Accorder la priorité en matière de financement au secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) qui par ses effets d’entraînement tire l’ensemble la machine économique est, à l’évidence, une décision gouvernementale dont il faut saluer la pertinence. Même dans les pires moments de crises les économistes recommandent en effet de mettre à l’abri du besoin financier ce « plus gros client de l’économie » qui a besoin d’au minimum 1500 produits (ciment, fers à béton, graviers, bois, bitumes, articles de revêtement, articles de plomberie et d’électricité etc.) et services (bureaux d’études, sociétés d’entretien etc.) pour fonctionner.
Des produits et services que les usines et les prestataires algériens devront impérativement fournir en quantité et en qualité, à défaut de devoir les importer. Tout le secret de la relance de la production industrielle locale au moyen de la construction réside dans la capacité du gouvernement algérien à trouver les bonnes formules pour privilégier la production nationale, sans devoir sacrifier la qualité et la disponibilité immédiate des matériaux requis.
Avec autant d’argent mis à sa disposition, l’offre publique de BTP ne souffrira d’aucune restriction, bien au contraire, le marché de la construction pourra repartir de plus belle avec toutes les retombées positives que l’on est en droit d’attendre en termes d’emplois, de relance industrielle et de production d’équipements collectifs.
Les entreprises qui détiennent des créances sur l’Etat et les collectivités territoriales (un peu plus de 400 milliards de dinars) n’auront également rien à craindre, l’argent nécessaire pour les recouvrer étant en principe disponible dès la publication dans le courant du mois de janvier 2018 de cette loi au journal officiel.
Les chantiers bloqués dans l’attente d’une réévaluation pourront également redémarrer très vite, les enveloppes financières prévues à cet effet (178 milliards de dinars) pouvant être accordées dès leur traduction en crédits de paiements ouverts aux noms du ministère de Travaux Public ou des walis. Un budget aussi conséquent est de nature à redonner un second souffle à ce secteur névralgique dont on craignait qu’il soit sacrifié sur l’autel d’une politique d’austérité longtemps évoquée par le premier ministre Ahmed Ouyahia qui s’est dépêché de mettre en veilleuse bon nombre de grands projets de travaux publics, avant de se raviser subitement, sans doute sur ordre du Chef de l’Etat.
Le secteur de la construction connaîtra de ce fait un second souffle et le budget de 381 milliards de dinars dégagé à cet effet par la loi de finance pour l’année 2018 (en 2017 il n’était que de 63 milliards) lui en donne largement les moyens. Les entreprises de construction existantes pourront remplir à nouveau leurs carnets de commandes, d’autres pourront naître à la faveur de ce regain d’activité et les usines de matériaux de construction quasi certaines de trouver des débouchés à leurs produits. Les recrutements devraient rapidement reprendre sous l’effet de l’ouverture de nouveaux chantiers en mesure d’offrir des dizaines de milliers d’emplois à court terme.
Outre les chantiers classiques d’entretien et de réalisation de routes (environ 500 km à traiter) auxquels seront alloués pas moins de 65 milliards de dinars, on assistera dès le début de l’année 2018 au démarrage des travaux de grands équipements structurants à l’instar du port d’El Hamadia (Cherchell) auquel la loi de finance 2018 alloue un budget de 210 milliards de dinars (150 millions d’euros) pour financer la première tranche de cette immense infrastructure de 460 hectares comprenant notamment 24 postes de quais et une immense zone logistique dotées d’équipements opérationnels ultra modernes.
Le budget d’équipement pour l’année 2018 sera tout aussi généreux pour les grandes infrastructures routières, comme la rocade des hauts plateaux, l’élargissement de la route transsaharienne et la réalisation de nombreuses pénétrantes de désenclavement au profit des zones d’habitat isolées du sud. Pas moins de 28 milliards de dinars leur seront consacrées.
De source proche du ministère des travaux publics nous apprenons également que les algérois n’ont pas à craindre un éventuel abandon du projet de régulation de la circulation automobile dans la capitale sur le quel ils ont fondé l’espoir d’en finir avec les embrouillages quasi permanents qui affectent leur bien être.
Les études confiées à un bureau d’études espagnol viennent de s’achever et le budget d’environ 7 milliards dégagé par la loi de finance permettra de financer largement sa réalisation, nous apprend un haut responsable du ministère des Travaux Publics.
Les algérois pourront mesurer les bien faits de la nouvelle organisation de la circulation et du transport automobiles dans la capitale et sa périphérie dès la fin de l’année 2018 a-t-il tenu à préciser, comme pour nous rassurer.