L’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, est revenu, mercredi, dans un entretien à l’agence officielle, sur tous les développements de la situation politique qui prévaut dans le pays. Il a exposé sa vision sur une sortie de crise, l’organisation de l’élection présidentielle du 4 juillet prochain, les discours de l’institution militaire…
Ahmed Benbitour a appelé, à une « lecture attentive » de la Constitution pour aboutir à une solution politique à la crise que traverse le pays « sans trop s’éloigner de ses dispositions ».
M. Benbitour a estimé que « l’idée du respect stricto sensu de la Constitution ne fera pas sortir le pays de la crise », expliquant que « la solution politique s’opère par un changement serein du régime à travers l’application des articles 7 et 8 de la Constitution puis l’activation de l’article 102 durant une période de transition qui devra donner lieu à l’élaboration d’une feuille de route pour une sortie de crise, la désignation d’un gouvernement de transition et la définition des modalités d’organisation d’une élection Présidentielle régulière ».
Benbitour propose la désignation d’un représentant du Hirak par wilaya
Par ailleurs, M. Benbitour a mis en avant l’importance de choisir des représentants compétents du Hirak populaire pour des « négociations » avec les parties dirigeantes en vue d’un « changement total du système ».
Le Hirak populaire qui réclame un changement radical du système « se doit de passer » à une nouvelle phase à travers « la désignation de représentants officiels capables d’élaborer une feuille de route pour négocier avec les parties dirigeantes en vue de réaliser la principale revendication de la rue algérienne, à savoir le changement de tout le système ».
Plus explicite, M. Benbitour propose la désignation d’un représentant par wilaya pour que ces représentants se réunissent, par la suite, pour élire trois d’entre eux pour parler au nom du Hirak.
Benbitour dit avoir un programme de sortie de la crise politique
Se disant disposé à « apporter son aide » dans la transition qu’il prône, en contribuant à l’élaboration de la feuille de route pour la gestion de cette étape, il a indiqué avoir « un programme » de sortie de la crise politique que traverse le pays.
A la question de savoir s’il accepterait de diriger cette transition, M. Benbitour a affirmé que c’est là « une grande responsabilité historique », mais, a-t-il ajouté « je ne peux frapper aux portes » soulignant que « La rue refuse actuellement qu’on la représente ».
« Lorsque les manifestants et le régime conviendront d’un accord sur une transition, je ferai part de ma position concernant la direction de cette étape », a-t-il déclaré.
Dans le même sens, M. Benbitour a estimé que « l’opposition ne peut actuellement convenir d’un candidat de consensus pour la conduite de l’étape de transition », affirmant que « l’opposition peut être représentée par plus d’un candidat ».
Commentant les discours de l’institution militaire au sujet de la crise, M. Benbitour a estimé que ces discours étaient une preuve qu’elle (l’institution militaire) « avance prudemment », mettant en garde contre la durabilité du statu quo car, a-t-il dit, « plus le temps passe, plus les revendications augmentent et les solutions deviennent difficiles ».
Par ailleurs, l’ancien chef du Gouvernement a qualifié l’ouverture des dossiers de corruption par la justice de « premier pas positif » dans la lutte contre la corruption, affirmant que ceci reste insuffisant pour « éradiquer cette corruption, érigée en système, et dont la lutte requiert un changement des institutions ».
M. Benbitour a plaidé, en outre, pour « une séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire », soulignant « l’impératif de veiller à l’application des décisions du magistrat ».
Absence des moyens d’organisation de cette élection
Quant à la Présidentielle, prévue le 4 juillet prochain, M. Benbitour a relevé « l’absence » des moyens d’organisation de cette élection » à laquelle il ne participera pas, a-t-il dit.
En réponse à une question sur sa non participation aux consultations auxquelles a appelé le chef de l’Etat, M. Benbitour a considéré que « l’heure n’est plus au dialogue », ajoutant que « ce dialogue est désormais dépassé par les évènements ».
Évoquant la crise économique à laquelle fait face l’Algérie, M. Benbitour a réitéré son appel à « une politique d’austérité en synergie entre les citoyens et le régime », afin de faire face à la baisse continue des recettes des hydrocarbures qui « ont chuté de 63 milliards USD en 2013 à 27 milliards USD en 2016 ». A ce propos, il a tiré la sonnette d’alarme quant à l’impact sur l’économie nationale « de taux d’inflation énormes et d’une pénurie des produits de consommation à partir de 2021 ».
Sollicité de donner sa vision de l’avenir du pays à l’ombre de la conjoncture actuelle, M. Benbitour s’est dit « moins pessimiste » en ce sens que les Algériens étaient « sur la bonne voie », appelant à « la poursuite du Hirak populaire ».
APS