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Mokdad Sifi, ancien chef du Gouvernement : «Le mouvement populaire n’est pas une crise, mais la solution de la crise en Algérie»

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L’ancien chef du gouvernement en 1994 et 1995, Mokdad Sifi, a estimé que «le mouvement populaire» n’est pas une crise, mais, le début de «la solution à la crise que vit l’Algérie depuis 1999».

«J’étais content et heureux quand j’ai vu le peuple manifester, et j’ai participé à ce qui se passe, en sortant pour manifester. Et c’était la joie, j’ai beaucoup rit. Soit je ris soit je pleure. J’aime mon pays, je l’aime comme tous les autres algériens. Et je suis content, parce que c’est avenir prospère qui se dessine, et les capacités existent. L’Algérien possède des capacités énormes dans tous les domaines. Nous avons des femmes et des hommes de hauts niveaux», a estimé l’ancien chef du gouvernement.

Selon lui l’Algérien qui est sorti exprimer son ras-le-bol «veut être respecté et considéré et il veut qu’il y ait des perspectives d’avenir, et quand le citoyen fait confiance, et soit respecté et considéré à sa juste valeur, il réalise des choses que personnes ne peut imaginer».

«Mon avis c’est l’avis du peuple et je suis toujours derrière la décision du peuple. Je dis toujours que le peuple c’est la base et l’essentiel. Les responsables, ils quitteront tôt ou tard leurs postes et la vie aussi», a-t-il ajouté, en précisant que «même si, il s’agirait d’un président que j’apprécie ou que je le soutiens, mais, le plus important doit toujours rester le peuple. On ne peut pas sacrifier un peuple pour un président, mais, une personne peut être sacrifiée pour le peuple».

Pour Mokdad Sifi «la crise en Algérie a commencé en 1999 et elle s’est empirée depuis jusqu’à aujourd’hui. Elle est devenue tellement étouffante, c’est pour cela que le peuple s’est levé».

Selon lui, il n’y pas d’autre solution pour le changement que le départ du système. «Dans d’autres pays, le système n’est le même que chez-nous. Il y a la démocratie ou un type de démocratie, il y a le respect de l’autre, du citoyen, du peuple, des cadres, il y a un travail sur l’avenir du pays…etc. Mais, chez-nous, on n’a pas remarqué cela, au contraire, il y a l’injustice, la corruption…etc. Il faut que le changement soit radical», a-t-il indiqué.

«Lorsque nous arriverons à éjecter ce système à l’origine de la crise depuis 1999, les choses vont s’éclaircir aux yeux du citoyen qui met tout le monde dans le même sac, car il n’a pas les détails précis de ce qui se passe à l’intérieur du système. Et ensuite, il y aura la justice. Et n’oublions pas que la chose la plus importante c’est la justice, et à ce moment-là, quand quelqu’un dévie du chemin, il sera jugé», a expliqué l’ex chef du gouvernement.

Commentant le fonctionnement du régime, il a expliqué que le système actuel auquel demande le peuple de partir est le même depuis 1999. «Le système c’est des personnes, des pratiques de travaille, et quand un système est né, il fonctionne tout seul, parce qu’il est guidé par des intérêts des uns et des autres», analyse-t-il.

«Quand on regarde cette personne-là (Bouteflika), il ne faut pas oublier qu’il y a tout un environnement autour, et il a des intérêts, il applaudit et se met à plat ventre. Quand une personne de niveau supérieur dit : ‘’l’Algérie possède Dieu et Bouteflika’’, il ne reste plus rien», a-t-il lancé, faisant référence au pro-Bouteflika.

Mokdad Sifi a appelé les citoyens à être vigilant face au système car, il est difficile. «Il faut cependant faire attention, parce que, ce système est très pugnace, et ne partira pas facilement. Mais, il a en face de lui tout un peuple. Et à mon avis, le peuple est tout», a-t-il déclaré sur le plateau de la chaîne El Bilad.

L’ex chef du Gouvernement a refusé de participer à la conférence nationale inclusive qu’a proposée Bouteflika sans même être a sollicité. Ceux qui participeront à la conférence nationale ne seront plus respectés, a-t-il déclaré.

Sur le plan économique, Mokdad Sifi a estimé que, l’économie algérienne a commencé à régresser depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui. Il a rappelé qu’avant 1996 la participation de l’industrie dans le PIB était de 14% et actuellement elle est de seulement 4%.

«1200 milliards de Dollars de rentrées d’argent en 20 ans, et le résultat : l’impression de billets (la planche à billets)», qu’a qualifié Mokdad Sifi comme un blanchiment d’argent. «Parce que, selon lui, cette masse d’argent émise n’a pas d’équivalent, et on se dirige vers un endettement interne très important».

Il a considéré que, le champ politique en Algérie est verrouillé. L’activité et l’action partisane est limitée. «Les partis politiques sont limités dans leurs actions et activités. Dans la majeur partie du temps, partis politiques n’ont même pas d’endroits où se réunir et jouer leurs rôles», a-t-il estimé.

Mokdad Sifi a fait savoir qu’il avait refusé des postes de responsabilités avant et après Bouteflika. Il a révélé aussi avoir été sollicité avant de se porter candidat à l’élection présidentielle de 1999, de soutenir Bouteflika et participer à son émergence. Il a dit avoir été sollicité par le général Larbi Belkhir (décédé en 2010). Chose qu’il avait refusé.

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