Les cours du pétrole sont repartis à la baisse dès la publication des stocks américains. Des stocks largement excédentaires alimentés en grande partie par l’extraction à grande échelle d’hydrocarbures non conventionnels et une économie mondiale en berne qui consomme trop peu d’énergie par rapport aux quantités disponibles. Cette disproportion entre l’offre et la demande clairement mise en évidence par les statistiques américaines a quasi immédiatement reléguée au second plan les déterminants conjoncturels (restriction des quotas de production des pays de l’Opep, instabilité politique au Moyen orient et au Venezuela) qui avaient momentanément fait remonter les cours du pétrole, pour revenir à la logique implacable du marché. C’est ainsi qu’en l’espace de dix jours à compter de la publication des chiffres américains, le prix du brent à perdu pas moins de 6 dollars et le déclin ne serait pas près de prendre fin de si tôt, selon les comptes rendus des places boursières.
Le baril de Brent de la mer du Nord qui avait allégrement dépassé 80 dollars le 25 mai dernier ne valait en effet guère que 74,03 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres ce mardi 5 juin 2018. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) s’est également effondré dans la même proportion, passant en quelques jours de 70,30 à 64,62 dollars. Les prix baisseront sans doute encore plus dans les jours et semaines à venir en raison d’un risque bien réel de voir les pays de l’Opep qui se réuniront très prochainement, abandonner leurs engagements en matière de réduction d’offre, mais aussi et surtout, et constater, chiffres à l’appui, que la ruée vers les hydrocarbures non conventionnels est en train de pulvériser tous les records de production et de commercialisation, notamment depuis que les producteurs américains ont été autorisés par le Congrès à exporter du pétrole et du gaz.
La relative stabilité géopolitique constatée ces dernières semaines, a de surcroît permis au marché des hydrocarbures de retrouver une certaine sérénité qui permet de fixer les prix non pas au gré des conjonctures souvent versatiles, mais en fonction de l’état réel de l’offre et de la demande.
Quand on se trouve dans cette logique, un constat objectif sur la disponibilité de l’or noir indique en effet que le pétrole a continué à couler à flots ces dernières semaines en dépit des restrictions de l’Opep et de la Russie. Pire encore, constatent certains experts, la production à venir serait même de nature à générer une crise de sur production qui poussera encore davantage les prix vers le bas. La crise serait dans ce cas plus grave que celle des années 2014-2017 que la plupart des pays pétroliers n’ont pas encore fini de digérer.