Retour sur Terre pour Facebook. Alors que l’action résistait contre vents et marées aux scandales – avec une hausse de 43 % depuis l’affaire Cambridge Analytica – elle a chuté de 19 %, jeudi. En une journée, 119 milliards de dollars de capitalisation se sont envolés après des résultats trimestriels jugés décevants, du jamais vu à Wall Street. C’est plus que la valorisation de la plupart des sociétés françaises du CAC 40. Simple correction ou problème de fond, les analystes sont partagés.
Cela devait finir par arriver : le nombre de membres de Facebook continue de croître, mais au ralenti. Avec 2,23 milliards d’utilisateurs mensuels (et 1,47 milliard quotidiens), il s’agit, certes d’une hausse de 11 % sur un an. Mais aux Etats-Unis et en Europe, les marchés les plus lucratifs pour la publicité, Facebook fait du sur-place. En Europe, l’entreprise a même perdu trois millions d’utilisateurs par rapport au trimestre précédent, une baisse attribuée à l’entrée en vigueur du règlement sur les données (RPGD).
En hausse de 42 %, à 13,2 milliards de dollars, le chiffre d’affaires ferait rêver n’importe quelle entreprise. S’il était très légèrement inférieur aux attentes de Wall Street, ce sont surtout les prévisions du directeur financier de Facebook sur la marge opérationnelle qui ont refroidi tout le monde. Elle a déjà baissé de 47 à 44 % par rapport à 2017, et « au cours des prochaines années, nous tablons sur un chiffre autour des 35 % », a précisé David Wehner lors de la conférence téléphonique avec les investisseurs.
En clair, Facebook prévoit de dépenser davantage. L’entreprise doit notamment doubler (de 10.000 à 20.000) ses effectifs en charge de la sécurité et la modération, afin de mieux lutter contre les fuites de données personnelles, les Fake News, les discours de haine et le harcèlement. Critiquée sur l’impact négatif des réseaux sociaux, Mark Zuckerberg a régalement réajusté la stratégie de l’entreprise, qui met davantage en avants les publications personnelles (posts et stories) que celles des entreprises et des marques. Il avait prévenu que cela allait sans doute affecter le chiffre d’affaires.
Richard Greenfield, analyste chez BTIG, garde confiance en Facebook malgré ces prévisions pessimistes : « Le téléphone portable conquiert le monde et Facebook est au centre pour tirer profit de ce changement. » Il est bon de rappeler que Facebook est la seule entreprise au monde qui compte quatre services avec plus d’un milliard d’utilisateurs mensuels (Facebook, WhatsApp, Messenger et Instagram). C’est peut-être le début de la fin de la croissance stratosphérique mais Facebook est là pour rester.
Afp