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Djamel Chorfi, expert en architecture : « Les villes nouvelles sont un fiasco »

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L’expert en architecture, Djamel Chorfi, a qualifié, ce mercredi 22 mai 2019, les villes nouvelles qu’a réalisé ou en cours de réalisation par l’Etat de « fiasco » dans le sens qu’on a réalisé des « villes dortoirs ».

« Les villes nouvelles finalement sont pour moi un fiasco, dans le sens qu’en fin de compte on a réalisé des villes dortoirs », a estimé l’expert en architecture, qui s’exprimait dans l’émission « L’Invité de la Rédaction » de la Chaîne III de la radio nationale.

Pour étayer ses propos, Djamel Chorfi a s’est attardé sur l’exemple de la ville nouvelle de Sidi Abdellah à Alger annoncée par les autorités comme une ville intelligente ou « Smart city ».

« Donnons l’exemple de la ville de Sidi Abdellah pour ne pas de la ville nouvelle d’Ali Mendjeli (Constantine) qui est une catastrophe naturelle qui est reconnu par les responsables algériens », a-t-il dit.

 Expliquant les raisons pour lesquelles il considère la ville nouvelle de Sidi Abdellah comme une « catastrophe naturelle », il a fait savoir que « les 50 000 logements avec un taux d’occupation par 5, il va y avoir un quart de million (250 000) d’habitants, qui sortent chaque matin à 9H00 sur Alger pour aller au travail. Donc, à 9H00 et 10H00, Sidi Abdellah, est une ville fantôme. La ville qui ne crée pas son emploi, ses richesses, ce n’est pas une ville ».

«On est le seul pays au monde, qui ramène de l’étranger ceux qui conçoivent notre chez-soi », a indiqué M. Chorfi, estimant que « c’est inconcevable ». Selon lui, « on peut importer une étude, ramener un bureau d’études pour nous faire un hôpital, une université, mais, pour faire un logement, c’est propre à nous, parce qu’il y a ce qu’on appelle l’ancrage identitaire, il y a aussi l’étude sociologique qui est très important, donc, il faut choisir quelqu’un de l’Algérie ».

«En matière de ses études des villes nouvelles, quatre (4) sont confiées aux coréens, et comme par hasard, ils ont adopté des villes. C’était Sidi Abdellah, Bouinane, Boughezoul et Hassi Messaoud, et par la suite, la ville nouvelle de El Menea a été confiée aux français puis elle a été transférée à un pôle d’excellence, un pôle urbain», a-t-il rappelé.

Il a expliqué que « malgré cela, les études n’ont pas connu la maturation. Il y a eu un facteur qui intervenu pour bafouer tout ça, c’était que, le gouvernement était à la recherche d’assiettes foncières, et ils ont inondé ces projets théoriques par l’implantation des projets de logements AADL et LPP. Comme la réserve foncière de Sidi Abdellah et Bouinane, tout a été consommé par le segment AADL et LPP, et c’est pour cela que le résultat était voué à l’échec à l’avance. Maintenant, si on part visiter Sidi Abdellah, réellement, c’est une ville comme Tchernobyl, c’est-à-dire, ce sont des cages à poules, une architecture containers. Donc, il n’y a pas une identité architecturale qui peut nous situer dans un pays qui s’appelle l’Algérie ».

Les sud-coréens nous ont volés 3.7 mds Dollars dans le projet de la ville nouvelle de Sid Abdellah

Selon M. Chorfi, dans le projet de la ville nouvelle de Sidi Abdellah, « les sud-coréens nous ont volé ». Il a précisé que le jour où ils ont eu le marché, il a coûté presque 5.5 milliards de Dollars. Ils ont pris une avance de 3.7 milliards de Dollars sans qu’ils fassent finalement avancer les travaux de 10%. Pire encore, c’est interdit de faire la sous-traitance à 100%, parce que, ce n’était pas une entreprise. Ils (les sud-coréens) ont sous-traité à 100% avec les entreprises algériennes, à leur tête c’était Cosider. Et par la suite, en faisant le bilan, le Gouvernement de Sellal, a décidé de résilier avec les coréens, faute de quoi, ils n’avaient pas satisfait les conditions ou les closes du marché, et au bout, ils n’ont pas restitué l’avance ».

« Ils ont fait une résiliation à l’amiable, chose qui est interdite », a-t-il expliqué, insistant sur le fait que « les coréens nous ont volé ».

Pour corriger le tir concernant le fiasco de ces projets de villes nouvelles, M. Chorfi a estimé qu’il faut rendre « le blason à l’architecte algérien ». « On a de grands architectes, pourquoi ne pas les associer dans des cadres de concours d’idées et de la mise en valeur », a-t-il expliqué.

Mais, a-t-il poursuivi, « si on continue à favoriser l’étranger, chercher des solutions auprès de ces étrangers, je ne pense pas qu’on peut arriver à corriger ». Tout en affirmant qu’il a totalement confiance en les architectes et urbanistes algériens, il a dit qu’il faut leur donner « l’espace, le temps et les moyens pour s’exprimer dans un cadre réglementaire bien défini, et il ne faut qu’on tisse des cahiers de charges sur mesure, pour faire sortir les bureaux d’études étrangers et exclure les architectes algériens ».

« Le complexe du gouvernement algérien c’est toujours de vouloir travailler avec l’étranger. En 2014, en matière de services, les transferts de fonds à l’étranger se sont élevés à plus de 13 milliards de Dollars, plus que le budget de la Tunisie. Ce sont des études. La part des algériens n’était même pas 1%. Et ces 1% ce sont les 6000 architectes et 3000 ingénieurs. Donc, on ne favorise pas l’algérien, et on a toujours ce complexe, et tout ce qui vient de l’étranger on l’accueille à bras ouverts et tout ce qui est algérien ont le rejette », a-r-il expliqué.

Il a relevé que dans le secteur de l’habitat, l’équipement a consommé ces 15 dernières années 151 milliards de Dollars. « C’est chiffre qui fait peur, dont les entreprises étrangères qui représentent 80% dans le secteur en ont transféré assez », a-t-i précisé.

Casbah d’Alger : Jean Nouvelle n’est pas qualifié dans la réhabilitation

Concernant la réhabilitation de la Casbah d’Alger confiée à l’architecte français Jean Nouvel, M. Chorfi, tout en reconnaissant ses talents dans la réalisation et de sa notoriété à travers le monde en réalisant des ouvrages dans les cinq continents, il a estimé qu’il n’est pas qualifié dans la réhabilitation et la restauration. « En France, il y a deux tableaux des architectes : Le tableau des architectes dans le bâtiments et celui des architectes monuments. Et Jean Nouvel n’est pas inscrit dans celui des monuments, et j’ai dit qu’il n’a jamais réhabilité de toute sa vie, et je vois mal qu’on lui donne le projet de réhabilitation de la Casbah, pire encore, revitaliser l’espace Casbah ».

Théoriquement, il n’y pas de crise de logements en Algérie

Commentant le chiffre de 4.3 millions de logements avancé par le Gouvernement concernant et réalisés ces 15 dernières années toutes formules confondues, l’expert en architecture a estimé que, « le chiffre annoncé est au-delà de la réalité ».

« Sur le plan théorique, on n’a pas de crise de logement, parce que, selon le RGPH (Recensement général de la population et de l’habitat), on est à environ 11 millions de logements pour 44 millions d’habitant, et quand on fait une opération mathématique de division, on ne trouvera même pas 4 personnes par logements », a-t-il expliqué.

« Mais, sur la demande qui ne cesse pas d’augmenter au niveau des 1541 communes, on comprend que le logement, réellement, il n’est parti pour celui qui le mérite », a-t-il estimé, préconisant de revoir les commissions de distribution des logements au niveau des wilayas.

«Il n’y a aucune qualité enregistrée à l’échelle nationale »

Concernant la mauvaise qualité des logements réalisés, M. Chorfi a relevé plusieurs facteurs, notamment, le manque d’études approfondies, le manque de suivi et de contrôle dans la réalisation, et une mauvaise organisation et de gestion du projet de logements en Algérie en amont et en aval. Il a relevé également le problème de la disponibilité des assiettes foncières, on lance des projets de logements sans s’assurer de la disponibilité des terrains, aussi, les projets lancés dans l’urgence, la crise financière de 2014, ainsi que les projets attribués puis retirés aux étrangers, parmi les causes des retards enregistrés dans la réalisation des différents programmes de logements.

« Dans le domaine du logement, il n’y a aucune qualité enregistrée à l’échelle nationale, et sa reste un cas isolé dans quelques projets, et qui sont réalisés dans la plupart des cas par des entreprises algériennes », a-t-il affirmé.

Il a expliqué que, si on a fait appel aux étrangers, c’est parce qu’on a lancé des projets au-dessus de nos capacités et pour une période transitoire, et ce qui a fait que ces étrangers soient au-devant de la scène du BTPH, parce qu’on fait dans « le transitoire qui dure ».

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