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L’Algérie à l’heure des grands changements dictés par la rue

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Des slogans qui ont fusés des manifestations populaires d’Alger et de nombreuses autres contrées d’Algérie, on a retenu un très fort désir d’alternance politique qui s’exprime à travers le refus d’un mandat de plus au président en poste depuis 20 ans et un appel à une nouveau chef d’État capable de sortir le pays de la crise économique qui s’éternise et va s’exacerber dans les toutes prochaines années. Il n’est évidemment pas facile d’émettre des pronostics sur l’avenir politique du pays et, encore moins, sur le destin économique qui lui est intimement lié, au moment où les événements en cours présagent de grandes ruptures et d’importants changements au niveau des responsables appelés à diriger prochainement l’Algérie. Il est en effet peu probable qu’avec le retrait de Bouteflika et de son clan de la compétition politique, le statu quo qu’ils ont imposé au pays dix années durant, se poursuive. Des changements exigés par le peuple en colère devront impérativement être apportés, quand bien même, le choix du prochain chef de l’Etat serait biaisé par des intrigues du sérail et des pressions géopolitiques. Face au vent de contestation qui se lève et prend de l’ampleur, l’alternance accompagnée de changements devient un impératif, car elle constitue le seul moyen de sortir le pays de l’impasse. En mettant à la tête du pays un nouveau dirigeant à qui il confiera son destin pour au minimum cinq années, le peuple émet le vœux que les choses changent même s’il sait que les marges de manœuvres de son prochain leader seront considérablement réduites par le déclin des recettes d’hydrocarbures, la fonte des réserves de change et le boom démographique sans précédents que subit l’Algérie. Mais parce qu’elle dispose d’atouts considérables et multiformes, l’Algérie a toutefois de réelles chances de s’en sortir pour peu que sa nouvelle direction politique soit suffisamment forte et éclairée pour effectuer les ruptures systémiques et prendre les initiatives qui s’imposent. La volonté politique de conduire les réformes indispensables devrait en effet être constamment de mise, quand bien même, ces réformes dérangeraient certains cercles du pouvoir ou seraient franchement impopulaires.

A la veille de très probables basculements de nature politique qui pourraient résulter des pressions de la rue, il est évidemment difficile d’épiloguer sur ce qui devrait fait à brève échéance pour calmer les ardeurs des manifestants particulièrement remontés contre leurs dirigeants actuels. On se contentera, en attendant de voir plus clair, d’émettre quelques idées à propos de ce que les algériens qui défilent dans les rues attendent le plus de celui qui présidera prochainement à leurs destinées.

L’alternance présidentielle est certes la première exigence, parfois même l’unique slogan entendu dans certaines manifestations, mais elle va souvent de paire avec l’espoir que le lauréat du prochain scrutin soit l’Homme des grandes réformes économiques et sociales qui mettront fin à l’immobilisme, moderniseront notre économie, libéreront les énergies et propulseront l’Algérie au rang de pays émergent. C’est effectivement sur un terrain économique miné par la désindustrialisation, le déclin des recettes d’hydrocarbures, la bureaucratie et les passes droits en matière d’investissements privés que le prochain chef d’État algérien est principalement attendu. S’il est vrai que l’urgence est de remettre rapidement sur rails la direction politique du pays, minée comme on le sait, par une prolifération de centres de décisions engendrée par la longue et invalidante maladie du président Bouteflika, d’aucuns pensent que c’est sur la situation économique que la prochain chef d’État devra prioritairement se pencher, tant elle est inquiétante de par les dangers qu’on voit déjà venir (assèchement des réserves de change, dérive du dinar, hyperinflation, pénuries, difficultés à payer les retraites et la salaires des fonctionnaires etc.).

Le décor est du reste d’ailleurs déjà planté depuis que la chute des prix du baril a contraint nos gouvernants à restreindre les importations, à dévaluer le dinar et à mettre en veilleuses de nombreux chantiers et d’importants projets structurants. Le mécontentement a commencé à poindre sous diverses formes de contestations mais c’est dans les prochains jours qu’il risque de prendre de l’ampleur si le peuple n’entrevoit pas d’issue à tous ces problèmes qui s’amoncellent dans un contexte de fortes restrictions budgétaires. Ne pouvant pas compter sur la rente pétrolière les candidats au prochain scrutin présidentiel, s’il a évidemment lieu tant le contexte politique a tendance à se brouiller au fur et à mesure qu’on approche de la date de l’élection, les campagnes électorales basées sur de généreuses redistributions de la rente pétrolière seraient évidemment suicidaires pour ceux qui en useraient. Il leur faudrait d’autres stratégies de sortie de crise qui n’auront évidemment de chances d’être mises en œuvre que si l’élu dispose de la légitimité requise.

Eu égard aux slogans des manifestants qui ont déferlés dans toutes les villes du pays et continueront sans doute à fuser dans les prochains jours, jusqu’à satisfactions des doléances citoyennes, les candidats au prochain scrutin présidentiel devront impérativement donner une place de choix aux programmes économiques qu’ils proposeront. Le chemin à parcourir pour arrimer l’économie algérienne à l’économie mondiale sera en effet long et fastidieux, tant les réformes ont accusé du retard lorsqu’elles n’ont pas pris un chemin contraire à ce qui était souhaité. Le futur président doit se préparer à pratiquement tout faire et, dans bien des cas, refaire des réformes aujourd’hui dépassées ou allant à contre courant de la modernisation envisagée. La présidence de la république et le gouvernement qui sera constitué devront être organisés de manière à agir efficacement sur tous les fronts pour redresser une économie sclérosée par dix années de statu quo et de gestion par délégation. Immense défit !!

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