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Les nouveaux députés parviendront-ils à apaiser les relations du parlement avec la presse ?

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A la veille de l’installation officielle du Parlement issu des dernières législatives les journalistes s’interrogent déjà sur le comportement qu’adopteront à leur encontre les nouveaux élus.
 
Y aura t-il ce rapprochement qui avait toujours fait défaut au point de nuire à la crédibilité des informations relatives à des projets de lois engageants dans certains cas l’avenir du pays et, parfois même, l’intérêt supérieur de la Nation (Loi sur les hydrocarbures par exemple)? Les journalistes de la presse privée que nous avons interrogés le souhaitent en tout cas vivement et le seul député (RCD) avec qui nous en avons discuté à promis qu’il sera à la disposition des journalistes chaque qu’ils le solliciteront, tout en conseillant à ses collègues d’en faire autant, ne serait-ce, que pour faire oublier à l’opinion publique l’amère réalité du scrutin d’où ils sont issus (très forte abstention, fraude etc.).
 
Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est à craindre qu’en dépit de la bonne volonté que pourraient afficher les uns et les autres, les relations entre les médias et les deux chambres du parlement, les relations se résument en réalité à peu de choses. Des relations qui, à l’évidence, ne pouvaient être que le reflet de celles basées sur la méfiance et l’hostilité qu’ont toujours entretenue à l’égards des journalistes indociles, aussi bien, l’exécutif, que le parlement.
 
De nombreux cas d’agressions physiques commises par des députés contre des journalistes ont, à maintes reprises été rapportés par la presse écrite. Une méfiance, frôlant la paranoïa, qui prive les algériens de précieuses informations que la presse aurait pu relayer, si elle avait été mise à contribution.
 
Le culte du secret qui caractérise le pouvoir exécutif semble en effet avoir irrémédiablement contaminés députés et sénateurs au point d’oublier qu’ils ont été élus pour servir leurs électeurs et qu’ils disposent des moyens de protection requis pour le faire (immunité parlementaire, droit d’amendement d’articles de lois, possibilité de s’adresser directement aux ministres concernés etc.). De toute évidence, cette survivance du parti unique qui avait régenté des années durant la vie publique algérienne, continue de polluer le débat public en tenant à distance les médias privés qui ne se  sont pas soumis aux mœurs du sérail.
 
Seuls les journalistes de la presse étatique considérés comme des employés aux ordres ont, à certaines conditions, droit au chapitre pour relayer des informations que les hiérarques du parlement ont bien voulu laisser filtrer, généralement, au moyen de communiqués de presse privilégiant généralement l’agence gouvernementale (APS). C’est par ce moyen que les algériens prennent généralement connaissance des projets de lois déposés à l’Assemblée Nationale, sans toutefois connaitre les dates précises auxquelles il en sera débattu. Les contacts aux moyens de conférences de presse, briefings et autres rencontres publiques seront autant que possible évités, de crainte d’éventuelles retombées négatives sur les parlementaires jugés « trop bavards ».
 
Les quelques députés du FFS et du RCD qui rejoindront prochainement l’hémicycle, sauront-ils changer ces habitudes en convoquant des conférences destinées à porter à la connaissance de l’opinion publique des problèmes, notamment économiques, dont la sensibilité requiert un large débat que refuse d’organiser la majorité parlementaire toute acquise au pouvoir exécutif.
 
Les couvertures médiatiques assurées à l’occasion des débats relatifs aux lois de finances et les vagues réponses apportées par les ministres aux questions des députés et sénateurs, ne sauraient en effet constituer à elles seules une communication à la hauteur des enjeux politiques et économiques qui souvent se trament entre le gouvernement et les deux chambres du parlement.
 
Les questions qui parviennent à la population par ce biais sont rarement des questions de fond, ces dernières n’ayant plus cours depuis que les partis que les partis politiques les mieux représentés au parlement (FLN et RND) ont constitué une alliance présidentielle entérinant de fait toutes  les décisions du président de la république et de son gouvernement. La même majorité s’étant dégagée de la dernière élection législative,  il faut s’attendre au même verrouillage de l’information et au même traitement habituellement infligé aux journalistes de la presse privée.
 
Sauf retournement spectaculaire de conjoncture, tout porte à croire qu’il n’y aura pas, cette fois encore, de place pour les débats contradictoires autour de grands problèmes politiques et économiques. Quelques réactions de façade portant généralement sur des différends anodins (augmentations des prix des carburants par exemple) pourraient, comme par le passé, être médiatisés, pour donner l’illusion d’une saine démocratie parlementaire, mais cette pratique ne fait plus recette auprès des algériens. L’ambiance au sein des hémicycles de l’APN et du Sénat continuera de ce fait à incarner l’unanimité autour du président de la république que les députés s’ingénieront à encenser à la moindre occasion.
 
Le recours quasi systématique à l’Ordonnance présidentielle pour tous les projets de lois sensibles rendra encore plus morose, l’ambiance qui régnait déjà au sein des hémicycles des deux chambres organisées pour défendre, contre vents et marées, les projets de lois émanent de l’exécutif. Peu d’informations dignes d’intérêt en filtreront et c’est, sans doute, pour cette raison que les journalistes préfèrent, quand ils le peuvent, les chercher en dehors de ces deux honorables institutions.
 
Il n’y a par conséquent pas d’illusion à se faire quant à un éventuel changement dans les rapports qu’entretiennent traditionnellement la presse et le parlement, qui ne pourront pour toutes les raisons évoquées plus haut apaiser leurs différends pour ne se préoccuper que de l’intérêt général.
 
Il faudrait pour ce faire que les élus soient issus de joutes électorales irréprochables, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Ce n’est qu’à cette condition que la presse et le parlement pourraient entretenir des relations apaisées, pouvant ouvrir la voie à un fructueux partenariat. La presse aurait alors un rôle fondamental à jouer en tant que relais des idées qui agitent la société, en général, et le parlement, particulier.
 
Instaurer de saines relations de coopération entre les médias et les élus requiert une forte volonté politique, des hommes d’exception et, certainement, beaucoup de temps. Comme aucune de ces conditions n’est pour l’instant réunie, les deux parties devront se résoudre, pour longtemps encore, à faire avec ce qui est!
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