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Les entrepreneurs algériens a la merci des gouvernants : la liberté d’entreprendre tarde a voir le jour

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Créatrice de richesses et d’emplois, l’entreprise algérienne a peu de chances de prendre racines et se développer dans une société où les gouvernants ne valorisent pas les entrepreneurs et développent à leur égard une méfiance quasi permanente. Cette perception négative de l’entrepreneur se retrouve malheureusement aux plus hauts niveaux de la gouvernance qui légifèrent en permanence pour maintenir les chefs d’entreprises  en situation de fragilité permanente. Cette mentalité prédatrice a malheureusement déteint sur une majorité écrasante d’algériens qui l’entreprise et, à plus forte raison, quand elle est privée n’existe que pour faire de l’argent sur le dos des citoyens. A leurs yeux, les patrons ne seraient pas des créateurs de richesses mais des délinquants potentiels dont il faut surveiller en permanence les agissements.

Cette perception ambiante en totale contradiction avec la législation en vigueur (article 37 de la constitution qui reconnait la liberté d’entreprendre, la loi sur l’investissement, le code commerce etc.) qui accorde de nombreux droits aux entrepreneurs, se retrouve chez bon nombre de nos dirigeants qui s’entêtent à maintenir les chefs d’entreprises en état de vassalité permanente. Cette état d’esprit peut prendre, comme cela est souvent le cas, la forme d’un refus de leur accorder le statut valorisant de créateurs de richesses qui les cantonne dans un espace de seconde zone très distant des sphères de décisions politiques. Exception faite des entreprises dont les patrons ont les faveurs du pouvoir, tous les entrepreneurs algériens exercent de ce fait avec la peur constamment présente d’être torpillé par une autorité politique ou administrative qui lui tiendrait, pour une raison ou une autre, rigueur.

Une rétrospective des événements subis par les entrepreneurs privés depuis l’indépendance du pays apporte la preuve que ces derniers n’ont jamais fait bon ménage, aussi bien, avec les gouvernants, qu’avec les citoyens influencés par un discours politique franchement hostile à la libre entreprise. Par des coups d’éclat, le pouvoir politique rappelle périodiquement aux patrons qui estimeraient ne pas être concernés par cette logique hégémonique, qu’il peut frapper fort. Le cas des blocages subis par le groupe Cévital au port de Béjaia et auparavant à d’autres  niveaux et ceux dont souffrent de nombreux entrepreneurs injustement sanctionnés par le Conseil National de l’Investissement qui rejette leurs projets parce qu’ils n’ont les faveurs du pouvoir ou les services des Impôts qui ordonnent de troublants redressements fiscaux à l’égard de certains patrons indociles, l’indiquent on ne peut plus clairement. Et c’est  précisément pour échapper à cette tentation hégémonique du pouvoir, que les entrepreneurs algériens sont, aujourd’hui encore, de plus en plus nombreux à considérer que seuls les financements aux moyens de leurs fonds propres (généralement d’origine familiale) peuvent offrir la possibilité d’échapper aux prédations politicoadministratives. Les plus riches d’entre eux pensent à contrario échapper à l’autoritarisme  en s’appuyant sur des réseaux de personnalités influentes et  l’allégeance aux décideurs du moment. Ni l’une, ni l’autre de ces solutions n’étant la panacée, les entrepreneurs algériens sont contraints de vivre dans un état d’incertitude permanent qui fragilise leur existence et refroidit leur ardeur à s’insérer dans un mode de gestion rationnel qui requiert, comme chacun le sait, un management à la mesure des challenges et de couteux  investissements, que seuls des patrons confiants en l’avenir pourraient pendre le risque d’engager.

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