L’Algérie semble ignorer les préconisations du Fond Monétaire International (FMI) sur l’arrêt financement du déficit budgétaire par le moyen de la planche à billets, en faisant tourner cette dernière à plein régime.
En effet, dans le numéro du journal officiel n°32, la Banque d’Algérie a publié le montant d’argent émis dans cadre du financement non conventionnel, enclenché depuis novembre 2017.
Selon les chiffres de la BA, jusqu’au 31 mars 2018, 3585 milliards DA représentant environ 30.5 milliards de dollars ont été créés par la banque centrale, montrant que la planches à billets tourne à un rythme élevé et que ce montant peut-être considéré comme démesuré. Selon la Banque d’Algérie, ces Dinars ont été créés sous forme de titres émis ou garantis par l’État algérien conformément à l’article 45 bis de l’ordonnance n°03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit complétée par la loi n°17-10 du 11 octobre 2017.
«La Banque d’Algérie procède à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l’achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci à l’effet de participer à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne, ainsi qu’au financement du Fonds national d’investissement», stipulait l’article.
Pour rappel, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait précisé en octobre 2017 que, les besoins du Trésor public en matière de financement sont estimés à 570 milliards DA pour terminer l’année 2017, et 1815 milliards pour l’année 2018 et 580 milliards en 2019. 2185 milliards de dinars avaient été créés au 30 novembre 2017.
Dans son dernier rapport sur la situation économique de l’Algérie, publié le 13 juin dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé au Gouvernement algérien, en remplacement du financement non conventionnel, de mettre en place des politiques économiques alternatives pour sortir le pays de la crise et de sa dépendance chronique aux hydrocarbures.
Cette recommandation du FMI est intervenue, faut-il le rappeler, après avoir publié les résultats complets après sa visite en Algérie pour la consultation 2018 au titre de l’article IV. Le FMI d’après ses conclusions et prévisions de l’institution monétaire n’augure nullement un avenir reluisant pour l’économie algérienne.
Cependant, les autorités, même si, elles reconnaissent que cette stratégie de financement comporte des risques, peut être limitée et les risques associés gérés. L’exécutif pense que cette stratégie de financement est moins risquée que le recours à l’endettement extérieur.
Dans ce sens, le Ministre des finances, est allé même à rappeler, en réponse aux recommandations du FMI, en déclarant récemment que «le choix de l’Algérie de recourir, depuis la fin 2017, au financement non conventionnel pour couvrir une partie des dépenses publiques, était souverain». Raouya a refusé «tout recours à l’endettement extérieur par l’Algérie en défendant le choix de recourir au financement direct du trésor auprès de la Banque d’Algérie».
«Bien sûre, ils (Le Fmi, ndlr) veulent que l’Algérie aille vers l’emprunt extérieur, mais nous sommes souverains dans notre pays et, en toute objectivité, nous espérons que ça (les résultats du financement non conventionnel) sera comme nous l’avons souhaité», a-t-il déclaré.