Après trois mois seulement de gouvernance, Abdellmadjid Tebboune est limogé et remplacé, le jour de sa reprise du congé, par Ahmed Ouyahia, ce mardi 15 août.
Les hypothèses et les analyses n’ont pas manqué depuis hier, de mentionner, que Tebboune qui semblait jouir de toutes les garanties et soutien à son arrivée, avait réellement péché par le manque de communication avec la sphère présidentielle, mais surtout, par son acharnement et sa détermination à séparer l’argent du pouvoir.
Ceci étant, la nomination d’Ouyahia au poste de premier ministre, en urgence est considérée par certains observateurs, comme une solution d’appoint, apportée à une situation de crise. Ils déduisent, que les croisades lancées par Tebboune, avaient déjà soulevé l’ire des hommes d’affaires, notamment lorsque ce dernier commençait à jouir d’un soutien populaire. De ce fait, il aisé de conclure, que pour la plupart des réactions, Ouyahia est l’homme de la situation, celui qui réussira à apporter un équilibre du système, et éviter une crise politique qui aurait replongé le pays dans l’insécurité et le chaos.
C’est précisément à travers ces réactions, que la réponse de ce choix se trouve. Ce n’est une surprise pour personne, Ahmed Ouyahia a assuré plusieurs fois cette mission auparavant. Son parcours, est tout simplement inégalable, et fait de lui l’homme politique le plus compétent du pays.
Toutefois la vraie question serait de savoir, si Ouyahia est l’homme de la situation, est ce que la situation est l’affaire d’un seul homme ? Et de quelle crise parle-nous réellement ? car si séparer l’argent du pouvoir impliquerait une crise interne, que certains ont déjà alloué la victoire aux oligarques à travers cette nomination « salvatrice », cela ne peut vouloir dire que, non seulement l’oligarchie triomphe, et continuera de le faire, mais il n’en demeure pas moins que la crise dans souffre le pays depuis trois ans demeure sans solutions.
Vu sous cet angle, il va sans dire, qu’entre deux maux il faut choisir le moindre. Autrement dit, devant une situation présentée comme menaçante, il est clair que l’heure n’est pas à la facture, et par conséquent, lancer la chasse aux sorcières et redresser la situation économique du pays, sont visiblement deux dossiers incompatibles, du moins pour l’instant.
Dans ce sens, si Ouyahia est l’homme politique le plus indiqué pour désamorcer la situation de crise engendrée par Tebboune, dont les actions ont fait l’objet de remontrances de la part du président de la république. Saura –t-il apporter les vraies solutions et mesures qui mettront le pays sur le chemin de la relance économique ? Pourra –t-il remettre en place les leviers économiques gelés ou différés de l’actuel ministre de l’industrie ? à l’image du secteur automobile, minier, agricole, pour ne citer que ceux-là. Comment va –t il opérées les réformes profondes, dans le domaine bancaire, fiscal, douanier, alors que jusque là nous n’avions eu droit qu’à des annonces ?comment va -t -il lutter contre la corruption, la bureaucratie, et la fuite des capitaux ?
Ou sommes nous juste spectateurs d’une manœuvre politique, visant à maintenir le peuple sous hypnose jusqu’à la prochaine élection présidentielle, en 2019 ? Les mois qui vont suivre nous le diront.