N’ayant pas tenu ses promesses d’engager les réformes nécessaires à l’édifice d’une nouvelle Algérie conformément aux revendications du peuple, notamment ses jeunes composantes, pendant les vingt années de ses quatre mandats, le président Abdelaziz Bouteflika veut faire croire à la possibilité du changement en quelques mois et en violation de la Constitution, dans un état de santé très précaire, selon sa lettre.
Et afin d’assurer la continuité de ce système gangrené par la corruption, une personnalité «opposante» a été chargée de convaincre «l’opposition» de la nécessité de prolonger le mandat présidentiel d’une année, en violation des dispositions constitutionnelles, sous couvert d’une conférence nationale. Face à l’échec de cette tentative, le corps électoral a été convoqué pour le 18 avril 2019 pour faire passer le cinquième mandat d’un président qui a du mal à finir le quatrième. Dans leur fuite en avant, les groupes qui gravitent autour du président ont cru avoir réussi à faire taire définitivement le peuple en tentant de provoquer une psychose collective d’un retour de la décennie noire en cas d’insurrection populaire.
Or, le peuple algérien a démontré par des marches imposantes et pacifiques qui ont ému et donné une leçon au monde entier qu’il est l’honorable héritier des enfants de novembre. Les télévisions du monde ont transmis les images des étudiants, des avocats, et même des magistrats, dans leurs marches contestataires du cinquième mandat et du système qui a confisqué la souveraineté populaire. L’Algérie de novembre vient encore d’inscrire dans les pages de l’histoire une révolution pacifique sans précédent. En dépit de la détermination de la rue et de la clarté des revendications légitimes, un dossier a été déposé en violation des lois pour permettre au président de présenter sa candidature. Dans sa lettre du 11 mars, le président déclare « qu’il n’a jamais été question » pour lui de briguer un cinquième mandat à cause de son état de santé. Quel traitement réserve-t-il dans ce cas à ceux qui l’ont poussé à cette aventure ?
Suite à l’échec de toutes les tentatives des clans au pouvoir et à l’imminence d’une fin du système corrompu, ce dernier revient par la lettre du 11 mars à sa première thèse pour jouer les prolongations dans le but d’assurer sa continuité.
Le président a décidé d’une part de rester au pouvoir pour une durée minimale d’une année en dehors et au mépris de la Constitution, et d’autre part d’organiser une conférence nationale qui comptera sans doute des comités de soutien au président, et de créer une commission «indépendante» de surveillance des élections, qui se substituera à la « très indépendante » haute instance, dissoute.
Cette provocation de trop n’affaiblira pas la détermination du peuple à poursuivre ses revendications par des moyens pacifiques pour éradiquer le système, même si le plan proposé par le président rappelle la continuité imposée au lendemain des événements d’octobre 88.
Tout en refusant qu’Abdelaziz Bouteflika reste au pouvoir à l’issue du quatrième mandat, le peuple algérien revendique le départ de tout le système, et non le changement de personnes.
Le peuple poursuivra sa révolution pacifique jusqu’à la victoire.