent. Elle réalise une autre évidence : ensemble nous devenons plus forts.

Signée par 52 pays du continent, la Zlecaf, permet d’entrevoir ce rêve longtemps caressé de 9000 kilomètres de lignes de transmission transfrontalières et d’envisager la construction/réhabilitation de près de 16400 kilomètres de voies de communication permettant de tirer vers le haut la connectivité intra-régionale. Des corridors de transport élargis et améliorés, un commerce intra-africain qui atteint une hausse de 23%, une connectivité internet augmentée de 30 %, un marché plus vaste de 1,2 milliard de personnes avec un PIB combiné de 2 500 milliards de dollars. Rien de moins que la plus grande zone de libre-échange au monde !

Il faut protéger les acquis de l’intégration pour que ses promesses se réalisent car c’est maintenant qu’il faut construire le futur.

Source : BAD

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