Facebook va sortir son chéquier. L’entreprise a indiqué lundi qu’une partie seulement des médias dont les articles apparaîtront dans sa future section « actualités » («news tab ») seraient rémunérés. « Dans le but d’inclure une large variété de thématiques, nous commencerons par payer un sous-ensemble de publications qui peuvent fournir de façon régulière un certain volume de contenus originaux, basés sur des faits », a détaillé Mari Melguizo, port-parole de Facebook, en réponse à une question de l’AFP.
Le réseau social aux 2,4 milliards d’utilisateurs mensuels a récemment confirmé que cet onglet d’informations, dont le lancement est prévu dans les semaines à venir aux Etats-Unis, serait édité par des journalistes recrutés dans ce but. « Le nombre d’organes de presse inclus dans la section va croître avec le temps », précise Mari Melguizo.
D’après un article du Wall Street Journal, Facebook prévoirait de payer un quart des 200 publications qui devraient apparaître dans l’onglet. Une équipe d’employés du géant californien sélectionnera les nouvelles sur différents sites d’information, mais ne produira ni n’éditera aucun contenu.
Cette politique est conforme au credo de Facebook, qui a toujours refusé de se considérer comme un média et d’endosser les responsabilités éditoriales – et réglementations – qui vont avec. Mais le recours aux humains représente un tournant, car ce sont habituellement les algorithmes qui rythment l’expérience de l’utilisateur, en définissant automatiquement la hiérarchie des messages sur son « mur », en fonction de ses préférences et de sa navigation.
L’onglet « Actualités » sera séparé de ce fil central où se mêlent déjà les dernières nouvelles des contacts, les articles et vidéos qu’ils partagent, et les publicités. Les algorithmes détermineront tout de même quels contenus seront mis en avant pour chaque utilisateur, en fonction de « signaux » comme les pages favorites, les abonnements à des publications ou les interactions avec des sites d’information.
Facebook a entrepris de multiples initiatives pour combattre l’image d’un réseau qui serait devenu un outil de désinformation pour certains organes de propagande et autres entités malveillantes, notamment en période d’élections nationales, depuis que les campagnes de 2016 pour le Brexit au Royaume-Uni et le scrutin présidentiel aux Etats-Unis ont été marquées par des tentatives de manipulation de l’opinion depuis la Russie.
Facebook et Google ont établi des relations paradoxales avec les éditeurs de presse. Les deux plateformes sont devenues des sources d’information pour leurs milliards d’utilisateurs, et dominent le marché publicitaire mondial, tandis que les publications historiques, dont les recettes traditionnelles (vente à la pièce, publicité non numérique, etc) se sont effondrées, peinent pour la plupart à générer des revenus en ligne. Plus tôt cette année, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a assuré vouloir « financer autant de journalisme de grande qualité que possible ».
Afp